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Catastrophe nucléaire au Japon

Digital Globe - CC-by-sa

Café de l'Espace des sciences

Accidents nucléaires au Japon : posez vos questions aux scientifiques. Vendredi 18 mars 2011 à 12h30, aux Champs Libres, avec Arnaud Guertin, physicien nucléaire, Hélène Tattevin, journaliste scientifique, membre du comité Rennes-Sendaï, et Hervé Nifenecker, physicien spécialiste des réactions nucléaires. En collaboration avec la Cantine numérique.

En collaboration avec La Cantine numérique rennaise et la Bibliothèque de Rennes Métropole

Avec :

Arnaud Guertin
Physicien nucléaire, chargé de recherche CNRS à l'IN2P3 à Nantes
Hervé Nifenecker
Physicien des particules, spécialiste de réactions nucléaires
Hélène Tattevin
Docteur en géologie, journaliste et membre du comité Rennes-Sendaï
 

Pour en savoir plus

Vos questions

« Risques nucléaires au Japon : posez vos questions aux scientifiques… »

Vos questions, posées sur le site de La Cantine numérique rennaise durant ce Midi des sciences, et les réponses de Arnaud Guertin

BOUTROS
17 mars 2011 à 17:01

question: Comment se fait-il que la quasi totalité des pays dotés de centrales nucléaires n’aient pas exigés qu’au préalable, ces centrales puissent résister à des magnitudes supérieures à ce que l’échelle de richter prévoit? La norme que tous ont retenu est 6,7, ce qui est insuffisant et qui démontre par cette catastrophe que l’argent a supplanté la volonté de protéger les populations: C’est un bien triste constat. A moins que ce soit un moyen comme un autre de  » limiter » les populations sur le globe…

Fabien
18 mars 2011 à 10:27

Premier élément de réponse, il est impossible de construire des édifices capables de résister à ce que prévoit l’échelle de Richter : cette échelle est ouverte, c’est à dire qu’elle n’a pas de limite. Le plus fort enregistré jusqu’alors est 9,5, mais potentiellement , il pourrait y en avoir de plus puissant encore. D’autre part, vous avez raison en disant que l’argent a supplanté la volonté de protéger les populations. Cependant, ce choix vient aussi de la volonté des populations elles-même qui souhaitent toujours avoir une électricité la moins chère possible, et d’un besoin en électricité qui ne cesse de croitre. Le problème est aussi qu’aujourd’hui, il n’y a pas de réelles alternatives viables économiquement, écologiquement et énergétiquement pour remplacer le nucléaire.

Arnaud Guertin
21 mars 2011 à 19:28

Depuis la création de l’échelle de Richter, cette dernière a été renommée échelle ouverte de Richter car la magnitude des séismes peut dépasser 9 (la magnitude 9 était la magnitude maximum prévue par l’échelle de Richter). Chaque pays applique une norme qui lui est propre pour les constructions de centrales nucléaires et validée par l’autorité de sureté de ce pays. La méthodologie retenue par la France pour le dimensionnement sismique de ces centrales est présentée par l’IRSN, Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire, dans le document suivant : http://www.irsn.fr/FR/Actualites_presse/Actualites/Documents/IRSN_Risque_sismique-installations.pdf

lambilliotte
17 mars 2011 à 17:19

Bonjour,
On a lu qu’en chine, la population se rue sur le sel iodé faute de pouvoir obtenir des cachés d’iode. Est-ce une bonne alternative? Pensez-vous qu’en France,il faut prendre certaines mesures de sécurité.
Je vous remercie pour vos précisions.
Bien cordialement.

