Construire la pêche de demain

N° 305 - Publié le 9 janvier 2013
© Jacques Le Meur
Les pêcheurs trient les maquereaux sur le port de Concarneau.

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Avec de bonnes indications scientifiques et une mobilisation de ses forces, la France espère maintenir ses positions.

Dans la négociation en cours, la pêche française dispose de bons arguments pour faire face à l’alarmisme qui a souvent cours dans les structures communautaires. Le premier constat est celui d’un redressement de l’état des stocks de poisson, dont témoignent les scientifiques. « Les diagnostics émis en 2012 par la communauté scientifique internationale reconnaissent que l’exploitation des stocks de poissons profonds, après la surexploitation du début des années 2000, a été amenée à un niveau soutenable, écrit Alain Biseau de l’Ifremer. Une interdiction pure et simple de cette pêche n’apparaît alors pas indispensable. Cependant, comme toutes décisions de gestion, celles concernant les pêches profondes relèvent du pouvoir politique, pas du scientifique. » Sur les autres espèces, les données sont généralement encourageantes. « La ressource s’améliore comme en témoignent les débarquements sous les criées et les prix sont bons », confirme l’armateur Hervé Jeantet, président du conseil spécialisé de la pêche à FranceAgriMer, l’organisme public de promotion du poisson.

De bons arguments

Les professionnels considèrent donc que certaines mesures de protection envisagées par la Commission de Bruxelles sont irréalistes ou inopportunes, au vu des résultats positifs des efforts des pêcheurs et de la réduction des flottilles. Compte tenu du mode de fonctionnement de l’Europe qui est ouvert aux lobbys, les pêcheurs et leurs soutiens politiques doivent aussi agir groupés. À ce niveau, le conflit porte sur l’écologie. Le front des ONG n’est pas uni. Certaines avancent des revendications généralistes qui nuiraient aux pêcheurs tandis que d’autres admettent que les évolutions ménagent les réalités socio-économiques. Le monde de la pêche peut aussi mettre en avant son partenariat avec les scientifiques qui, eux, sont les seuls à pouvoir disposer de données concrètes.

Préparer le futur

Malgré ces constats, l’avenir n’est pas assuré. Si les stocks de poisson sont de mieux en mieux gérés, le gel du renouvellement se traduit par un vieillissement des bateaux, notamment en pêche artisanale. Il apparaît illusoire de moderniser des navires conçus il y a un quart de siècle. Alors que le prix de la construction est de plus en plus élevé, le défi est de concevoir des navires modernes, amortissables et économes en énergie.

Aujourd’hui, en poisson frais, la France ne couvre que 20 % de ses besoins. Il faut a minima stabiliser la production nationale, maintenir une économie littorale et défendre le système social français. « Nos compétiteurs payent leur carburant sur le dos de leurs navigants, déplore Hervé Jeantet. Notre système social est le mieux construit. Il est encore perfectible mais nous voulons le conserver. Or il a un coût, ce qui provoque des disparités flagrantes avec les autres pays. Il est nécessaire de conduire une réflexion sociale à l’échelle de l’Europe. »

Jacques Le Meur

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