Isoler la molécule de la biodiversité marine

N° 268 - Publié le 4 novembre 2014
© Ifremer-Éric Lacoupelle
Dans les échantillons prélevés en eaux profondes pendant les campagnes océanographiques de l’Ifremer, se cache peut-être une molécule qui fera parler d’elle...

Cibler sa recherche
Comment font les scientifiques pour trouver des molécules biologiquement actives dans la mer, ce puits sans fond ?

Une des stratégies consiste à partir avec un a priori sur la classe de molécules visées ou sur son activité : la recherche d’une activité antitumorale de polysaccharides (sucres) de bactéries marines, ou des petites protéines (peptides) issues des organes génitaux de roussettes. Une autre stratégie, sans a priori, vise à explorer la plus grande diversité chimique de petites molécules issues d’une zone particulière (la dorsale océanique et ses cheminées sulfureuses, le littoral...), soit d’un type d’animal, de plante, d’organisme ou de produit (poissons sélaciens, éponges, bactéries, algues, coproduits de la pêche). Ces travaux exploratoires permettent de constituer des chimiothèques, c’est-à-dire des collections de molécules purifiées.

Passer les candidats au crible

Après la pêche, il faut faire du tri et ne retenir que les molécules qui ont une activité intéressante. On appelle cette phase le criblage. Là encore, les chercheurs disposent d’une grande variété de moyens : ciblothèque, enzymes, tests sur des systèmes cellulaires, des modèles animaux..., qui vont conditionner le débit de découverte. « La phase de criblage est un peu comme un goulot d’étranglement. On a beaucoup de molécules au départ et peu de candidats vont révéler un principe actif , explique Philippe Potin, chercheur à la Station biologique de Roscoff. Dans les années 70-80 en Bretagne, on avait beaucoup d’extraits de molécules et peu de moyens pour tester leur activité. Aujourd’hui, c’est l’inverse, on dispose de plates-formes de criblage automatisées, mais on manque de chimiothèques de molécules purifiées pour les alimenter. L’équilibre n’est pas évident à trouver. »

Confirmer l’activité

La troisième phase consiste à tester le principe actif, mais aussi la non-toxicité des molécules sur des cellules et des modèles animaux.

Nathalie BLANC

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