Arnaud Guertin
21 mars 2011 à 19:45

Le panache radioactif relâché par les réacteurs nucléaires de Fukushima contient de nombreux éléments radioactifs comme le césium 137 ou l’iode 131.
Ces éléments sont donc transportés par le panache radioactif appelé aussi nuage radioactif et retombent progressivement au grès des vents dans l’environnement exposant la population aux rayonnements radioactifs de ces éléments chimiques.
La thyroïde est un organe qui fixe très facilement l’iode sous forme stable ou radioactive. Pour ne pas que la thyroïde des personnes exposées au passage du nuage radioactif fixe l’iode radioactif, il est recommandé de saturer la thyroïde avec de l’iode stable.
Cette recommandation n’est nécessaire qui l’effet des rayonnements de l’iode 131 peut engendrer une dose de plus de 50 millisievert au niveau de la thyroïde.
La prise d’iode radioactif doit se très peu de temps avant le passage du panache radioactif. Il est ainsi possible d’éviter le développement d’un cancer de la thyroïde.
Je n’ai pas d’information sur la capacité de la thyroïde à fixer l’iode contenu dans du sel iodé.
Donc, je ne sais pas si cela est efficace et dans le cas où cela était efficace, je ne sais pas quelle quantité de sel iodé il faudrait ingérer.
Il n’est pas nécessaire aujourd’hui en France de prendre des mesures de distribution de cachets d’iode car le panache radioactif aura parcouru 10 000 km avant d’atteindre la métropole française. Les niveaux de dose dus à l’iode seront alors très faible et ne nécessiteront pas de prendre de l’iode stable pour saturer la glande thyroïde.

Steeve
17 mars 2011 à 21:05

Bonjour,
Connaissons nous à quelle vitesse se déplace le nuage radioactif en provenance du Japon et quels seront les pays à risque ? L’impacte pour l’avenir proche ou plus lointain sur les terres « contaminé ». Admettons que j’ai un voyage d’organisé dans trois mois, devrai-je prendre des précautions ? Car j’estime que le nucléaire est puissant et donc qu’il y aura un impact sur la santé et l’environnement malgré les formules de réconfort qu’utilises les gouvernements.
Merci à vous de prendre de votre précieux temps pour nous éclairer.
Cordialement.

Arnaud Guertin
21 mars 2011 à 20:02

La vitesse du nuage radioactif est conditionnée à celle des vents présents dans l’hémisphère nord. La trajectoire du nuage radioactif depuis le vendredi 11 mars est simulée par ordinateur avec les données météorologiques et une estimation de la radioactivité au point d’émission (la centrale de Kukushima) par l’IRSN, l’Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire. Cette simulation est accessible sur le site de l’IRSN :http://www.irsn.fr/FR/Actualites_presse/Actualites/Pages/20110319_simulation_dispersion_panache_radioactif.aspx
Les premiers pays traversés sont le Canada et les Etats-Unis. Les niveaux de dose enregistrés pour le moment par ces pays ne nécessitent pas la mise en œuvre de procédures spéciales pour se protéger des rayonnements radioactifs.
L’impact sur l’environnement proche est lui important car c’est dans cet environnement proche qu’un maximum d’éléments radioactifs retombe. Il y a des effets directs du rayonnement sur la population et des effets indirects comme la contamination de l’eau, du lait, des légumes sur des dizaines de kilomètres autour du site de Fukushima. Aujourd’hui, la zone d’exclusion est de 20 kilomètres autour des réacteurs. Il n’est pas impossible que cette zone soit augmentée en fonction de la radioactivité relâchée par les réacteurs.
Un voyage dans les trois mois à venir autour du site de Fukushima n’est pas envisageable quelle que soit l’évolution de la situation. Par contre, il est possible aujourd’hui de se rendre à Tokyo au les niveaux de radioactivité reste au dessous des limites réglementaires. Mais il faudra être attentif à l’origine de la nourriture et à la qualité de l’eau.

farid
18 mars 2011 à 00:12

slt , quel sont les risque de ses explosion nucléaire,a quel vitesse se deplace le nuage

Arnaud Guertin
21 mars 2011 à 20:14

Les explosions nucléaires entraînent dans l’environnement des éléments radioactifs lorsque les barrières de confinement des réacteurs sont défectueuses. C’est le cas à Fukushima. Ces éléments radioactifs peuvent délivrer des doses aux personnes largement supérieures aux doses acceptables par le corps humain et donc engendrer des pathologies diverses en fonction de la dose reçue par la personne : érythèmes, altération de la formule sanguine, chute des cheveux, atrophies, stérilité dans le cas de forte dose (supérieures à 1000 millisievert).
Pour le déplacement du panache radioactif, merci de consulter la réponse à la question précédente.

