Espaces verts : Rennes, ville pionnière

N° 301 - Publié le 5 septembre 2012
© Céline Duguey
Les employés des espaces verts, ici dans le parc du Thabor à Rennes, n'utilisent plus de pesticides. L'opération "zéro phyto" est effective dans toutes les communes de Rennes Métropole depuis 2006.

De la fin des années 80 à nos jours, des actions font la réputation de Rennes en matière de gestion des espaces verts.

Quand on quitte Rennes cela se voit ! La métropole a su garder sa forme d’archipel : une ville centre entourée d’une ceinture verte et des communes aux alentours distribuées comme des constellations. Un ordonnancement du territoire qui a permis de maintenir une agriculture de proximité et un lien avec la campagne. « Fixer les règles du jeu de l’occupation de l’espace, c’est la base de la politique suivie par l’agglomération depuis les années 80(1), souligne Roland Gicquel, chargé de mission environnement à la Direction générale prospectives et développement durable de Rennes Métropole. Aussi bien pour l’aménagement et la conception que pour la gestion. Les élus de l’époque se sont inspirés d’idées rapportées de différents voyages, dont un aux Pays-Bas. » L’aménagement du quartier des Longchamps, dans les années 80, tenait déjà compte de la trame bocagère, de la place des zones humides et du circuit de l’eau. Des notions que l’on retrouve dans des quartiers récents, comme Beauregard, ou en devenir, comme l’écoquartier de La Courrouze.

La lutte contre le béton vert

Parmi les autres actions impulsées par la métropole, on retiendra la gestion différenciée des espaces verts - et tout le travail sur le paysage urbain promu notamment par Denis Pépin, alors à l’agence d’urbanisme (Audiar), pour substituer les haies de thuya et de laurier, qualifiées de “béton vert”, par des plantes plus variées -, mais aussi le Plan paysage qui concerne l’entretien du bord de la rocade et des routes de l’agglomération, le référencement de milieux naturels d’intérêt écologique (lire article ci-contre), ou encore la création d’un observatoire de l’eau. La réduction de l’utilisation des pesticides a aussi été marquante. Les communes de l’agglomération ont divisé par dix les quantités de désherbants en dix ans.

Lancement de “zéro phyto”

Pourtant, une étude menée entre 2000 et 2003 sur la commune volontaire de Vezin-le-Coquet mesure des concentrations encore trop élevées dans l’eau et démontre la contribution des collectivités et des particuliers. Initié en 2003 à Rennes, l’objectif “zéro phyto” est effectif dans toutes les communes de Rennes Métropole depuis 2006. Presque partout, sauf sur... les terrains de sport et dans les cimetières ! « Pour des raisons liées à la conception d’origine de ces espaces, mais aussi à la culture, souligne Roland Gicquel. Les herbes dites mauvaises ne sont pas les bienvenues, surtout le 11 novembre... » De nouveaux aménagements ont quand même été réalisés, comme récemment dans le cimetière de l’Est, à Rennes, qui permettent de concilier les deux approches.

Une métropole en avance sur son temps

Toutes ces actions ont longtemps fait de Rennes une métropole avant-gardiste. « Aujourd’hui, on communique peut-être un peu moins, note Roland Gicquel, mais beaucoup d’initiatives méritent d’être connues. En témoigne l’enquête que nous venons de réaliser auprès des communes sur les actions locales en matière de biodiversité. Je pense aux conventions passées avec des associations pour la mise en place de refuges pour la faune, aux ruches implantées en ville dans les espaces publics (lire p.17), au développement de la gestion écopastorale dans les espaces verts naturels. » Ainsi, deux chèvres des fossés se chargent de l’entretien d’un bassin d’orage à Chavagne, des vaches des Highlands, dont les sabots palmés sont bien adaptés aux zones humides, broutent à La Chapelle-des-Fougeretz, alors que la vache nantaise a été choisie comme auxiliaire à Betton pour pâturer des prairies humides.

« Une opération comme Curieux de nature, où des échanges entres élus, naturalistes, scientifiques et grand public sont prévus, va permettre de valoriser ces actions. » Et de lisser les affrontements entre l’homme et la nature pour aller vers une intégration de l’homme dans la nature.

Nathalie Blanc

(1)Un schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme - SDAU vert est adopté en 1983.

Roland Gicquel Tél. 02 99 86 63 55
environnement-energie [at] agglo-rennesmetropole.fr (environnement-energie[at]agglo-rennesmetropole[dot]fr)

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