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N°19, l'île de la contradiction

Départ ce matin avec un Ornithologue pour compter les Prions de la Désolation et les Pétrels Bleus qui nichent dans l'île verte. Ces oiseaux vivent la nuit afin d'éviter les redoutables chasseurs que sont les Skuas. Du fait de l'absence d'arbre, ils habitent sous terre. Ils creusent des galeries aux multiples ramifications. L'entrée est calfeutrée par des cailloux. Comme beaucoup d'oiseaux marins, leurs pattes sont palmées. Leurs plumes d'un gris-bleuté  élégant en harmonie avec les couleurs des rochers de Kerguelen s'ébouriffent dans le vent. Pour effectuer le travail de comptage, l'Ornithologue rentre son bras dans le terrier, comme un vétérinaire fouille une vache, jusqu'à l'épaule. Il parcourt les galeries et trouve ou pas cet oiseau qu'il ramène par le bec, pour ne pas abîmer son plumage. Il lui mesure bec et ailes. L'oiseau sera pesé la tête en bas, dans une espèce de bouteille à large goulot et sans fond. 125 grammes. Après ces manipulations, l'oiseau sera remis au fond de son abri. Les pierres seront redéposées à l'entrée à peu près à l'identique. Mais est-ce que l'identique d'un oiseau de 125 grammes et d'un homme peut être le même ? Quel stress occasionne ces manipulations ?

Dans un autre terrier, nous trouvons un petit Pétrel Bleu encore en duvet. Il est magnifique. Comme je ne me sens pas très à l'aise, je pars marcher dans le vent. C'est parfois contradictoire dans ma tête. Je trouve toutes ces études subantarctiques très intéressantes, mais je ne supporte pas très bien les manipulations qu'elles exigent sur les animaux.

Au retour, le chaland glisse le long des parois des îles en un long travelling aux mille nuances. Les vitres de la cabine sont mouchetées de sel. Il fait chaud et la musique réunionnaise se marie bien avec le bruit du moteur.