farid
18 mars 2011 à 00:13

quels sont les pays risqués

Arnaud Guertin
21 mars 2011 à 20:25

En ce qui concerne l’utilisation de l’énergie nucléaire pour produire de l’électricité, chaque pays détenteur de centrales pense avoir mis tout en œuvre pour rendre leurs réacteurs surs.
Chaque pays nucléarisé a mis en place une autorité de sureté nucléaire chargée de contrôler l’ensemble des réacteurs de son pays.
Des différences existent entre les pays et entre les technologies de réacteurs mises en œuvre, de plus des facteurs extérieurs comme le climat et les séismes ou des facteurs humains comme le pilotage de la réaction nucléaire dans le réacteur, tous cela influe sur une possible défaillance et donc un potentiel accident grave quelque soit le pays.

grandpaul
18 mars 2011 à 05:07

interrogation de beotien
pourquoi salle de controle des réacteurs, pompes de refroidissement et tous systèmes d’urgence sont accolés aux réacteurs ce qui interdit toute intervention humaine en cas d’incident et non protégés dans un blockaus à une distance raisonnable permettant aux techniciens d’intervenir avec une radioactivité « tolérable » ?
chez moi l’extincteur n’est pas posé sur ma chaudière mais à quelques métres…
merci

Arnaud Guertin
21 mars 2011 à 20:38

La salle de commande est située à proximité du réacteur pour minimiser les longueurs des câbles électriques, des capteurs et des tuyauteries. Moins elles sont longues et moins il y a de risques de pannes sur ces dispositif. La contrepartie est effectivement en cas d’accident les niveaux de doses atteints dans la salle de commande.
Les technologies de radiocommandes ou « sans fil » telles que nous les connaissons et utilisons aujourd’hui n’étaient pas disponibles à l’époque de la construction des réacteurs de Fukushima. Il n’est pas certain que ces technologies soient largement utilisées dans les constructions futures au regard de la possibilité de piratage informatique.
La présence de personnelle sur site proche du réacteur est aussi utile dans le cas où il faudrait actionner des dispositifs manuellement et ce rapidement avant d’atteindre un fonctionnement dégradé du réacteur.

josette collic
18 mars 2011 à 08:08

les comprimés d’iode empêchent l’iode radioactif de se fixer mais présentent-ils un danger pour les femmes enceintes et leur bébé? je pense aux femmes qui se trouvent au Japon et qui courent un réel danger

Arnaud Guertin
21 mars 2011 à 20:47

La prise d’iode stable est recommandée pour les enfants et les jeunes adultes jusqu’à l’âge de 40 ans. Les médecins s’accordent pour dire que cette prise d’iode est efficace pour saturer la thyroïde et s’affranchir des risques de cancer de la thyroïde induit par la radioactivité de l’iode 131. Cette recommandation a été faite au regard du bénéfice pour la santé en le confrontant aux effets secondaires.
Cette prise d’iode doit s’effectuer juste avant le passage du nuage radioactif et lorsque la dose que la dose qui peut être reçue à la thyroïde peut dépasser 50 millisievert.

Christian
18 mars 2011 à 08:25

Dans le pire du pire (les 6 réacteurs explosent), quels sont les risques pour le japon? Quelle zone (diamètre) serait définitivement interdite? La quantité de particules nocives émisses seraient t’elles suffisantes pour affectées une bonne partie de la planète? (Si oui, cela signifie qu’une seule centrale peut affecter l’humanité entière?) Et, à plus long terme, sait t’on si les solutions proposées pour neutraliser la radioactivité (vitrification, enfouissement) sont efficaces? ou est-ce encore des solutions purement théoriques, car au final personne n’en sait rien?

