L’histoire des petits cochons

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N° 271 - Publié le 6 août 2014
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À Saint-Gilles (35), des chercheurs créent une race de porcs nains adaptée aux travaux sur la nutrition humaine.

Ils pèsent 50kg à peine à l’âge adulte. Les miniporcs qui gambadent dans les porcheries de l’Inra(1) ne rentrent pas dans les standards porcins. Arrivés à Saint-Gilles il y a quelques mois, ils font partie de la plate-forme d’imagerie miniporcs, inaugurée le 4 novembre dernier. « Le porc est l’un des meilleurs modèles pour la nutrition humaine », souligne David Val-Laillet, chargé de recherche à l’Inra(2). Son système digestif est proche du nôtre et son régime alimentaire aussi : le cochon mange de tout, avec une faiblesse pour les sucreries... En revanche, travailler avec des porcs adultes est un exercice périlleux. Essayez donc de faire entrer une truie de 250kg dans un appareil d’IRM(3) ! « Nous allons créer notre propre race de porcs nains pour fournir un modèle alternatif aux équipes qui travaillent sur des rats ou des souris », poursuit le chercheur.

Du Yucatán et du Vietnam

Pour l’heure, les nouveaux venus sont des spécimens connus : Yucatán, vietnamiens et “Pittman-Moore”. En Europe ou aux États-Unis, des élevages sont déjà en place. Mais les restrictions sanitaires rendent l’importation difficile et, souvent, ces races sont inadaptées aux recherches sur la nutrition humaine. « Certains ne ressentent pas la satiété, explique Charles-Henri Malbert, directeur de recherche et responsable de la plate-forme, un sérieux obstacle pour nous qui travaillons sur les troubles du comportement alimentaire. Et ils sont souvent protégés par un brevet. Nous ne pouvons pas les reproduire et étudier la nutrition infantile. »

Les neurones de l’alimentation

Dans un premier temps, l’équipe va étudier et multiplier les trois races, avant de sélectionner les individus intéressants sur des critères particuliers : fragilité cardiaque, propension à l’obésité... Les premiers croisements devraient avoir lieu d’ici 2011. En attendant, les chercheurs pourront tester l’équipement de tomographie à émission de positron (TEP) arrivé récemment au laboratoire. Cette machine permet de “photographier” l’activité cérébrale du quadrupède. « Nous voulons obtenir une cartographie d’activation cérébrale, précise Charles-Henri Malbert, pour savoir quelles zones sont mises en route lorsqu’on mange. La TEP permet de le mesurer et, contrairement à l’IRM, nous pouvons endormir l’animal pendant l’examen sans perdre d’informations. » Une option pratique, car l’éducation des cochons pour leur apprendre à tenir en place sans grogner dans l’appareil n’est pas encore au programme des recherches.

Charles-Henri Malbert, Tél. 02 23 48 50 71
charles-henri.malbert [at] rennes.inra.fr (charles-henri[dot]malbert[at]rennes[dot]inra[dot]fr)

David Val-Laillet, Tél. 02 23 48 50 72
david.val-laillet [at] rennes.inra.fr (david[dot]val-laillet[at]rennes[dot]inra[dot]fr)

(1) Institut national de la recherche agronomique.
(2) Unité mixte de recherche Inra/Agrocampus “Système d’élevage, nutrition animale et humaine”.
(3) IRM : Imagerie par résonance magnétique.

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