Bien élevés et en bonne santé

N° 349 - Publié le 8 février 2017
Inra
À l’Inra de Saint-Gilles près de Rennes, les chercheurs étudient le bien-être des porcelets en élevage.

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Quelques changements dans les pratiques d’élevage peuvent aider à réduire l’utilisation de médicaments.

Diminuer l’utilisation des antibiotiques passe par de meilleures conditions d’élevage. « On ne dissocie pas la santé et le bien-être, l’une a des conséquences sur l’autre et réciproquement », explique Nathalie Le Floc’h, chercheuse à l'unité Physiologie, environnement et génétique pour l’animal et les systèmes d’élevage (Pegase), à l’Inra de Rennes Bretagne-Normandie. Son laboratoire travaille sur les élevages porcins. Il participe au projet européen Prohealth, débuté en 2013 pour cinq ans et qui étudie les maladies de production, c’est-à-dire liées aux conditions d’élevage. « Les maladies de production existent dans tous les types d’élevages, précise la chercheuse, y compris les élevages biologiques. »

 

Difficile sevrage

« De façon générale, l’utilisation des antibiotiques a diminué. De plus en plus d’éleveurs, avec un bon accompagnement et une bonne maîtrise, n’en utilisent plus sauf en cas de maladie avérée, mais le sevrage reste un point noir », décrit-elle. Vers l’âge de trois ou quatre semaines, les porcelets sont séparés du jour au lendemain de leur mère et doivent faire face à plusieurs stress : la séparation, le changement de salle, le mélange avec des porcelets d’autres portées et le passage du lait à une alimentation quasiment 100 % végétale. L’une des conséquences les plus courantes de ces bouleversements est l’apparition de diarrhées, généralement traitées par des antibiotiques.

« De façon générale, l’utilisation des antibiotiques a diminué, mais le sevrage reste un point noir. »

L’unité Pegase recommande de commencer à distribuer l’alimentation solide alors que les porcelets sont toujours avec leur mère, pour favoriser la transition, ou de privilégier des protéines très digestes, comme les concentrés de protéines végétales ou celles d’origine laitière. Les protéines indigestibles fermentent en effet dans l’appareil digestif, formant des produits qui attaquent la muqueuse intestinale.

 

Productivité et résistance

Quant au mélange de portées, Gilles Salvat, directeur de la santé animale et bien-être à l’Anses(1), le surnomme « l’effet crèche ». À la manière des enfants lors de leur entrée dans des lieux d’accueil collectif, le mélange des porcelets issus de différentes portées entraîne le contact avec des pathogènes nouveaux auxquels leur système immunitaire n’est pas habitué et donc l’augmentation des maladies. Une solution pour y remédier serait de limiter le mélange des porcelets. De façon générale, il a été montré qu’un sevrage doux, où le mélange des portées est limité, la température des bâtiments optimisée et les porcelets perturbés le moins possible, diminue le nombre d’inflammations.

La sélection génétique est également un moyen de prévenir l’apparition de maladies. Et sur ce point, certaines idées reçues sont à revoir. « Nous sommes partis de l’idée que la sélection d’animaux plus productifs les rendait plus fragiles », explique Nathalie Le Floc’h. Cette corrélation est observée chez les volailles ou les vaches laitières. Mais pas forcément chez les porcs. Les chercheurs de l’Inra ont testé deux lignées, sélectionnées selon leur aptitude plus ou moins importante à convertir leur nourriture en gain de poids. Il s’est avéré que les animaux les plus efficaces étaient aussi ceux qui résistaient le mieux à des conditions d’hygiène défavorables, caractérisées par l’absence de nettoyage des salles et le mélange des animaux. Ces conditions augmentent le nombre de lésions pulmonaires et d’inflammations, tout en diminuant la croissance de tous les animaux, mais la lignée plus efficace était moins affectée. Il n’est cependant pas possible, pour l’instant, de savoir si cette observation est généralisable. Les scientifiques sont toujours en train d’analyser ce qui différencie les deux lignées et commencent juste à voir des écarts au niveau des réponses immunitaires.

 

Maryse Chabalier

(1) Voir pages 10-11

Nathalie Le Floc’h, tél. 02 23 48 50 39
nathalie.lefloch@inra.fr

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