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N°32, de merveilleux comédiens

La cabane du Laboureur se trouve dans les îles. Elle est construite en bois et possède tout le confort : groupe électrogène, douche et radian. Elle est entourée de montagnes, c'est un lieu où je me sens bien et j'ai l'impression d'être en Savoie. Dans des roches escarpées, une petite colonie de gorfous sauteurs vit non loin de la cabane. Le matin, ils sont calmes et peu nombreux. Peut-être sont-ils encore ensommeillés sous les rochers. Par contre, l'après-midi ils deviennent très volubiles. Les petits paillent sans cesse pour obtenir à manger. Après avoir été ainsi harcelées, les mères régurgitent de bec à bec. A peine, ont-ils dégluti que les poussins recommencent à réclamer de plus belle. Les petis vivent dans de petites crèches à 4 , 5 entre des blocs de pierre. Sur les rochers avoisinants, les adultes les entourent comme des statues-sentinelles, dignes et fières. La tête inclinée vers le ciel, ils surveillent les skuas. Dès qu'un poussin sort de son trou, il se fait rabrouer à coup de bec. Les adultes ont des expressions extrêmement photogéniques. Ils se déplacent le dos courbé, le bec en avant, ils donnent l'impression d'être fachés avec le monde entier. A plusieurs reprises, un gorfou sauteur traverse la colonie et se dirige vers moi. La première fois, j'ai cru que son magnifique bec orangé allait se retrouver planté dans mon mollet. Mais, environ à un mètre de moi, il s'arrête, ouvre ses ailerons, incline la tête et me regarde. A chaque fois, cette curiosité sans agression m'émeut. Il reste là, le temps de satisfaire sa compréhension de moi, l'Humain et repart. J'ai toujours un peu de mal à analyser mes sensations car être regardée par un animal sauvage n'est pas une chose habituelle. Mais je vis toujours ces situations avec un grand plaisir et aussi un grand honneur. Cette réciprocité de l'Autre me plait et me remplit de sérénité.