Le blob fascine écoliers et lycéens
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Plus de 4 500 établissements scolaires ont eu la chance d’étudier un organisme bien particulier : le blob. À Vitré, une école et un lycée ont expérimenté ensemble.
« Il mange mais n’a pas de bouche. Il se déplace sans pattes et n’a pas de cerveau ! » Voici ce que les élèves de CM1 et CM2 de l’école primaire Pierre Lemaître à Vitré auront retenu du blob, cette espèce jaune et gluante constituée d’une unique cellule géante. Les écoliers et leurs voisins du lycée Bertrand d’Argentré ont fait avancer la recherche en participant à une expérience lancée par le Cnes1 et le CNRS. Ils ont recréé en classe différents environnements pour observer le comportement du blob... qui n’est ni un animal, ni un végétal, ni un champignon. C’est un myxomycète2 qui intrigue autant les élèves que les chercheurs.
Des blobs dans l’espace
Comme plus de 4 500 établissements scolaires à travers la France, l’école et le lycée de Vitré ont reçu leurs blobs en septembre par voie postale. Un voyage qui n’a pas perturbé cet organisme puisqu’il dormait ! « Le blob s'était réfugié à l’intérieur d’un papier filtre séché, où il peut rester endormi deux ans », indique Didier Thieurmel, professeur de SVT au lycée. En parallèle, l’astronaute français Thomas Pesquet a reçu quatre blobs à bord de l’ISS3. Il a injecté de l’eau dans leur boîte afin de les réveiller et d’étudier leur comportement en micropesanteur. Véritables chercheurs en herbe, les élèves vont permettre de comparer ses résultats aux blobs terrestres ! Ils ont reproduit le même protocole avec les moyens à leur disposition. À l’école primaire, les blobs sont déposés sur un papier filtre humidifié, puis observés à intervalles réguliers durant une semaine. Certains sont mis en présence de nourriture. « Ils raffolent des flocons d’avoine, mais se montrent plus ou moins difficiles suivant les marques ! » constate Didier Thieurmel.
Manipulations diverses
Les élèves de CM1 et CM2 se sont déplacés le vendredi 22 octobre jusqu’au lycée pour montrer leurs photos et exposer leurs conclusions à une classe de seconde. Dénommés Blobby et Blob Marley, les deux êtres étranges se sont déplacés sur le papier mouillé, puis se sont à nouveau endormi au fur et à mesure que le milieu se desséchait. Pour les élèves, cette journée dans la cour des grands a aussi permis de découvrir les expériences que leurs ainés ont réalisées grâce aux matériels du lycée. Plusieurs écoliers ont utilisé un microscope pour la première fois. « Nous pouvons leur montrer qu’il s’agit bien d’un être vivant grâce aux mouvements du cytoplasme à l’intérieur du blob », poursuit le professeur. De leur côté, les lycéens ont mis au point différentes expériences : création d’une barrière entre le blob et les flocons d’avoine, ajout de sel, ou encore dépôt de haricots, pois chiches et grains de riz pour analyser ses préférences alimentaires. « Il semble préférer les haricots » observe Simon, élève de seconde en charge de cette manipulation. Malheureusement, toutes les expérimentations n’ont pas été couronnées de succès.
« Les lycéens ont pu remarquer qu’il y a une part aléatoire avec la manipulation d’un être vivant », ajoute Didier Thieurmel. Ils en tirent tous une expérience enrichissante. « C’est intéressant de recevoir les primaires et de leur faire nous-mêmes découvrir des choses » retient Dorine, élève de seconde.
Nouvelles expériences en vue
Les recherches ne s’arrêtent pas là pour les lycéens. Ils vont confectionner des posters sur les caractéristiques du blob, ou encore sur les missions de l'ISS. Et maintenant que les enseignants sont équipés, rien ne les empêchera de réveiller les blobs l’an prochain pour leurs futures classes. « J’aimerais bien être déjà au lycée », glisse Martin, actuellement en CM2. Mais pas question de griller les étapes ! Les élèves passionnés pourront poursuivre l’expérience à domicile. En effet, le succès de ce projet participatif dans les écoles a donné des idées au CNRS. Il propose à 10 000 personnes volontaires d’observer un blob durant une semaine au printemps 2022, avec un nouvel objectif : comprendre les effets du changement climatique sur cet organisme habitué aux zones tempérées.
BENJAMIN ROBERT
Contact
Didier Thieurmel
didier.thieurmel [at] ac-rennes.fr (didier[dot]thieurmel[at]ac-rennes[dot]fr)
Notes
1. Centre national d'études spatiales.
2. Être unicellulaire qui possède une masse de cytoplasme, dans laquelle le noyau s'est divisé un grand nombre de fois.
3. Station spatiale internationale. Thomas Pesquet y est resté du 24 avril au 9 novembre.
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