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Du "Challenger" à la Thalassa

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Naissance de l'Océanographie

En 1840, sous l'impulsion de M.F. Maury, officier de la marine des Etats Unis d'Amérique, les premiers recueils de données concernant les courants et les phénomènes météorologiques sont édités.

Au même moment, certains savants tels Forbes, James Ross, Michael Sars et Wyville Thomson démontrent l'existence d'une vie dans des profondeurs supérieures à 200 mètres. Outre collectage et description, leur travail vise à comprendre les modes de vie des espèces marines et leur physiologie. Cette période introduit le début de la biologie marine.

Le Collège de France installe le premier laboratoire de biologie marine à Concarneau en 1859, dirigé par le professeur Coste. La création d'autres laboratoires au long des côtes françaises se poursuit rapidement, à Roscoff, puis à Banyuls en 1872, à Villefranche-sur-Mer grâce aux savants russes en 1882. Le travail sur les espèces marines reste essentiellement descriptif, donnant lieu à des campagnes de collectes et à l'édition de traités de zoologie.


La Station de Biologie Marine de Roscoff (Finistère) a été établie dans une région où sites et fonds marins sont particulièrement divers.
Elle permet ainsi d'étudier une faune intéressante et variée.


Charles Darwin (1809-1882)

Mais l'événement marquant réellement le début de l'Océanographie correspond à la première navigation circumterrestre du Challenger, sur lequel s'embarque Darwin. Cette expédition scientifique, qui se déroule de 1873 à 1876, embrasse des domaines aussi variés que la morphologie des fonds océaniques, les propriétés physiques et chimiques de l'eau de mer, la classification et la biologie des espèces marines. Les résultats donneront lieu à la rédaction de 50 volumes qui resteront pour très longtemps la référence de bien des océanographes.


Les premières expéditions scientifiques françaises sont dédiées à l'exploration sous-marine. Elles débutent en 1880 dans le golfe de Gascogne sur le Travailleur, dans l'Atlantique sur le Romanche et en 1883 sur le Talisman.


Le Travailleur

Mais le but est aussi de conquérir les pôles. Les campagnes les plus connues sont celles du Commandant Charcot, menées sur le Français de 1903 à 1905 et sur le Pourquoi pas? de 1908 à 1910.
Sur le plan international, la Commission Scientifique Polaire est créée. La conquête des pôles et la connaissance de l'Arctique et de l'Antarctique restent les missions principales des expéditions scientifiques de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle

L'océanographie française doit beaucoup au Prince Albert 1er de Monaco, qui entame ses premières campagnes océanographiques dès 1885 sur son premier bateau, l'Hirondelle. Entouré de savants et d'artistes, il mène des recherches et effectue des observations en Méditerranée et dans l'Atlantique jusqu'à la première guerre mondiale.

Ces campagnes permettent la récolte d'espèces, l'étude des courants en Atlantique Nord, l'étude des grands fonds, l'observation de la formation des glaces, En 1910, il fonde le Musée Océanographique de Monaco et l'Institut Océanographique de Paris en 1911. Cette même année, il participe à la création de la Commission Internationale pour l'Exploration Scientifique de la Méditerranée. (CIESM)


Le Prince Albert 1er de Monaco, précurseur de l'océanographie en France

Vers une spécialisation en champs disciplinaires

Au cours du 20ème siècle, l'océanographie moderne se développe et se structure, avec notamment une différenciation entre hydrologie, géologie, océanographie physique et océanographie biologique.

La décennie 1950 correspond à une autre étape importante pour les océanographes, puisque les premières plongées en bathyscaphe et en scaphandre autonome les font enfin pénétrer durablement sous la surface des océans pour y effectuer directement des prélèvements. Se structure aussi l'enseignement de cette discipline dans les Universités françaises, avec la création d'un troisième cycle en Océanographie. Le CNRS intègre cette discipline en 1967.


Le Nautile (en deça de 6000 mètres)


Plongeur (Scaphandre autonome)

A la fin du 19ème siècle, les scientifiques s'intéressent aussi à la pêche puisque celle-ci s'industrialise.

En France, le premier laboratoire des pêches est inauguré à Boulogne sur Mer et est intégré à l'Office Scientifique et Technique des Pêches Maritimes à sa création en 1918. Ce laboratoire initie les premières croisières dédiées à la pêche à bord de navires de la marine nationale ou de chalutiers professionnels. En 1933, l'Office se dote de son premier navire de recherche océanographique, le Président Théodore Tissier. Celui-ci sera remplacé en 1960 par la Thalassa, chalutier laboratoire équipé d'un dispositif de chalutage arrière.


La Thalassa, navire de recherche océanographique et premier chalutier français à rampe arrière aura été pendant plus de 36 ans le navire amiral de la flotte océanographique française.

Incluse dans l'océanographie, cette science des pêches qui prendra dans les années 1975 le nom d'halieutique, se spécialise selon plusieurs axes de recherche : biologie, hydrologie, technologie, économie dans le but affiché de favoriser l'essor des pêches maritimes françaises.


Amarrée dans le port de Lorient, elle vit aujourd'hui une seconde histoire en tant que musée des gens de mer et des pêches maritimes.