Arnaud Guertin
21 mars 2011 à 21:16

Dans le cadre de ce scénario, une zone d’exclusion de 100 kilomètres de rayon autour du site nucléaire de Fukushima est envisageable. Cette zone d’exclusion pourrait être ensuite réduite en fonction des mesures qui seraient réalisées régulièrement sur la zone d’exclusion pour connaître l’évolution de la situation.
Les quantités d’éléments radioactifs relâchées dans l’atmosphère seraient considérables. Le Japon serait exposé sur une grande partie de son territoire. En fonction des vents, d’autres pays pourraient être sévèrement touchés comme la Corée, la Chine, la Russie …
La France se situe à 10 000 kilomètres du Japon, le nuage radioactif devra donc parcourir cette distance avant de survoler la métropole. Le nuage se sera donc très largement dilué.
Son passage sera perceptible sur le réseau français de mesure de la radioactivité dans l’air, appelé TéléRay, mais les niveaux de dose seraient trop bas pour nécessiter la mise en place de dispositions particulière pour se protéger des rayonnements radioactifs.
Des solutions complémentaires pour la gestion des déchets radioactifs de haute activité radioactive et à période longue sont à l’étude en France dans un cadre législatif depuis 1991. On peut citer la transmutation, le conditionnement et l’entreposage en surface ainsi que le stockage en formation géologique profonde. Des bilans sur les recherches effectuées ont lieu régulièrement et permettent de définir les priorités des actions de recherches futures.
Aujourd’hui les déchets nucléaires de haute activité sont vitrifier et entreposer en surface au centre de retraitement des combustibles usés de la Hague. La vitrification des déchets, qui sont ensuite conditionnés dans un fut en inox et probablement stockés en formation géologique profonde, doit permettre de contenir les éléments radioactifs sur une échelle de temps de l’ordre de 20 000 ans. Ainsi la radioactivité des éléments radioactifs contenus dans le fut aura retrouvé un niveau acceptable pour les générations futures, c’est-à-dire comparable à celui de l’uranium qu’il a fallu extraire d’une mine pour fabriquer le combustible nucléaire.
La transmutation des déchets de haute activité permettrait si la solution technologique est jugée viable de réduire l’échelle de temps nécessaire pour revenir à un niveau de radioactivité acceptable : environ 300 ans.

collette CORFMAT
18 mars 2011 à 09:45

3 questions :
-D’où vient le dihydrogène qui se dégage. Il n’est pas un produit de la fission, donc vient de l’eau ? par quelle réaction chimique ?
- que provoquent la fusion des barres de combustion ?
-Le MOX est du combustible recuclé. Que contient-il ?Du plutonium ? en quoi est-ce un danger supplémentaire ?

Arnaud Guertin
21 mars 2011 à 21:37

Les tubes qui contiennent le combustible nucléaire sont en Zircaloy, un alliage de zirconium, qui s’oxyde en dégageant de l’hydrogène dans une atmosphère de vapeur d’eau à haute température. Ces conditions sont réunies dans le cas d’un réacteur dont le refroidissement n’est pas ou pas suffisamment assuré. La réaction chimique peut s’écrire Zr + 2 H20 donne Zr02 + 2 H2. La chaleur produite par cette réaction d’oxydation contribue à l’échauffement du combustible. Si cette température s’élève au-delà de 1850 degrés Celsius, la gaine fond et se mélange avec le combustible, lui aussi sous forme liquide a cette température. Ce mélange appelé corium fait fondre la cuve du réacteur et peut aussi complètement traverser la plancher béton du réacteur. La radioactivité du combustible nucléaire est alors en contact direct avec l’environnement. Le MOX, mélange d’oxyde d’uranium et de plutonium, est un combustible nucléaire qui contient de l’uranium comme un combustible « classique » et aussi du plutonium. Le plutonium est un qui dégage encore plus d’énergie que l’uranium. La fabrication et la manipulation du combustible MOX lors du retraitement est plus délicat. Les éléments radioactifs produits sont sensiblement les mêmes et leur effet en cas de relâchement est comparable à celui du combustible « classique » à base d’uranium seulement.

vottenom
18 mars 2011 à 10:17

On va tous mourrir?

