Après le petit-déjeuner, je suis allée en cuisine regarder le Pâtissier faire le pain et des barres de céréales. J'aime bien la pâte à pain, elle vit comme un animal dont l'intérieur du corps serait identique à la peau. Malgré l'absence de système interne, elle a la capacité de changer de forme, d'aimer la chaleur, de gonfler, de se rétracter et d'avoir une durée de vie. Son odeur, à la cuisson, crée une image olfactive du bonheur. Les barres de céréales du Pâtissier de Kerguelen sont un must. Si par chance, une rescapée d'un séjour en cabane ou d'une journée de marche est en votre possession, vous entrez en négociation avec votre volonté qui se transmutte automatiquement en glace sous un soleil tropical. Puis vous trouvez la formule magique : Juste pour le plaisir...
Sur la base, les repas sont pris à heure fixe sauf le petit-déjeuner qui lui fonctionne avec une plage horaire. Les places pour les repas ne sont pas réservées. Chacun s'installe de part et d'autre d'une grande table. On ne sait jamais à côté de qui on va manger. Ce système permet de mixer les différents milieux : chercheurs, VSC (volontariat service civique, ce sont eux qui appliquent sur le terrain les protocoles des recherches scientifiques), ainsi que les personnels du CNES, de la météo, de l'hôpital. Le fonctionnement de la base est assuré par les militaires de l'armée de terre (garage, eau, chauffage...), de l'air (système radio, internet, communication...), et de la marine (bateau pour se rendre dans les îles, plongées, ravitaillement des bateaux sur zone...). Les repas sont assurés par une équipe de 5 personnes. Sur base et en cabane, la relation à la nourriture est importante. Elle rythme certains jours de la semaine avec par exemple le fameux steack-frites du vendredi soir. Il y a aussi une équipe pour les travaux (réfection des bâtiments, désamiantage, construction...), et naturellement un chef de district qui a une fonction identique à celle du Maire. Maire qui n'aurait aucun résidant de plus d'un an et qui est nommé et non pas élu. Il restera lui aussi au maximum une année avant de retourner soit à la Réunion soit en Métropole.