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Un hélicoptère peut-il voler dans le froid ?

Habituée à des climats plus cléments, la frégate « La Motte-Picquet » se trouve confrontée, pendant cette navigation au Nord de l’Europe, à un climat inhabituel. Comme les autres systèmes d’armes du bâtiment, l’hélicoptère « Lynx » de la frégate doit apprivoiser ce nouvel environnement froid, un environnement pour lequel il n’a pas été spécifiquement conçu.

Les 16 marins du « détachement aéronautique » (les 2 pilotes, mais aussi les « électroniciens de bord », les mécaniciens d’aéronautique, les techniciens d’armement, le plongeur-sauveteur), membres à part entière de l’équipage du « La Motte-Picquet », nous expliquent pourquoi. 

Avant cela, il est peut-être important de répondre à une question simple, mais essentielle : pourquoi embarquer un hélicoptère sur un bâtiment de la Marine nationale ?

La réponse est dans la polyvalence, maître-mot pour les marins. Il s’agit en effet d’un relais d’action de la frégate, dans de nombreux domaines : lutte anti-sous-marine, lutte contre les navires, mais aussi surveillance maritime ou sauvetage en mer.

Voilà pourquoi il est important de pouvoir faire voler notre « Lynx », même en zone froide. Or, un des principaux dangers de l’aéronautique dans les atmosphères froides est le givrage. C’est un phénomène qui selon sa nature peut rapidement et gravement entraver le vol de l’hélicoptère.

Qu’est ce que le givrage ?

Le givrage consiste en un dépôt de glace opaque ou transparent adhérent à certaines parties de l’hélicoptère notamment les parties exposées au vent relatif. Les conditions favorisant le givrage sont l’humidité et la température. Cette dernière est généralement de l’ordre de 5°C à -15°C. En deçà de -15°C, les gouttelettes se congèlent et le risque de givrage diminue.

Quels sont les différents types de givrage ?

Vues de givre blanc (à gauche) et de givre transparent (à droite)

Le givre blanc

Il se produit par congélation rapide des gouttelettes  d’eau frappant l’hélicoptère. Cette congélation rapide emprisonne des bulles d’air. C’est ce qui donne au givre sa couleur blanche et sa friabilité. On voit ici l’effet du givre sur l’anémomètre et la girouette de la frégate.

Le givre transparent

Beaucoup plus dense et solide que le givre blanc, il se forme par congélation d’une partie des gouttelettes sur les parties exposées au vent relatif tandis que les autres s’écoulent vers l’arrière pour s’y congeler à leur tour.

Quels sont les dangers du givrage pour un hélicoptère ?

Le givrage présente de multiples risques pour un hélicoptère. D’abord, la glace accumulée sur les pales de l’hélicoptère va modifier leur forme et ainsi dégrader leurs performances aérodynamiques. Au fur et à mesure de l’apparition du givre, la demande de puissance nécessaire pour le vol augmente et des vibrations vont apparaître (elles sont dues à la masse de glace non uniformément repartie sur les pales). Ensuite, du givre peut se former au niveau des entrées d’air du moteur. Cela peut aller jusqu’à l’obstruction ou la détérioration des moteurs,  si certains blocs de glace se détachaient et étaient aspirés par le moteur.

En outre, les prises d’air statiques et dynamiques fournissant les informations d’altitude et de vitesse peuvent également être obstruées par le givre et, par conséquent, fournir des informations erronées sur les instruments de vol. Cela représente alors un grave danger pour les pilotes du Lynx, surtout si les conditions de visibilité sont mauvaises.

Enfin, lors de givrage sévère, l’accumulation de glace sur la cabine peut alourdir de manière significative la masse de l’hélicoptère.

Comment éviter le givrage ?

La meilleure solution pour l’hélicoptère Lynx de la frégate « La Motte-Picquet » est, tout simplement, de ne pas voler dans de telles conditions. Nous évitons donc les vols par moins de 5°C dans les nuages, sous la pluie ou sous la neige, ou par mauvaise visibilité (atmosphère très humide).

Lorsque les conditions météorologiques sont proches du givrage, nous privilégions les vols de jours à proximité du bateau pour pouvoir détecter l’apparition de givre et se poser au plus vite en cas de problème.

Néanmoins, si l’hélicoptère ne peut éviter les conditions givrantes, certains dispositifs protègent les organes vitaux de l’appareil. Nous disposons d’un système de chauffage des « tubes pitots » (qui transmettent la vitesse), d’un réchauffage des entrées d’air des moteurs et d’un système de dégivrage du pare-brise.

De plus, certains hélicoptères plus récents sont équipés de dispositifs de détection du givre ainsi que de pales dégivrées. Ils peuvent ainsi voler dans quasiment toutes les conditions.