La domotique est écologique

La révolution de l'habitat

N° 384 - Publié le 12 novembre 2020
NICOLAS GUILLAS
Patrice Barbel est responsable des formations "Bâtiment intelligent" à l'Université de Rennes 1.

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Pour réussir la transition écologique, l’habitat intelligent est une piste. La domotique permet de relier les technologies autour de l’objectif énergétique.

Pour économiser de l’énergie, il faut d’abord renforcer l'isolation thermique des bâtiments. Mais on peut aussi s’appuyer sur la domotique1. Ce mot signifie-t-il tout régler dans une maison connectée, du chauffage aux volets, grâce à une télécommande ou un téléphone ? Patrice Barbel, responsable des formations “Bâtiment intelligent” à l'Université de Rennes 1, a une définition plus large :  « La domotique est une science anthropotechnique. L'habitant est au cœur d'une ingénierie des technologies : on s'intéresse à la façon dont il occupe son habitat et produit des activités multiples. »
Pour son activité professionnelle, les loisirs, la santé, le sport ou le bien-être, chez lui ou ailleurs, l’habitant peut agir sur les composants du bâtiment dans lequel il se trouve. Ceux-ci sont multiples : radiateur, thermostat, chaudière, lumière, tablette de contrôle, capteur de température, d'hygrométrie, de présence ou de Cov2… La performance énergétique d’un habitat est améliorée grâce à ces composants « et leur connectivité permet d’optimiser la production d'énergie », précise Ghislain Nouvel. « Mais l’addition de systèmes électroniques dans une maison ne crée pas un habitat intelligent, souligne Patrice Barbel. L'ingénierie consiste à penser l'organisation de ces composants, à partir des besoins et des interactions de l'utilisateur avec son cadre de vie. »

Une dérogation de 2° C

Un ingénieur en domotique formé à Rennes3 sait vérifier, grâce aux données recueillies par des capteurs, si l’objectif de performance énergétique d’une façade est atteint. Mais il doit surtout faire de la “conception orientée usage”. C’est-à-dire ?  « Prenez un bâtiment dans lequel les volets se ferment automatiquement quand le soleil chauffe très fort, expliquent les spécialistes. C'est utile pour éviter que la température s'élève. Mais si un utilisateur entre dans la pièce, il faut respecter ses choix. Il doit pouvoir garder le contrôle et “débrayer”. » Et si l’on a froid dans un local professionnel ? « Quand la chaleur est réglée à 20° C, le système doit pouvoir autoriser une dérogation, à plus ou moins deux degrés, sur une durée précise. Car si l'on a froid à un moment, c'est peut-être que l'on a faim, ou qu'il faut bouger un peu. Il faut prendre en compte l'activité de l'occupant. »
Le domoticien doit aussi mettre en relation l'ensemble des acteurs du bâtiment (spécialistes du chauffage, de la lumière, fournisseurs d'équipement, bureau d'études thermiques, collectivités locales...). En effet, plusieurs systèmes connectés peuvent être installés pour l'éclairage, la ventilation, le chauffage ou les volets… sans être reliés entre eux ! « Alors que tout est lié dans un bâtiment, par exemple entre les ouvertures dans une façade, la lumière dans la pièce et son chauffage. » Sans cette approche domotique globale, isoler une façade ne suffira pas pour limiter les pertes d'énergie…

NICOLAS GUILLAS

1. Du latin domus, la maison. Le suffixe évoque les technologies de l'information et de la communication (Tic).
2. Composés organiques volatils (gaz).
3. Les formations en technologies pour le bâtiment à l’Université de Rennes 1 sont des licences professionnelles et des masters.

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