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N° 36, les feux du départ

Le départ de la base en hélicoptère est aussi rapide que violent. Le matin, je filmais du port pétrolier de Port-aux-français, le chargement du chaland sur le Marion. et le soir dans une nuit d'encre, je filmerai le ballet des lumières de toutes les voitures de la base alignées pour un ultime adieu. Ma caméra, dans le nuit, cherche une mise au point possible. Elle enregistre ses hésitations, ses flous,  donne aux lumières mille façons de diffracter et crée un feu d'artifice digne de l'évènement. La fenêtre de la cabine est magique : elle est carrée aux angles ronds et mesure environ un mètre. Couchée sur le ventre, l'oreiller roulé en boule sous le menton, j'ai l'impression avec la houle de faire du cheval à bascule où l'horizon, le ciel et l'eau remplacent les murs de ma chambre d'enfant. Nous verrons l'île Saint-Paul du bateau. Ses parois sont riches en couleur, même si le ciel nous accorde qu'une lumière un peu plombée. Quelques personnes descendrons, ceux de la réserve naturelle et deux scientifiques pour vérifier le marégraphe. Le voyage continue et nous passerons deux jours à l'île d'Amsterdam, le temps de l'approvisionner pour l'hiver (nourriture, carburant, et matériaux divers). Le paysage a une saveur un peu méditerranéenne, peut-être est-ce la présence des phylicas ! Ils ont une ressemblance avec les pins qui savent si bien se courber sous les caresses parfois musclées du vent. Les otaries sont les reines de la partie basse de l'île. Leurs nombreuses progénitures jouent en front de mer avec des fragments d'algues qu'ils lancent comme un ballon qui ne sait rebondir.