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N°29, les Papous

Derrière l'anse des Pachas, se trouve une petite colonie de manchots Papous. C'est un lieu à environ un quart d'heure de la base où je peux venir seule avec une VHF. J'aime beaucoup cet endroit. Les éléphants de mer s'étalent sur une vaste prairie d'acéna, dans des souilles en forme de baignoire conçue par le poids de leur corps. Au début de mon séjour, en décembre, seules les femelles et leurs petits étaient présents et maintenant, c'est au tour des jeunes mâles, les futurs Pachas. Les Pachas confirmés sont encore en mer, jusqu'à la saison des amours. Juste à coté de cette anse de pierres noires arrondies par des millénaires de marées biquotidiennes, un ajustement de rochers couleur cendre volcanique, au sommet plat ou en légère déclive, borde l'océan. Ils évoquent une scénographie sobre et dépouillée. Le soleil joue avec le vent et sa cohorte de nuages. Les éclairages sont fugitifs mais d'une luminosité cristalline. Sur ces rochers, habitent quelques familles de Papous, habillés élagamment de noir et de blanc. Pour vivre avec eux un moment, il suffit de s'assoir et de regarder en respectant le périmètre de " non-intrusion " de leur territoire. Certains sont très curieux et s'approchent avec ce regard d'oiseau où le cou se contorsionne comme un serpent afin de permettre à l'oeil d'être dans l'axe du sujet observé. Son activité principale est d'orchestrer ses plumes. Avec son bec, il les passe toutes en revue et reste ainsi longtemps sur ses pattes à fourrager son plumage. Il se baigne souvent et boit de l'eau de mer. Il parait qu'il se nourrit de poissons des glaces mais lorsque je regarde les dessins de fiente, qu'il réalise sur les rochers noirs, il n'y a pas que du blanc. Par endroit et pas systèmitiquement, une partie des déjections est rosée et légèrement saumonée. Je ne suis pas arrivée à filmer cette fiente projetée, mais cette matière liquide et parfois colorée m'évoque un film sur Pollock en train de peindre...