Arnaud Guertin
21 mars 2011 à 21:42

On va tous mourir oui mais pas à cause de cet accident nucléaire grave qui va toucher principalement la population nippone et en particulier les employés de TEPCO qui ont lutté et luttent encore pour que la situation ne s’aggrave pas.

xavier
18 mars 2011 à 10:34

dans les annees 40 la fusion de l’atome
dans les annees 40 l’extraction du pétrole
dans les annees 70 l’extraction du soleil et vent
ou cherche la science face aux menaces sur l’atome, le pétrole, le soleil et le vent? et l’augmentation du besoin

Arnaud Guertin
21 mars 2011 à 21:56

La recherche scientifique française publique et privée travaillent sur toutes les sources d’énergies fossiles et renouvelables possibles.
Le production d’énergie nucléaire s’accompagne de la création de déchets nucléaires très radioactifs et de la possibilité d’accident grave dont l’impact peut être considérable pour les populations à proximité (plusieurs dizaines de kilomètres de rayons).
La production d’énergie à partir de ressource fossile ne pourra se faire de façon illimitée dans le temps (problème de ressource) et s’accompagne d’un dégagement de gaz à effet de serre qui influent sur le dérèglement climatique.
La production d’énergie à, partir de ressources renouvelables comme le vent, le soleil a du mal à satisfaire la demande d’énergie nécessaire pour l’industrie à cause de l’irrégularité de la production.
Il n’y a pas de solution miracle et le besoin d’énergie croissant de nos civilisations ne sera comblé qu’en utilisant l’ensemble des moyens de production à notre disposition.

fourtier
18 mars 2011 à 10:37

Bonjour, lorsque le nuage aura atteint la France, que risqu’on nous?
Les taux de radiation seront ils elevés en France?!
Que risquent les personnes qui vivent au Japon? Risquent elles d’avoir des cancers ?
Cet accident est-il comparable à Tchernobyl ?
le seisme avait été détécté a l’avance, pourquoi les autorités n’ont ils pas demandé l’arret des réacteurs avant le tsunami?
Merci de nous répondre et de prendre un peu dfe votre temps!

Arnaud Guertin
21 mars 2011 à 22:14

Pour les premières réponses concernant vos questions, merci de consulter la réponse à la question de Steeve et de Lambilliotte.
Cet accident est aujourd’hui moins grave que celui de Tchernobyl et les employés de TEPCO travaillent chaque jour pour que la situation de s’aggrave pas au péril de leur vie.
La radioactivité dans le cas de Fukushima n’a pas été relâchée dans les couches hautes de l’atmosphère et donc mettra moins de temps à retomber. Dans le cas de Tchernobyl, une très grande partie de la radioactivité du réacteur a été relâché dans l’environnement lors de l’explosion et de l’incendie du réacteur qui a duré 16 jours. Ce n’est pas le cas pour le moment à Fukushima.
L’ASN, l’Autorité de Sureté Nucléaire, a classé l’accident de Tchernobyl au niveau 7 de l’échelle INES, International Nuclear Event Scale – Echelle internationale des événements nucléaires, qui est son niveau maximum. L’accident de Fukushima est aujourd’hui classé au niveau 6.
Les séismes ne sont pas détectables à l’avance. Au moment du séisme, les réacteurs en fonctionnement sur le site de Fukushima ont été mis à l’arrêt comme la procédure de sureté le spécifie. C’est le tsunami qui a provoqué la panne de la plupart des systèmes de refroidissement des réacteurs. Le mouvement et la vitesse des tsunamis sont eux prévisibles en fonction du positionnement de l’épicentre du séisme et de sa profondeur.

Hugo 18 mars 2011 à 11:15

Je suis de la première génération en France qui n’a pas vécu de guerre depuis sa naissance.
Comment peut-on parier que nous maintiendrons autour du nucléaire un état de stabilité et de prospérité capable de maintenir des équipements avec lesquels des accidents ou un défaut de maintenance autour des déchets entrainent des radiations pour des siècles ?

