La neurologie s’est imposée

Portrait

N° 340 - Publié le 15 mars 2016
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L'épreuve par 7
Marc Vérin

Chercheur en neurosciences (1) et chef du service de neurobiologie du CHU de Rennes

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Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

Archéologue. J’étais pris entre deux feux : les lettres et la médecine. Finalement, j’ai fait les deux ! J’ai commencé par hypokhâgne/khâgne puis j’ai bifurqué vers la médecine. Ensuite, mon côté littéraire et mon intérêt pour la pensée ont fait que la neurologie s’est imposée.

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

Mon équipe a contribué à mettre en évidence chez l’homme, grâce à la stimulation profonde du cerveau, l’implication des noyaux gris centraux dans le comportement, les émotions et la motivation. Cette technique qui était au départ un outil pour traiter des troubles moteurs, comme les tremblements dans la maladie de Parkinson, est devenue un outil exploratoire pour comprendre d’autres maladies, en particulier psychiatriques comme les Toc (2) et la dépression.

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

Oui. J’ai la chance d’être chercheur et en même temps clinicien et donc de travailler sur l’homme. Le passage du fondamental à la pratique est rapide. Si on observe bien, que l’on est un peu curieux, on peut repérer des événements imprévus. C’est comme cela, lors des premières opérations réalisées chez des patients parkinsoniens, que l’on a découvert des modifications inattendues, d’ordres émotionnels et motivationnels. Ce fut le point de départ d’un champ immense de recherche.

Qu’avez-vous perdu ?

Du temps pour des activités personnelles. Car quand on est clinicien et chercheur, on voit les patients le jour et on écrit ses articles la nuit ! Mais je ne m’en plains pas. Ce métier a des bénéfices secondaires - non pécuniaires - comme le contact avec les jeunes chercheurs.

Que faudrait-il mieux ne pas trouver ?

Rien ne mérite de ne pas être trouvé. Après, bien sûr, il y a des questions d’éthique quand il s’agit des applications cliniques. Mais il ne faut pas contraindre la liberté de chercher. En France, il existe trop de freins institutionnels... C’est pour cette raison que nous avons créé à Rennes l’Institut des neurosciences cliniques, qui fonctionne grâce au mécénat.

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

À part des moyens pour stopper l’évolution de la maladie de Parkinson, ce qui changerait ma vie de médecin et surtout celle des patients, je ne vois pas… Je suis assez stoïque.

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

Je ne suis pas croyant ; je ne crois pas à un ailleurs... C’est mon métier qui donne du sens à ma vie, ici et maintenant, en améliorant le sort de mon prochain.

Interviewé par téléphone, après une nuit de garde, par Nathalie Blanc.

(1) Directeur de l’unité de recherche Comportement et noyaux gris centraux à la Faculté de médecine - Université Rennes 1.
(2) Troubles obsessionnels compulsifs.

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