Les animaux aussi jouent

Les pouvoirs du jeu

N° 417 - Publié le 22 février 2024
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Un rat sort d’une boîte en carton, cherche du bout de son museau l’humain dans la pièce avant de s’arrêter à ses pieds : trouvé ! Une main le chatouille, puis le jeu recommence en inversant les rôles. Cette expérience, menée en 2019 par des neuroscientifiques allemands, a montré que les rongeurs sont capables d’apprendre à jouer à cache-cache sans la moindre récompense et de s’en amuser. « Ces comportements complexes sont plutôt observés chez les jeunes et les mâles, plus actifs », précise Sophie Lumineau, éthologue au laboratoire Ethos à Rennes. Ils peuvent être de trois types : le jeu social à plusieurs, comme deux chiens qui se mordillent, le jeu locomoteur impliquant par exemple le saut et les roulades et enfin le jeu avec un objet. « Les études ont surtout été menées sur les mammifères et les oiseaux, détaille Sophie Lumineau, mais on commence à s’intéresser à d’autres animaux. » En 2022, des chercheurs anglais ont d’ailleurs mis en évidence l’amusement de bourdons et d’abeilles avec une balle en bois de 15 mm de diamètre qu’ils faisaient rouler. Les insectes seraient donc aussi joueurs !

Absence de danger


Ne survenant qu’en l’absence de danger, ces moments ludiques permettraient à l’animal d’expérimenter, en reproduisant des schémas de prédation ou de fuite, mais aussi de développer de nouvelles techniques d’adaptation. Mathilde Tahar, chercheuse en philosophie de la biologie à l’Université de Lille, écrivait sur The Conversation que « le jeu pourrait faciliter l’apparition d’innovations qui n’auraient peut-être pas vu le jour autrement ». Enfin, il aurait un rôle de cohésion sociale. C’est en tout cas ce qui a été démontré chez un groupe de corbeaux, au sein duquel certains se mettaient à jouer en voyant d’autres s’amuser. Un exemple de contagion émotionnelle que l’on croyait jusque-là réservée aux humains.

Sophie Podevin

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