On boit du lait depuis 7 000 ans

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N° 381 - Publié le 8 juillet 2020
LAURENT JUHEL / INRAP
Ces bols en céramique mis au jour près de Lannion contenaient du lait ou du fromage.

Découverts sur le littoral européen, des pots de lait du néolithique permettent de dater l'apparition de l’élevage laitier.

Le beurre breton, c'est une vieille histoire. Une découverte majeure, publiée dans la revue Nature, est issue d’analyses chimiques de 234 tessons1 utilisés pour la cuisine. Ils ont été récoltés sur 24 sites archéologiques, de l’Angleterre jusqu’au sud du Portugal. Parmi eux, celui de Kervouric2 à Lannion est le plus vieux site néolithique de la région. « C’est une prouesse de rassembler tant de collections archéologiques, qui représentent 30 ans de recherche dans l’Ouest », indique Grégor Marchand, chercheur CNRS à l’Université de Rennes 1, co-auteur de cette étude internationale3.

Dans la majorité des fragments de poteries, vieilles de 5 000 à 7 000 ans, des résidus de lipides attestent la présence de produits laitiers. « Ces récipients témoignent de la production laitière que nous pensions plus tardive, poursuit l’archéologue. Ils étaient utilisés pour faire et conserver du beurre, du fromage ou boire du lait. » 

Dans le nord de l’Europe, l’élevage laitier était plus important. Il aurait favorisé le lait de vache, plutôt que celui de chèvre ou de mouton, adaptés à l’environnement du sud. Confrontés à un climat plus rude, les populations néolithiques du nord auraient eu davantage besoin des matières grasses du lait. « Ces résultats intéressants coïncident avec la tolérance au lactose, meilleure chez les populations du nord-ouest. »

Pas d’aliments marins

L’absence de traces d’aliments marins dans les récipients analysés est surprenante. « La céramique néolithique tourne le dos à la mer, au profit des produits laitiers. En élevant les bovins il y a 7 000 ans, les communautés bretonnes et normandes ont choisi un régime proche des pratiques actuelles. »

Marion Guillaumin

1. Fragments de pots.
2. Fouille dirigée en 2014 par Laurent Juhel (Inrap).
3. Conduite par Miriam Cubas de l’Université de York (Royaume-Uni).

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