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Les icebergs

Le dernier article de notre mission « Grand Nord » portera sur un danger pour la navigation, bien connu des marins et rendu tristement célèbre par le naufrage du « Titanic » : les icebergs.

L’auteur de l’article est un officier de la marine marchande, qui a embarqué sur le « La Motte-Picquet » pendant cette mission « Grand Nord » pour effectuer une « période de réserve ». Tout citoyen français peut en effet servir les armées, sans devenir militaire de métier, en rejoignant la réserve opérationnelle : après une période de formation, un réserviste signe un contrat et s’engage à tenir un emploi dans les armées, pendant quelques jours ou quelques semaines par an.     

Que sont les icebergs ?

Les icebergs sont d’énormes masses de glace d’eau douce, qui se sont formées en se détachant des langues flottantes des glaciers ou des plateaux de glace débordant le front de ces glaciers. On en retrouve à la fois en Arctique et en Antarctique.

La taille des icebergs, une fois à la dérive en mer, diminue de trois façons différentes :

  • par vêlage : un ou de plusieurs morceaux de l’iceberg originel se détache, formant ainsi de nouveaux icebergs ;
  • par fonte ;
  • par érosion causée par la pluie et le vent.

Le vêlage provoque un déséquilibre qui fait basculer, voire chavirer, l’iceberg ; les morceaux détachés peuvent s’enfoncer pour ressurgir en surface, avec force et assez loin de leur lieu d’immersion.

Le rapport hauteur émergée/hauteur immergée d’un iceberg dépend de sa densité et de sa forme. La densité varie légèrement avec le degré de compacité de la glace, fonction de la quantité d’air enclose dans la glace.

Exemple : L’iceberg flottant dans une eau de densité moyenne de 1,028 a environ 87% de sa masse au dessous de sa ligne de flottaison. La partie émergée ne représente donc que 1/8 de la masse totale.

Quels icebergs retrouve t-on dans l’Océan Arctique ?  

Dans l’Arctique, la forme la plus répandue est celle, irrégulière, de l’iceberg de glacier dont la hauteur est extrêmement variable (fréquemment 70 m, parfois plus de 160 m, au moment du détachement).

La couleur des icebergs de l’Arctique est d’un blanc opaque et terne avec des nuances douces de vert et de bleu. Beaucoup présentent des veines de sol ou de débris, d’autres des taches jaunâtres ou brunes dues. Beaucoup d’air se trouve emprisonné dans ces masses de glace, sous la forme de bulles réparties dans l’ensemble de leur structure.

La couleur blanche, bien connue, est due à l’érosion de la surface externe et à l’effet des rayons solaires qui libèrent de nombreuses bulles d’air dans les premiers centimètres de la couche superficielle.

Les îles de glace, propres à l’Océan Arctique, sont une forme rare d’icebergs tabulaires. Epaisses de 30 m ou plus et couvrant jusqu’à 400km², ces îles de glace ont des durées de vie de plusieurs années. Elles se caractérisent par une surface régulière légèrement ondulée présentant, vue d’avion, une texture côtelée. Difficiles à distinguer des glaces de mer qui les entourent, elles dérivent comme celles-ci au gré des courants et des vents, c'est-à-dire à des vitesses de 1 à 3 milles nautiques par jour.

Jusqu’où trouve t-on des icebergs ?

Les plus grandes concentrations d’icebergs s’observent près de leurs sources, c’est-à-dire près des limites de la banquise permanente en Arctique. Cependant, en raison de leur important tirant d’eau, beaucoup de ces icebergs s’échouent par les fonds de moins de 300m. Au-delà de cette profondeur, dès lors que le fond de la mer fait plus de 300 m, il devient très rare de trouver des icebergs.

Quelles sont les mesures de précaution pour les navires ?

Le principal danger que représentent les icebergs est évidemment le risque de collision avec les navires qui croisent à proximité, comme dans le cas du tristement célèbre naufrage du Titanic, en 1912.

C’est pourquoi les navires sont tenus de signaler les icebergs qu’ils observent, notamment ceux qui présentent des risques de  prochaines désintégrations. Ces signes peuvent être des crevasses verticales larges et profondes, des entailles horizontales au niveau de la flottaison ou bien encore des structures tranchantes débordant assez loin de leurs contours de flottaison.

Nous n’avons heureusement rencontré aucun iceberg pendant ces quelques semaines dans l’Atlantique Nord et l’Océan Arctique, et, maintenant que ce déploiement sous les hautes latitudes s’achève, nous trouvons désormais à l’abri de ce genre de péril !

L’équipage de la frégate « La Motte-Picquet » remercie l’Espace des Sciences de Rennes, qui lui a permis d’apporter à travers ce blog un modeste éclairage sur les multiples sujets scientifiques rencontrés pendant cette navigation septentrionale.