15 février 2013 : chute d'une météorite dans l'Oural

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Une météorite a explosé dans le ciel de Russie le 15 février 2013 au matin. Ce phénomène, très impressionnant par les dégâts causés par l'onde de choc, est-il fréquent ? Et a-t-il une relation avec l'annonce du passage de l'astéroïde 2012DA14 ? Réponses de Priscilla Abraham et Bruno Mauguin, responsables du Planétarium de l'Espace de sciences.

L'événement

La vidéo ci-dessous montre plusieurs éléments : la trainée laissée par le bolide est liée à l'ionisation de l'atmosphère. Le déplacement dans l'air de la météorite a provoqué le même effet d'onde de choc que le passage du mur du son par un avion, dans des proportions plus importantes. Les dégâts sont donc dus à l'onde de choc supersonique et non à un impact du bolide sur le sol (on ignore s'il a eu lieu, la météorite ayant pu de désagréger en vol). D'ailleurs, quelques minutes s'écoulent entre le phénomène visuel et le phénomène sonore, décalage lié à la supériorité de la vitesse de la lumière sur celle du son.


La traversée de l'atmosphère

L'arrivée sur Terre d'une météorite est un événement. L'observation de la chute et la récupération d'une météorite constituent une chance extrêmement rare. Il ne reste de la traversée de l'atmosphère, par la plupart des petits corps célestes, qu'une lumière éphémère.

Mis à part la météorite d'Ensisheim et la soixantaine de chutes répertoriée en France depuis, les chutes "en direct" sont très rares. La chute de Peekskill dans l’État de New-York en 1992, suivie par des vidéastes amateurs depuis les gradins de plusieurs stades fut un véritable événement. Son atterrissage sur le coffre d'une voiture, ayant permis de récupérer une pierre de plus de 12 kilogrammes est également exceptionnel.

Ce qui s'est passé dans l'Oural ressemble bien sûr à ce qui s'est déroulé en 2011 en Bretagne. Les observations des caméras de surveillance et des images prises par les vidéo-amateurs, nous renseignent sur l'axe de pénétration de la météorite et son possible point de chute. La taille du bolide russe doit être par contre plus imposante que celui tombé en Bretagne en juillet 2011, et l'altitude au moment de l'explosion peut-être plus basse.

Météorite du 19 juillet 2011 en Bretagne, les explications de Priscilla Abraham :


Il y a environ 10 000 météorites à tomber chaque jour sur Terre mais la grande majorité est de la taille de poussières : on estime que moins de 500 pierres de la taille d'une balle de tennis tombent sur notre planète par an. Elle "s'alourdit" ainsi chaque année de 40 000 tonnes venues de l'Espace. Cela peut nous paraître important mais pourtant, en comparaison avec la masse de notre Terre c'est tout à fait insignifiant !

Notre planète Terre est un astre flottant dans un Univers gigantesque et toutes les rencontres restent possibles ! La trajectoire du phénomène russe, d'orientation nord-est – sud-ouest, n'est pas la même que l'astéroïde 2012DA14 dont le passage à proximité de la Terre est prévu ce soir (orientation sud-nord). Voici donc l'exemple d'une belle coïncidence !

Chute de météorites

Toute découverte sera utile pour le progrès des connaissances. Un simple fragment de météorite peut, par exemple, nous renseigner sur les origines et la formation de la Terre. Les météorites sont âgées de plus de 4,5 milliards d'années ! Les météorites nous offrent donc des renseignements précieux sur la formation de notre Système Solaire, puisque certaines d'entre elles, dites non différenciées, gardent dans leur composition la mémoire de cette formation. Elles nous renseignent également sur la structure interne des planètes.

Au cours de sa traversée de l'atmosphère , la météorite subit les contraintes mécaniques et thermiques, dues au freinage, qui vont modifier son aspect. Les températures très élevées (plusieurs milliers de degrés) que peut atteindre la périphérie de la météorite lors de cette traversée conduisent souvent jusqu'à sa fragmentation. La surface de la météorite ou des fragments, présente des traces de ces modifications : pellicule noire inférieure à 1 mm appelée croûte de fusion, ravinements ou regmaglyptes, caractéristiques des météorites.