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Le réveil de Victor

Mardi, à 22h30. Victor sort de sa tanière. L’engin pèse plus de quatre tonnes. Il avance lentement sur le pont arrière. Sa première mise à l’eau, gérée par une quinzaine de marins, est un spectacle à elle toute seule. Même les habitués de Momarsat, qui connaissent Victor depuis le début du programme en 2010, ne se lassent pas d’observer ses déplacements.

Victor suspendu au portique du pont arrière.

Connecté au bord par un câble de 2000 volts, il atteindra le fond de mer en une heure et demie grâce à ses moteurs électriques. Des caméras embarquées filment les alentours. Mais pour l’instant, il fait sombre sur les écrans de la cabine de pilotage. Les projecteurs du robot ne s’allumeront qu’à l’arrivée pour économiser de l’énergie.

Pendant sa descente, Victor dérive en fonction des courants. S’il s’éloigne trop, il faudra rapprocher le navire pour laisser toujours un peu de mou à sa laisse.

Une fois en bas, le robot doit être capable de rester sur place. Ni couler, ni remonter comme un engin flottant. Pour s’alourdir ou s’alléger, il peut récupérer de l’eau dans un régleur fermé ou en retirer. Quatre propulseurs transversaux lui permettront de se déplacer de gauche à droite et d’avant en arrière de façon contrôlée.

Objectif de la première plongée : récupérer les instruments situés en fond de mer.

Première étape : repérage

Seamon West est une station d’observation de 2 m de diamètre. À son sommet, une tête acoustique communique avec une bouée de surface qui elle-même envoie par satellite les données enregistrées à l’Ifremer de Brest.

Seamon West.

Seamon West est au premier plan. Les données qu’elle transmet à la bouée proviennent de deux instruments situés 25 m plus loin sur un même socle (on les distingue en arrière-plan, à droite). L’un mesure l’amplitude du mouvement du sol, c’est un sismomètre (noté OBS pour ocean bottom sismometer). L’autre jauge la pression (noté JPP pour jauge de pression permanente). Ils sont branchés à la station via deux câbles bleus.

Deuxième étape : couper le contact

Avant toute chose, Victor doit éteindre la station grâce à Maestro, son bras articulé. Rien de plus simple qu’un interrupteur on/off.

Dans le silence des profondeurs, un poisson se promène…

Troisième étape : déconnecter les deux instruments de mesure

Sur la station, Victor débloque les câbles du sismomètre et de la jauge de pression et les ramène dans un casier fixé au socle des deux appareils.

Quatrième étape : ramener le tout à la surface

Pour ramener la station à bord, une ligne particulière a été mise à l’eau mardi après-midi, avant la plongée de Victor. Elle est dotée de flotteurs en haut et d’un lest en bas qui la fait descendre jusqu’en fond de mer. Au milieu, une corde est enroulée dans un seau. La mission de Victor : prendre la corde (elle est connectée aux flotteurs) et l’accrocher à la station. Il suffira ensuite de larguer le lest de la ligne. Seamon West profitera alors des flotteurs pour remonter tranquillement à la surface.

La ligne, les flotteurs, le seau, le largueur du lest dans les mains du marin. La ligne mesure 15 m alors que le portique est à 9 m de hauteur. Sa mise à l'eau doit donc se faire en deux fois. Crédit :  Nicolas Leroy - CNRS.

2h40, mercredi matin. L’opération a fonctionné. Elle est réitérée avec OBS/JPP.

Une fois le tout à bord, les mécaniciens et électroniciens de l’Ifremer s’occuperont de la maintenance des systèmes.

Cinquième étape : lancer d’autres expériences

Victor est à l’eau depuis cinq heures. Mais son travail n’est pas terminé. Il doit lancer certaines expériences préparées en amont par les scientifiques du bord.

Les substrats de Jozée Sarrazin.

On aperçoit les os de vache de Jozée Sarrazin sur la droite. Les autres échantillons sont faits à base de bois ou d’ardoise. Sur ceux qui datent de 2013, des taches blanches sont apparues. Ce sont des micro-organismes. Les éponges sont là pour attraper les petites bêtes qui passent.

Ce mercredi matin, Victor est sorti de l’eau à 10h, après quelques manipulations supplémentaires. Une fois rentré dans son hangar, il doit être reconditionné avant la plongée suivante.

Wanted, dead or alive

Un os de baleine et une roche de basalte dans un grillage vert.

À la réunion quotidienne ce mercredi après-midi, Ana Colaço, chercheure en écologie à l’Université des Açores, nous informe qu’un os de baleine mis à l’eau l’année dernière n’a pas été retrouvé par Victor… Mais où se cache-t-il ?

Le robot saura peut-être le retrouver. Lors de ses plongées, il n’agit pas tout seul. Une équipe de pilotes est derrière lui pour mener à bien chaque opération…

À suivre…

 

 

Crédit photos fond de mer : Ifremer-Victor/Campagne Momarsat 2014.