Les bras ballants, il est remonté à la surface à 12h30, moteurs éteints. Victor est malade. Sa troisième plongée devait durer 36 heures. Mais le robot n’aura tenu que quinze heures avant le black-out total.
Victor n’a pas eu le temps de « ranger » ses bras.
Les pilotes du robot sont électroniciens, mécaniciens ou informaticiens. Très rapidement, ils établissent un diagnostic. Un seul câble fait la liaison entre Victor et le navire. Assez solide pour supporter son poids lors de la remontée, il sert aussi de laisse qui l’empêche de s’enfuir. À l’intérieur, la fibre optique assure la communication et cohabite avec les fils électriques. Ceux-là même qui sont, aujourd’hui, les responsables de la panne. Il n’y a pas de câble de rechange. Une opération chirurgicale est donc nécessaire.
Les MacGyvers du robot (de gauche à droite, Yves Potier, Maxime Monfret et Maxime Geay) sont déterminés à soigner la bête.
La vie à bord continue...
À tribord, David Le Chelard, matelot (à gauche), et Tony Le Berre, chef de bordée, réparent un tuyau d’évacuation.
Frédéric Quinton, matelot, prépare un bout de 10 mètres, capable de supporter 70 tonnes, qui servira à suspendre des engins au portique du pont arrière.
En salle de sport, Yann Lelièvre, doctorant en écologie à l’Ifremer, perd au ping-pong face à Benoît Pernet-Coudrier, chimiste à l'Institut universitaire européen de la mer.
Thomas Leleu, chimiste à l’Université de Toulouse, mesure le taux de fer de ses échantillons.
Lorsque Victor est en fond de mer, les autres engins restent à bord pour ne pas gêner la mission. Mais s’il reste dans sa niche, il faut en profiter. Romuald Daniel, géophysicien au CNRS, ne perd pas de temps. Il passera la journée et la nuit à mettre à l’eau des instruments (OBS) équipés d’un sismomètre couplé à un hydrophone qui enregistre les sons des micro-séismes du site.
Parenthèse géologique
Dorsale médio-océanique, volcan Lucky Strike… Rien ne vaut une petite séance de rappel avec Mathilde Cannat (CNRS) pour y voir plus clair.
Les plaques s’écartent de quelques centimètres par an. Conséquence : le volcan, dans le creux formé par la dorsale, se fissure et laisse passer les fluides.
Trois phénomènes provoquent l’activité sismique que mesure Romuald : l’écartement des plaques tectoniques, la circulation des fluides dans la roche et l’activité volcanique elle-même.
Verdict à 22h ce vendredi
Si Victor peut repartir, alors le rythme déjà soutenu en début de campagne devra s’intensifier pour venir à bout du programme prévu…
À suivre…