Pêches en mer

EXPOSITION TEMPORAIRE

Les poissons, les mollusques et les crustacés sont les principaux produits de la mer consommés par l'homme. Avant d'arriver dans notre assiette, ces espèces vivent dans un milieu dont l'équilibre est fragile. Dans un environnement difficile, les marins pêcheurs ont su exploiter cette ressource sauvage de façon performante. Cependant, cette exploitation montre des limites. Une crise s'est installée depuis quelques années, elle mêle raréfaction de la ressource vivante, chute de la rentabilité, et concurrence entre types de pêche. Scientifiques et gestionnaires proposent diverses solutions qui souvent nous semblent complexes. C'est dans cet univers de sel et de paquets de mer que nous vous embarquons pour découvrir l'univers marin aux frontières de la terre.

La mer : une réserve alimentaire

Les océans sont une grande réserve de nourriture : ils nous fournissent poissons, mollusques, crustacés. Cette ressource vivante présente des qualités nutritionnelles spécifiques. Au cours du XX ème siècle son exploitation a fortement évolué. Aujourd'hui, un homme consomme en moyenne 13,5 kg de produits de la mer par an.

  • La consommation des produits de la mer

Même s'il existe de fortes disparités régionales, les produits de la mer connaissent un vif succès auprès des ménages français. Les quantités consommées ont augmenté de 48% en 10 ans et représentent 5% du budget alimentaire. La baisse des prix et l'arrivée sur le marché de nouveaux produits frais et transformés répondent à une exigence croissante.

  • De l'océan à l'assiette

Avant d'être consommés, les produits de la mer accomplissent, au froid, un grand périple aux multiples étapes. Du lieu de leur prélèvement au panier de la ménagère peu de temps s'écoule avant qu'ils nous soient proposés.

 

Le milieu marin

Les poissons et les "fruits" de mer vivent dans différents milieux auxquels ils sont adaptés : les biotopes. En constante évolution, ces biotopes déterminent la manière dont les espèces animales et végétales vont se reproduire, survivre et se répartir dans l'océan.

  • Qui mange qui ?

Dans les océans, tous les organismes vivants forment un immense réseau de chaînes alimentaires. De l'algue microscopique à la larve de crustacé, de la sardine au thon, de la crevette à la baleine, chacun est mangé par l'autre. A différents échelons de la chaîne alimentaire l'homme prélève par la pêche une part importante des ressources océaniques.

  • Une ressource sous influence

Des facteurs naturels déterminent la distribution et l'abondance des espèces marines. Ils agissent principalement sur les premiers stades de leur vie.

  • Les espèces sous surveillance

Les animaux marins constituent une ressource limitée, mobile, diffuse et cachée dans un milieu océanique difficilement pénétrable. Les scientifiques disposent d'outils destinés à dresser un bilan sur l'état des populations des espèces marines et à évaluer les quantités disponibles à l'exploitation.

 

La Bretagne, première région de pêche française

La Bretagne, située au centre de trois régions maritimes d'importance, le golfe de Gascogne, la Mer Celtique et la Manche, constitue la principale zone de débarquement, de traitement et de consommation des produits de la mer en France. Près de la moitié des débarquements français sont effectués dans les ports bretons. La Bretagne compte douze quartiers maritimes et treize halles à marée. Malgré les crises traversées ces dernières années, l'activité de pêche y emploie directement près de 4 000 marins-pêcheurs, embarqués sur 2 000 bateaux.

  • Des engins traînants...

Les engins de pêche sont souvent classés en deux catégories, les passifs et les actifs. Les engins actifs sont traînés par le navire lors des opérations de pêche. C'est pourquoi ils sont encore appelés traînants. Parmi ces engins, on trouve les chaluts, les dragues, les lignes de traîne et les bolinches.

  • ... et des engins dormants.

Les engins dormants sont le plus souvent calés sur le fond, reliés à une bouée et un fanion qui indiquent leur position en surface. Parmi ces engins, figurent les casiers, les palangres, les filets droits et les trémails. Les filets et les palangres sont parfois laissés à la dérive pendant plusieurs jours.

  • Des types de pêche et d'armements aux notions de pêcheries et de métiers.

L'administration maritime distingue quatre types de pêche, petite pêche, pêche côtière, pêche au large et grande pêche, et trois catégories d'armements, industriel, semi-industriel et artisanal, en fonction de la taille des bateaux, de la durée des marées et de la nature des entreprises qui gèrent les navires de pêche. Cependant, ces catégories ne définissent pas les modalités réelles d'exploitation, à savoir les zones fréquentées, les engins utilisés ou les espèces recherchées. C'est pourquoi scientifiques et gestionnaires des pêches préfèrent utiliser les notions de pêcheries et de métiers, qui prennent en compte ces trois paramètres.

