Des capteurs pour tout partout

N° 335 - Publié le 12 novembre 2015
©

Magazine

4280 résultat(s) trouvé(s)

Pilotés par des algorithmes, les capteurs accomplissent des tâches de plus en plus sophistiquées dans la maison.

Une télévision, une box, un smartphone : on retrouve ces équipements dans la plupart des foyers. En plus de diffuser notre émission préférée, de nous donner accès à Internet ou au réseau téléphonique, ces objets sont aussi de véritables capteurs. Ils peuvent donner beaucoup d’informations sur la présence, le genre et la durée des activités menées à l’intérieur de la maison, à qui saura les analyser... Si on ajoute d’autres données comme la position de la lumière dans chaque pièce, la consommation énergétique..., il devient possible de savoir assez précisément ce qui se passe sans forcément utiliser de caméra de surveillance(1).

Tayeb Lemlouma, enseignant-chercheur à l’Irisa à Lannion, et son équipe de doctorants se sont livrés à un petit jeu : ils ont associé chaque action de la vie quotidienne, manger, dormir, se laver, se déplacer(2), à un ensemble de capteurs permettant de connaître le niveau de cette activité.

Derrière les capteurs, les algorithmes !

« Nous nous sommes servi le plus possible de capteurs existants et nous avons cherché à minimiser leur nombre pour que le système reste économe en énergie », précise Tayeb Lemlouma. Derrière les capteurs, se cachent les algorithmes qui les pilotent. Ce sont eux qui rendent le système intelligent, un peu comme un chef d’orchestre. Celui conçu par Tayeb Lemlouma est adaptatif et prédictif. Il apprend à connaître les événements récurrents dans la maison et à prédire ceux qui pourraient présenter un grand risque pour l’habitant. Enfin, il permet de respecter la vie privée : les données sont traitées localement. Elles ne sortent pas de la maison, sauf en cas d’urgence quand une personne est en danger et qu’elle a besoin d’aide extérieure. « Nous avons travaillé en nous appuyant sur un contexte précis qui est celui de l’aide aux personnes dépendantes, explique Tayeb Lemlouma. C’est un cas extrême qui a permis d’imaginer un niveau de service très élevé. Mais il peut être adapté à des besoins plus modestes. Notre but est de rendre un espace intelligent en étant toujours à l’écoute de l’utilisateur », conclut Tayeb Lemlouma. Ces travaux ont fait l’objet d’une publication sortie en août dernier et une démonstration du logiciel est programmée courant octobre aux États-Unis. Travaillé sur le mode de l’open source(3), l’algorithme pourrait facilement trouver sa place dans nos box...

Du bâtiment à la famille connectée

Orange a déjà franchi le pas dans un registre un peu différent, plus axé sur la vie de la famille. Dans le centre lannionnais, les ingénieurs ont codéveloppé avec une start-up parisienne une mise à jour de l’application Family Place, disponible dans le courant du mois, qui propose d’afficher les dépôts de messages et appels manqués de la ligne téléphonique de la maison sur les smartphones. Elle alertera aussi la famille en cas de fuite de l’animal domestique (porteur d’un capteur de présence). Le prototypage d’une autre application plus complète est aussi en cours, pour visualiser à distance les capteurs domotiques(4), connaître le taux de CO2 de la maison, mais aussi savoir si les membres du foyer sont rentrés, ou si la borne Wi-Fi est utilisée (illustration ci-contre)... « Il ne s’agit pas tant d’un nouveau produit de domotique que d’un outil pour générer de la communication et faciliter la vie quotidienne dans le foyer, explique Loïc Pieto, grâce à une sorte de fil info permettant aux membres de la famille d’échanger des messages et des photos... » Des tests ont été menés avec onze familles au printemps dernier et d’autres sont en cours, visant à améliorer l’ergonomie de l’application. À chacun de trouver sa place dans ces espaces connectés !

Nathalie Blanc

(1) La caméra est un capteur qui fait débat : pas toujours bien acceptée quand les gens sont dans la maison (considérée comme un moyen de “flicage” !), elle est mieux perçue si la maison est vide pour la surveillance.

(2) Au départ six actions de la vie quotidienne (ou ADL pour Activity of Daily Living) : manger, faire sa toilette, prendre un bain, s’habiller, se déplacer, aller aux toilettes, avaient été répertoriées pour déterminer le niveau d’aide à domicile que requiert une personne.

(3) Logiciel dont le code source est ouvert et donc accessible aux utilisateurs qui peuvent y apporter les améliorations.

(4) De l’offre Homelive.

Tayeb Lemlouma
tél. 02 96 46 94 27
Tayeb.Lemlouma@irisa.fr

Loïc Pieto
loic.pieto@orange.com

TOUT LE DOSSIER

Abonnez-vous à la newsletter
du magazine Sciences Ouest

Suivez Sciences Ouest