Le climat dépend-il de l'Oscillation Australe ?
Le cycle d' Oscillation Australe affecte directement le climat des régions riveraines du Pacifique : archipel indo-australien (fortes sécheresses), Pérou et Equateur (pluies diluviennes), Polynésie (activité cyclonique exceptionnelle), mais aussi Alaska, Brésil, Japon, Nouvelle-Zélande,...
Mais les perturbations apportées par El Niño dans la répartition des hautes et des basses pressions au-dessus du Pacifique modifient la vitesse et la trajectoire des flux d'altitude (jet streams) qui soufflent vers l'Est dans la haute atmosphère (10-12 km d'altitude), qui se répercutent à leur tour dans l'activité dépressionnaire des latitudes moyennes des autres régions.
La dynamique de l'atmosphère et des climats est donc mondiale ; mais l'Oscillation Australe n'est qu'un des multiples facteurs de variabilité du climat des régions tempérées, et les anomalies climatiques subies en Europe n'ont en général qu'un rapport très indirect avec El Niño.
El Niño affecte surtout la région Pacifique...
Les conséquences climatiques les plus directes de l'Oscillation Australe sont ressenties dans l'Océan Pacifique et dans les pays limitrophes, avec des "scénarios" typiques des épisodes chauds et froids du cycle. Ainsi les années El Niño déclenchent toujours de fortes sécheresses dans l'archipel indo-australien, des pluies diluviennes au Pérou et en Equateur et une activité cyclonique exceptionnelle sur les îles du centre du bassin océanique. Mais des anomalies climatiques sont constatées aussi de l'Alaska au Brésil, et du Japon à la Nouvelle-Zélande.
...mais les téléconnections atmosphériques...
Trace de courant jet vue de l'espace
A 10-12 km d'altitude, l'atmosphère est parcourue par les courants jet (jet streams) soufflant vers l'Est jusqu'à 300 km/h. Leur force et leur trajectoire jouent un rôle important dans les climats des régions tempérées, où s'affrontent les masses d'air tropical et polaire.
Au cours du cycle d'Oscillation Australe, le déplacement des zones d'intense convection au-dessus du Pacifique central entraîne une modification de ces flux d'altitude, qui se répercute dans l'activité dépressionnaire des latitudes moyennes, hors de la région pacifique.
L'animation ci-dessous présente la vitesse du courant-jet au cours de l'hiver 1982-83 (novembre-mars) marqué par un El Niño très intense. Les vents les plus violents soufflent dans les zones blanches entourées de rouge (plus de 220 km/h) et dans les zones rouges (plus de 150 km/h).
...en transmettent les conséquences sur toute la planète.
Des relations ont été démontrées entre les épisodes El Niño et des évènements climatiques exceptionnels survenus en diverses régions non riveraines du Pacifique tropical, notamment aux USA et au Canada, en Afrique australe et orientale, au Brésil, etc.
Mais, si la dynamique de l'atmosphère est mondiale, l'Oscillation Australe n'est qu'un des facteurs de variabilité du climat des latitudes moyennes.
El Niño n'est pas pour autant la cause de toutes les anomalies climatiques !
Même en hiver où elles sont les plus fortes, les conséquences de l'Oscillation Australe sont beaucoup moins marquées dans les régions tempérées (particulièrement en Europe) que sur le pourtour du Pacifique tropical où elles sont ressenties très directement. La simple coïncidence, une même année, d'un El Niño dans le Pacifique et de conditions météorologiques exceptionnelles dans un pays donné ne prouve pas qu'il y ait une relation de cause à effet...