El Niño est-il un phénomène régulier ?
El Niño est la "phase chaude" d'un cycle climatique, l'Oscillation Australe : ce n'est donc pas un évènement exceptionnel, et il apparaît avec une certaine périodicité.
De fait, des traces directes de manifestations d'El Niño ont été relevées à des périodes datant de 40000 ans, mais il est possible que le phénomène ait marqué les climats de la planète, au moins à certaines époques, au cours du dernier million d'années.
Le cycle d'Oscillation Australe a une durée très variable, en général entre 2 et 7 ans. Il comporte en général une phase chaude (El Niño) suivi d'une phase froide (appelée par analogie "La Niña), mais l'intensité des deux phase est indépendante, et elles ne sont même pas toujours observées toutes les deux au cours d'un cycle. Des indices synthétiques permettent de quantifier l'état "chaud" ou "froid" du système.
Lorsqu'il se déclenche, l'épisode El Niño lui-même peut être plus ou moins précoce et plus ou moins intense. Les deux épisodes majeurs jamais enregistrés ont eu lieu en 1982-83 et 1997-98.
Depuis des temps immémoriaux...
Les traces des épisodes El Niño passés sont conservées dans les documents historiques locaux (inondations, sécheresses), mais aussi dans de nombreuses archives naturelles : stries de croissance des arbres, dépôts de glace sur les sommets des Andes, anneaux de croissance des coraux, dépôts sédimentaires marins, fluviaux et lacustres, cordons littoraux. Des traces directes de manifestations d'El Niño ont été relevées à des périodes datant de 40 000 ans, mais il est possible que le phénomène ait marqué les climats de la planète, au moins à certaines époques, au cours du dernier million d'années.
Les masses importantes de sédiments transportées par les rivières lors de périodes pluvieuses sont repris par les courants côtiers et parfois déposés en "cordons littoraux" parallèles au rivage. Près de l'embouchure de la rivière Chira, au nord du Pérou, la succession des cordons littoraux est clairement visible d'avion, entre le rivage et la falaise. Ces dépôts de sédiments se sont formés lors d'épisodes pluvieux successifs qui témoignent probablement des évènements de type El Niño les plus intenses qui ont eu lieu depuis 5000 ans.
...les années El Niño se suivent,...
Le cycle d'Oscillation Australe dure quelques années ; les évènements El Niño apparaissent d'une manière irrégulière, en général tous les 2 et 7 ans. Ils sont souvent suivis d'épisodes froids, qu'on appelle par analogie "La Niña". Pour quantifier de façon simple l'importance de l'anomalie, un indice unique a été construit à partir des différents aspects de l'Oscillation Australe ( pression, vents, températures, nébulosité).
Le graphique des valeurs de cet indice (en écarts) montre la succession et la variabilité des cycles d'épisodes chauds (en rouge) et d'épisodes froids (en bleu).
...mais ne se ressemblent pas.
Le déclenchement du réchauffement des eaux de surface peut être plus ou moins précoce et plus ou moins intense. L'animation ci-dessous présente en parallèle quatre scénarios récents d'anomalies de température de surface.
En 1982, les premiers signes d'un El Niño apparurent en juin dans le Pacifique central.Le phénomène s'étendit en septembre, pour culminer en janvier 1983 avec des anomalies de température dépassant 4°C.
En 1991, le réchauffement fut faible et tardif : ce n'est qu'à la fin de l'année que des anomalies positives de température de surface apparurent au centre du bassin Pacifique. Cette année-là, leur extension n'atteint pas les côtes sud-américaines.
1994 ne fut pas une année El Niño : la plus grande partie de l'année, les températures de surface le long de l'équateur furent inférieures ou égales à la moyenne. A partir de novembre apparut une très faible anomalie positive qui ne s'étendit pas.
1997 fournit un exemple de déclenchement précoce d'une El Niño très intense : le réchauffement apparut le long des côtes péruviennes dès mars, et recouvrit à partir d'octobre la quasi-totalité de la bande équatoriale, avec des anomalies dépassant 5 °C.