Arnaud Guertin
21 mars 2011 à 22:22

C’est le choix qui a été fait par de nombreux pays dans le monde comme la France. Pour essayer d’éviter un accident grave, ces pays ont mis en place des procédures de construction, de pilotage, de contrôle des réacteurs qu’ils pensent être à la hauteur des risques encourus. Les accidents de Tchernobyl et de Fukushima nous ont montré que l’on ne peut pas être sur à 100% de la fiabilité du fonctionnement d’un réacteur nucléaire.

Xander
18 mars 2011 à 11:59

Dans le futur, pensez vous que l’énergie nucléaire ne posera plus de problèmes grâce aux nouvelles technologies ?

Arnaud Guertin
21 mars 2011 à 22:26

Je ne pense pas avoir une vision des évolutions technologiques futures suffisamment claire pour répondre de façon positive à votre interrogation.

remy
18 mars 2011 à 12:05

Question :
Le plus grand danger n’est il pas que l’on ai besoin d’un accident nucléaire d’une telle empleur pour se rapeller des danger que le fait que les centrales soient un danger?
Sans les centrales auriont nous assez de kilomètres carré pour faire un parc d’éolienne? ou un barrage?

Fabien
18 mars 2011 à 12:44

Pour répondre en partie à votre question, le remplacement de la production d’électricité fourni aujourd’hui par les centrales nucléaires pose plusieurs problèmes :
Le premier est bien sur la puissance. Une éolienne fourni bien moins d’énergie qu’une centrale nucléaire, il en faudrait donc un nombre très important pour ne plus avoir besoin de l’énergie atomique.
Le second concerne la constance de la production. Une centrale nucléaire, ou au gaz/charbon/pétrole est capable de fournir de l’électricité 24/24 7/7, hors période de changement de combustible. Les énergies renouvelables (éolien, solaire ou hydraulique) ne permettent pas cette production continue. Le vent ne souffle pas en permanence, et lorsqu’il est trop fort, les éoliennes se mettent en sécurité pour ne pas se casser, le solaire ne produit pas d’énergie la nuit, l’hydraulique est dépendant des précipitations et des réserves d’eau très limitées (en zones montagneuses la plupart du temps, et utilisées durant les périodes hivernales, pas en été en période touristique).
Or, notre besoin en énergie est constante. Je pense que personne ne peut envisager aujourd’hui d’accepter de ne pas se chauffer, s’éclairer, et même travailler … parce que le vent ne souffle pas, ou que les lacs sont vides. Toute l’économie serait paralysée.

Pastaga
18 mars 2011 à 12:27

quels sont les moyens d’intervention à distance sur une centrale ? (dispositifs radio commandés par exemple).
Cela n’existe pas ?

Arnaud Guertin
21 mars 2011 à 22:34

Pour le contrôle de la réaction nucléaire dans la cuve du réacteur nucléaire, il n’y a pas à ma connaissance de dispositifs radiocommandés. Des dispositifs d’intervention à distance peuvent être utilisés pour la maintenance des réacteurs nucléaires, en particulier sur le circuit primaire.

Réaction

« L’océan mondial conservera la mémoire de cette catastrophe »

Jacqueline Goy, biologiste et spécialiste des méduses, maître de conférences au Muséum national d’histoire naturelle et membre du conseil scientifique de l’Espace des sciences, vient de nous envoyer son analyse sur la pollution radioactive au Japon.

Depuis le 11 mars 2011, au large de la centrale de Fukushima, de l’eau fortement radioactive se déverse chaque jour en mer. Il y aura effectivement un avant et un après Fukushima comme il y a eu un avant et un après Tchernobyl, avec cette différence énorme que le phénomène Tchernobyl a été instantané et s’est produit loin des côtes. Ici, à Fukushima, depuis 20 jours l’eau s’écoule et il ne semble pas que le processus puisse dans l’immédiat être stoppé.

