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Dans la lumière du printemps polaire

Rémy Marion

Le soleil revient chaque jour plus tôt, pressé par le temps, le printemps le réclame. Chaque 24h, il s'attarde 50 minutes de plus au dessus de l'horizon. Il ne chauffe pas encore mais noie la banquise dans une lumière rose comme les joues d'une jeune fille timide.

Jamais très haut dans le ciel, sa lumière rasante transforme la moindre arrête de glace en un monument éphémère à la gloire de l'Arctique. La silhouette de l'ours polaire se découpe sur la surface gelée, son pas décidé l'entraîne vers un endroit qu'il ne connaît pas, mais vers lequel son odorat le guide. Pendant la brève nuit, les aurores boréales s'éteignent comme des lampions après la fête.

Elles ne tardent pas à scintiller de l'autre coté, en Antarctique. Là-bas, seuls les manchots empereurs et les scientifiques hivernant peuvent les admirer. Ils se sont déjà enfoncés dans la nuit polaire, pour une méditation glacée. Pour eux, le vent, le froid et la nuit joueront la trilogie de l'hiver. La chevauchée des Walkyries traversant le ciel polaire sous la forme des aurores australes sera le seul spectacle... pour plusieurs mois.

C'est le printemps au nord et l'automne au sud, transition brutale entre un monde de lumières et une immensité de noirceur. Le jour et la nuit polaires se croisent comme des amants illégitimes, dont les regards se frôlent dans l'escalator du métro, l'un s'enfonce dans les ténèbres alors que l'autre monte vers la lumière, ils se recroiseront à l'automne - le temps d'une émotion.