Un smartphone dans l'étable

N° 318 - Publié le 6 mars 2014
© Kerhis
Le technicien de laiterie saisit les données dans l’étable directement sur smartphone. Elles serviront ensuite à établir le plan d’actions pour une bonne conduite de l’élevage.

Magazine

4324 résultat(s) trouvé(s)

Des entreprises informatiques mettent au point des outils nouveaux et pratiques pour...

Dans les élevages, les ordinateurs restent souvent cantonnés au bureau où ils ne servent qu’à la facturation et la comptabilité. Les outils mobiles comme les tablettes et les smartphones permettent désormais à l’informatique d’investir le terrain, où ils aident à remplir de nouvelles fonctions, comme le suivi de la qualité du lait. Kerhis, une société d’informatique basée à Châteaulin (Finistère), s’est positionnée sur ce nouveau marché.

L’idée est née en 2011 de la rencontre entre son directeur Jo Dréau avec Yves Baraton, un expert indépendant sur la qualité du lait dans les élevages. Ce dernier s’étant rendu compte que les éleveurs manquaient d’outils pour mettre à profit les conseils qu’il leur donnait. Alors, ils ont inventé Qualilait qui permet de répondre à trois types de questions : ma vache prépare-t-elle une mammite(1) ? Mon lait est-il contaminé par des bactéries butyriques(2) ? Globalement, présente-t-il une hygiène correcte ? « Il s’agit d’audits standards. Mais nous pouvons répondre à des besoins particuliers, aux éleveurs qui produisent du lait cru, par exemple, (les critères de qualité sont différents) ou à ceux qui travaillent sous le label Agri Confiance avec des contraintes particulières », explique Yann Le Fustec, consultant dans l’équipe marché chez Kerhis.

Une bonne circulation de l’information

L’usage de Qualilait se déroule en trois phases : la collecte des données sur le terrain grâce à un smartphone, le transfert des données sur un ordinateur en vue de leur traitement et enfin le plan d’actions. Ces étapes sont réalisées par un technicien de laiterie qui se déplace chez l’éleveur et lui donne ensuite les préconisations à suivre. Développé en 2012 et testé avec la laiterie Agrial, Qualilait a aussi été adapté à d’autres filières animales. « Nous avons gardé le principe de Qualilait et nous l’avons décliné, avec bien sûr d’autres critères, à la filière volaille, précise Yann Le Fustec, où il est déjà en place dans les élevages. » L’outil évite de saisir deux fois les mêmes données et favorise la communication en temps réel entre l’éleveur et la structure qui collecte son lait ou ses œufs. Le lait, ici, a servi d’exemple !

Les acides gras du lait suivis à la loupe

Le suivi de la qualité du lait, Valorex connaît. Cette entreprise qui vend des produits extrudés pour l’alimentation du bétail a bâti tout son savoir-faire sur le lien entre une alimentation de qualité, la bonne santé de l’animal et la qualité des produits qui en sont issus : lait et viande. Elle suit notamment la qualité des acides gras du lait, grâce à un logiciel développé pour la circonstance il y a plusieurs années, Visiolait, et qui vient juste de faire peau neuve. La jeune agence Web and Cow s’en est chargée. « Nous avons travaillé sur une nouvelle version complète du logiciel pour laisser plus d’autonomie à Valorex, de façon à ce que les ingénieurs puissent avoir la main sur les algorithmes de calcul et modifier facilement les équations », explique Arthur Weill, le dirigeant de Web and Cow.

Le suivi des élevages laitiers se fait actuellement par une analyse mensuelle du tank à lait de l’exploitation. Le technicien enregistre les teneurs en acides gras du lait dans le logiciel qui en déduit alors des indicateurs sur la santé du cheptel, son efficacité laitière, l’efficacité protéique (digestibilité de la ration reçue par les animaux et qualité du lait produit) et même des indicateurs environnementaux (relation entre la qualité des acides gras du lait et la quantité de méthane rejeté par les animaux(3)). Et bientôt, c’est une version “à la vache” qui sera disponible, pour un contrôle encore plus fin. Valorex y travaille et Web and Cow mettra en forme.

Arthur Weill
Tél. 06 47 52 18 78
a.weill@webandcow.com
Nathalie Blanc

(1)Infection de la mamelle qui peut diminuer la production de lait, voire en altérer gravement la qualité et le rendre impropre à la consommation.

(2)Les bactéries butyriques ne rendent pas le lait impropre à la consommation mais elles peuvent gêner la transformation du lait, par exemple la fabrication du fromage.

(3)Lire Un régime qui rapporte du CO2 dans Sciences Ouest n° 307 - mars 2013.

Yann Le Fustec
Tél. 02 98 86 02 22
ylefustec [at] kerhis.com (ylefustec[at]kerhis[dot]com)

TOUT LE DOSSIER

Abonnez-vous à la newsletter
du magazine Sciences Ouest

Suivez Sciences Ouest