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Détection du poisson

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Le mariage de l'électronique et de l'intuition

Le travail des pêcheurs est facilité par le développement des moyens électroniques de détection. Si les progrès techniques sont constants, ces moyens, aujourd'hui nécessaires, ne suffisent pas à trouver le poisson. La détection reste toujours un domaine qui combine l'électronique et le savoir-faire des pêcheurs.

L'aide électronique à la capture est apportée par deux appareils, le sonar et le sondeur. Des émetteurs-récepteurs (aussi appelés transducteurs ou encore "sabots") placés sous les coques envoient des ultrasons et captent les échos de retour, qui sont ensuite traduits en signaux sur papier ou en images vidéo.

Le sonar balaye la hauteur d’eau en avant du bateau, son cône de recherche pouvant être orienté dans toutes les directions horizontales et incliné verticalement. Il peut détecter un banc de poissons jusqu'à 1.000 mètres de profondeur. Le sondeur opère verticalement, ses signaux sont dirigés vers le fond suivant un cône de 10°.

Les pêcheurs utilisent aussi un sondeur de filet, qui peut envoyer son signal vers le haut ou vers le bas de la poche. Il donne des informations sur la position par rapport au fond et à la surface, l'ouverture du chalut et même la quantité de poisson capturée.

La détection au sonar

"En chalutage pélagique, la détection s'effectue au sonar ; l’image obtenue, une tache de poisson, peut être affinée par le sondeur", explique René Le Quellec. "Il est alors possible de calculer la hauteur à laquelle il faudra déployer le chalut. Si la tache est perdue, il faut tenter de la retrouver à l’aide du sonar". Pendant le travail, les pêcheurs consultent les informations émises par le sondeur de filet, pour ajuster sa position.

En chalutage de fond, le sonar est peu utilisé. Le sondeur joue un rôle d’appoint et n’est pas suffisant pour donner le signal de la mise en pêche. Ici, l'acoustique se combine à un autre engin, le traceur de route. C'est un ordinateur relié à un système de positionnement (Decca, Loran, Toran et surtout GPS), qui a permis au patron d'enregistrer la route de ses précédents traicts de chalut. Ces informations, aussi appelées plans de pêche, sont conservées jalousement par chaque patron.

Quand il se trouve dans une zone qu'il espère ou suppose riche en poisson (par exemple un secteur accidenté), le pêcheur file son chalut ou reprend éventuellement un itinéraire qui avait précédemment donné de bons résultats. Le sondeur fonctionne alors comme une aide à la pêche, permettant d'ajuster la route en fonction des obstacles et des détections de poisson rencontrées. Il serait possible de coupler le sondeur et le traceur de route, mais, ce type de liaison est surtout pratiqué sur des navires océanographiques...

Le rouge représente le fond (tracé enzigzag en raison de la houle)
Les tâches bleues représentent des bancs de sardines qui ont été repérés
Le bancs 1 à une longueur de 46 mètres et une hauteur de 14 m
Le bancs 1 à une longueur de 18 mètres et une hauteur de 7 m
Le bancs 1 à une longueur de 45 mètres et une hauteur de 7 m

Des limites à repousser

Les images renvoyées par les appareils de détection sont complexes et leurs limites doivent être connues et intégrées. Il peut en effet se produire une confusion entre plusieurs types d'échos. Les informations ne peuvent donc être correctement interprétées que par des personnes très averties.

Les scientifiques cherchent à repousser ces limites. Spécialiste de l'acoustique à l’IFREMER - Brest, Noël Diner mène des travaux sur la classification des échos. "Actuellement, les échos nous renvoient des images globalisées des bancs de poisson, avec des paramètres seulement relatifs à leur comportement et limités en nombre. Nous avons mis au point le système Ines-Movies, qui peut reconnaître un banc sur la base de 35 paramètres". Ce travail contribue à l'évaluation des stocks et à la reconnaissance des espèces.

Une espèce, une signature

La France est aussi engagée dans un projet communautaire de reconnaissance. "Nous réalisons des échantillonnages en travaillant sur des poissons que nous avons mis en cages flottantes. Nous avons ainsi étudié le maquereau, le chinchard, le cabillaud, l'églefin et le lieu noir". L'avantage de cette méthode est que l'ensemble des paramètres est maîtrisé. Il est alors possible de donner une "signature" acoustique spécifique à chaque espèce. Ces résultats ne sont encore utilisables que par la recherche, le transfert vers les professionnels n'étant pas réalisable à court terme.

Pour en savoir plus

  • La fréquence du signal acoustique se situe en général entre 20 et 200 kHz. Sur un navire donné, le signal est à fréquence fixe. Plus celle-ci est basse, plus la portée est grande, mais, au prix d'une baisse de la résolution. Dans l'eau, le son se propage à 1.500 m par seconde.
  • La détection des poissons de grands fonds exige des fréquences faibles, situées entre 25 et 40 kHz. Les sondeurs classiques sont inopérants au-delà de 800 m de profondeur.
  • Les poissons ne sont pas détectés en tant que tels. La densité de l'écho de retour dépend des différences de densité entre l'eau et l'objet ciblé. Le fond, qui offre une différence maximale, apporte un excellent retour. La chair du poisson, d'une densité proche de celle de l'eau, est peu détectable. La forte différence de densité entre l'air et l'eau permet de détecter les vessies natatoires et même les bulles renfermées dans les ouïes.
  • Les fournisseurs de matériel acoustique sont en général Japonais, Norvégiens ou Allemands. La France est en pointe grâce à la société Micrel, à Hennebont (56), qui a mis au point Ossian, un sondeur numérique. C'est à la fois un sondeur et un ordinateur qui est capable de traiter toutes les données recueillies suivant des angles utiles aux pêcheurs et de s'intégrer à un réseau informatique de bord.
  • Le sondeur à multi-faisceaux, toujours en développement, doit dépasser les inconvénients du sondeur classique, dont le faisceau unique est large de 10 à 12°. Il envoie sur le fond 32 faisceaux de 1°, ce qui triple la largeur de détection et offre une résolution plus précise, en réduisant les confusions d'écho. L’Ifremer a développé un prototype qui fonctionne à 95 MHz.