  • Le 19ème siècle, ère du thon blanc et de la sardine

En dehors de la grande pêche morutière des paimpolais et des malouins, le 19ème siècle est marqué en Bretagne par la prédominance des pêches d'été, la pêche côtière à la sardine et la pêche au thon blanc en haute mer. Les zones de pêche sont alors situées dans le golfe de Gascogne au sud des côtes bretonnes. Les pêches d'hiver sont orientées vers la capture de poissons de fond que les chasse-marée acheminent vers de grandes villes comme Nantes, La Rochelle, Bordeaux ou Bayonne. Mais les zones de pêche et de distribution du poisson sont encore relativement restreintes.

  • La fin du 19ème et le début du 20ème, l'ère des grandes mutations.

La fin du 19ème siècle voit l'apparition de progrès technologiques, découlant de la révolution industrielle. Le développement des chalutiers à vapeur et des machines frigorifique va permettre de dépasser les crises sardinières et de développer la pêche bretonne grâce à l'exploitation des poissons de fond. Les chaloupes, les canots, les sloops et les dundees vont progressivement faire place à des chalutiers fréquentant le golfe de Gascogne. L'apparition des trains de marée contribue à étendre considérablement la zone de distribution des produits de la pêche bretonne.

  • Seconde moitié du 20ème siècle, mutation des pêches en hautes mer.

Au cours du 20ème siècle, la pêche bretonne au large, traverse plusieurs crises liées à l'état de la ressource sur les zones traditionnelles de pêche. Les marins s'adaptent, en modifiant leurs outils, en prospectant de nouveaux fonds, en exploitant de nouveaux stocks de poissons. Ainsi, dès 1960, les débarquements de lieu noir, de lingue bleue en provenance de la Mer Celtique, de l'Ouest Irlande et du Nord Ecosse se généralisent. A la fin des années 1980, la diversification de l'exploitation s'étend aux profondeurs atteignant plus de 1000 mètres ou sont capturés de nouvelles espèces commerciales telles que poissons grenadier, empereur et siki. Durant cette même période, le transport par route remplace progressivement les trains de marée, améliorant ainsi la desserte d'une grande partie de l'Europe au départ de la Bretagne.

 

Gestion de la ressource

  • Surexploitation des ressources et déstabilisation des marchés

La plupart des stocks de poissons recherchés par les flottilles de pêche montrent des signes certains de surexploitation à l'échelle européenne et mondiale. La dégradation de l'état des principaux stocks dans les eaux européennes est la conséquence de captures effectuées en quantités trop importantes par rapport à la capacité de reproduction et à la vitesse de croissance des espèces recherchées. A cette difficulté entraînée par la surexploitation de la ressource s'ajoute, depuis une trentaine d'années une déstabilisation des marchés des produits de la mer causée par une internationalisation croissante. Malgré diverses tentatives des coopératives de pêcheurs visant à organiser le marché, les résultats économiques des entreprises de pêche se sont dégradés ces dernières années. La tendance est toutefois actuellement à la reprise.

  • Réglementer l'accès aux zones de pêche et l'usage des ressources vivantes de la mer.

L'accès aux zones de pêche et l'usage des ressources vivantes marines sont réglementés à l'échelle européenne pour un certain nombre d'espèces et de pêcheries de haute mer. Les maillages autorisés et la gestion par quotas relèvent de la Politique Commune des Pêches, qui vise à pérenniser la ressource par une action conjuguée sur le volume et sur la taille des captures. La réussite de cet objectif passe par un ajustement de la capacité de capture des flottilles à la capacité de renouvellement des stocks.

  • Améliorer la sélectivité des engins de pêche.

Assurer le renouvellement d'un stock de poisson et la pérennité des activités de pêche passe par le respect de tailles minimales de capture et de mise sur le marché. C'est en améliorant la sélectivité des engins de pêche, c'est-à-dire en favorisant l'échappement des espèces sans intérêt commercial et des individus de trop petite taille, que des rejets importants pourront être réduits. Mais les formes et les comportements d'une langoustine, d'un merlu ou d'une baudroie sont bien différents les uns des autres. L'amélioration de la sélectivité des chaluts nécessite donc de travailler autant sur la taille des mailles que sur la forme ou le gréement des engins utilisés pour la capture.

  • De la gestion des pêches à la gestion de la bande côtière

D'une largeur de 12 miles, soit 22 km, la bande côtière est un espace étroit. Géographiquement, elle est un trait d'union entre la haute mer et le continent. Economiquement, elle représente pour plus de 85 % des bateaux bretons, le siège de leur activité de pêche. Biologiquement, elle joue un rôle primordial dans le cycle de vie de nombreuses espèces de poissons d'importance commerciale. Ses estuaires et ses baies, offrent des zones de fraie, d'alevinage et d'alimentation qui sont le siège d'environ 95 % de la production marine totale. Cet espace fragile est une zone d'échange avec le continent. Elle recueille l'eau douce des cours d'eau, quelquefois pollués par l'agriculture et l'industrie située en amont. Touristique, elle est abondamment sollicitée en période estivale. Tous concernés, notre défi consiste à gérer harmonieusement un ensemble de contraintes biologiques et de contraintes socio-économiques liées à l'organisation de nos sociétés littorales.