Or, il n’y a pas d’étude sur les effets d’une pollution radioactive de cette ampleur en mer et les données disponibles font état de suivis des radioéléments devant les circuits de refroidissement des centrales, toujours préoccupants mais en général sans effet sur les organismes. Cette fois, il s’agit d’un véritable cocktail à haute dose avec un mélange d’iode, de césium, de plutonium, d’uranium … dont la pollution à long terme dépend de la durée de vie de chaque élément.

Les conditions hydrologiques dans ce secteur montrent une vaste ouverture sur l’océan Pacifique septentrional avec des marées qui contribuent à brasser quotidiennement cette pollution sur une côte déjà saturée. L’eau chargée en radioéléments percole lentement à travers les sables et les graviers du cordon littoral et contribue ainsi à emmagasiner pour longtemps ces éléments dans les sédiments côtiers.

La courantologie générale de l’océan Pacifique place le Japon dans une position géographiquement symétrique à celle des côtes américaines atlantiques avec un courant chaud, ici le Kuroshio, qui remonte en direction des îles Aléoutiennes puis tourne pour longer ensuite les côtes américaines. Le transport de la pollution est évident dans tout ce secteur du Pacifique septentrional, et même bien au-delà avec le tapis roulant de la grande circulation océanique. C’est aussi dans ce secteur que se situent les plus grandes fosses océaniques et le transfert des différents éléments radioactifs peut se réaliser de bien des manières.

D’abord parce qu’à cette époque de l’année, le réchauffement de la température de surface de l’eau de mer n’a pas commencé et les eaux ont une remarquable homothermie sur toute la colonne d’eau, ce qui contribue à favoriser les échanges entre les eaux de surface et les eaux du fond. Les polluants ont ainsi toutes les chances d’atteindre les grands fonds.

Ensuite, par la fixation sur les organismes marins. Les premiers affectés sont les organismes qui sont fixés et ne peuvent s’enfuir. Comme les doses sont léthales, il n’y a probablement plus signe de vie dans un premier cercle autour des écoulements. Puis la surcharge en éléments radioactifs s’établit en zones concentriques de plus en plus diluées en direction de la haute mer.

Mais les organismes irradiés vont à leur tour propager et diffuser la radioactivité par leur propre déplacement car la plupart d’entre eux effectue de grandes migrations, journalière entre la surface et les couches sous-jacentes ou saisonnière entre la côte et le large en fonction de leur cycle de reproduction. Ainsi les larves et les juvéniles de crustacés ou de poissons sont souvent dans les zones littorales alors que les adultes vivent au large. Par leur métabolisme, ces animaux vont rejeter des particules radioactives dans leurs pelotes fécales dont la sédimentation va polluer le fond. Enfin la relation proie prédateur va également contribuer à perturber toute la chaîne alimentaire.

Cette radioécologie est encore peu étudiée, surtout dans une perspective de  contamination à long terme engendrant un dysfonctionnement du mileu marin de cette ampleur à cause de la sursaturation en éléments radioactifs. La notion de seuil léthal est sans doute différente pour chaque espèce, non seulement elle est liée à la durée de vie du radioélément mais aussi à la durée de vie de l’espèce considérée. Certains groupes ont montré une affinité plus grande pour un type d’éléments, ainsi les poissons accumulent le césium, les crustacés et les mollusques le plutonium, mais les moules privilégient l’uranium et le thorium et sont sélectionnées comme bon indicateur. Enfin toutes les algues fixent les radioéléments, ce qui est un danger de plus lorsque la nappe radioactive va atteindre la zone intertropicale des coraux du Pacifique central. Si l’on ajoute les essaims de petits crustacés si abondants dans les eaux japonaises au printemps, on peut en déduire que les grands cétacés qui s’en nourrissent ne seront pas épargnés.

En fait, il n’y a pas de barrière entre les océans et dans quelques années c’est l’océan mondial qui conservera la mémoire de cette catastrophe.

Vendredi 18 mars 2011
12:30

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