Des élèves de l’école primaire Oscar Leroux, un établissement scolaire parrainé par la frégate « La Motte-Picquet », nous ont demandé, dans une lettre aux marins, comment l’électricité était produite à bord d’une frégate comme la notre. Puisqu’ils sont des lecteurs fidèles du blog « Cap au Nord », ils trouveront directement ici notre réponse.
Laissons parlons deux quartiers-maîtres électriciens du « La Motte-Picquet », qui nous expliquent comment l’énergie électrique est produite et distribuée à bord de la frégate. Avec 240 membres d’équipage, notre frégate est comparable à un petit village, et ses besoins en électricité sont très variés.
Quels sont nos besoins en électricité ?
Les machines
Les machines servant à la propulsion du bateau sont de grosses consommatrices d’énergie électrique. Si les machines ne fonctionnent pas elle-mêmes à l’électricité, c’est en revanche le cas de nombreux équipements auxiliaires : les pompes électriques pour l’alimentation en gazole, en huile et en eau de mer de réfrigération des moteurs, les pompes d’assèchement des cales (pour évacuer l’eau) et même les pompes alimentant le « collecteur incendie » (le système qui fournit en eau les manches pour lutter contre les incendies).
Les centrales hydrauliques utilisées pour l’appareil à gouverner (le « gouvernail », qui sert à nous diriger), pour le système de stabilisation (qui limite les mouvements du bateau en roulis et en tangage), pour la mise à l’eau des petites embarcations de la frégate, et pour la mise à l’eau du sonar remorqué, nécessitent également beaucoup d’énergie.
Le systèmes d'armes
Les différents radars, le canon de 100mm, les affûts de missiles, les sonars… La majorité des systèmes d’armes utilisent de l’énergie électrique, dont une partie est convertie en énergie hydraulique (électro-pompes hydrauliques) et pneumatique (compresseurs).
Les cuisines et frigos
Pour préparer les repas de l’équipage, les cuisiniers utilisent tous les équipements que l’on peut retrouver dans les cuisines d’un restaurant, tels que des fours, des plaques de cuissons, des lave-vaisselle, etc. Autant de besoins en électricité.
Le boulanger utilise également de l’énergie électrique pour préparer et cuire son pain pendant une bonne partie de la nuit.
L'éclairage
Il y a très peu de hublots sur un navire de guerre, l’ensemble du bord est donc éclairé artificiellement. Il y a deux types d’éclairage à bord : l’éclairage blanc, qui correspond aux périodes de jour ; l’éclairage rouge, qui correspond aux périodes de nuit.
Le changement d’éclairage en fonction des différentes heures de la journée permet aux marins de garder la sensation du jour et de la nuit et ainsi de conserver la notion du temps, lorsque ceux-ci restent plusieurs jours en mer sans voir la lumière du jour.
Le réseau domestique
C’est un réseau 220V similaire au réseau domestique que l’on retrouve dans les habitations. Il est utilisé pour tous les équipements de la vie courante : les téléphones, les ordinateurs, les tablettes tactiles, les rasoirs, les fers à repasser, etc.
Comment procuire de l'électricité à bord d'un navire ?
On utilise pour cela les « diesels-alternateur ». Le principe de fonctionnement d’un diesel-alternateur est le suivant :
Un seul alternateur fournit une puissance équivalente à une éolienne (environ 1 MégaWatt). Cette puissance pourrait suffire à alimenter un quartier de 100 maisons.
A bord d’une frégate comme le « La Motte-Picquet », il y a quatre alternateurs alimentés par quatre diesels.
Les autres sources d’énergie
Lorsque le bateau est à quai en France, celui-ci se raccorde au réseau électrique du port auquel il est accosté à l’aide de longs câbles électriques. Cela lui permet de stopper les « diesels-alternateurs » afin d’économiser du carburant et d’assurer leur entretien.
Dans certains pays étrangers, cette opération n’est pas possible car tous les ports ne permettent pas de se raccorder sur le réseau électrique du pays. Dans ce cas, le « La Motte-Picquet » reste en autonomie électrique durant toute l’escale en gardant un de ses « diesels alternateurs » en fonction.
Comment distribuer l'électricité à bord de la frégate ?
Le schéma de la distribution de l’électricité à bord ressemble à une pyramide :
Comme dans la vie quotidienne de chaque Français, l’énergie électrique est présente partout à bord. On appelle « usine électrique » l’ensemble des installations permettant de produire et distribuer cette énergie, la conduite de celle-ci est assurée en permanence par un électricien en mer. De plus, l’entretien quotidien des installations électriques est réalisé par le service « Electricité », qui compte une dizaine d’électriciens.
Certains bateaux de nouvelle génération comme les FREMM (Frégates Européennes Multi-Missions) ou les BPC (Bâtiments de Projection et de Commandement) sont même propulsés directement par de puissants moteurs électriques alimentés en haute tension. Avec le développement de nouvelles technologies dans ce domaine, l’énergie électrique est encore promise à un bel avenir sur les bateaux du monde entier.