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Gens de mer, santé et sécurité

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La pêche en mer est l’un des secteurs où les conditions de travail sont les plus dures. La médecine maritime est le sujet d’un tout nouveau diplôme d’université, créé à Brest cette année.

Les " travailleurs de la mer " chers à Hugo constituent une branche à part de la population active. En terme de médecine du travail, on lui reconnaît, certes, quelques pathologies spécifiques, mais surtout des conséquences sanitaires qui découlent de l’environnement professionnel... En clair, les pathologies des marins sont bien celles qui affectent le reste de la population active, mais avec une fréquence plus forte pour certaines.

Les conditions de travail à la mer ont longtemps été négligées, du moins par rapport à celles des autres travailleurs. Les premières études sur ce thème ont été initiées à l’IUT de Lorient à partir de 1979-80. C’est pourtant le secteur d’activité où les conditions sont les plus dures ! Les accidents sont 2 à 6 fois plus nombreux que dans le bâtiment, réputé comme le secteur le plus dangereux ! C'est ce qu'indique l'Institut Maritime de Prévention.

Une formation médicale adaptée

Aujourd'hui, les pathologies spécifiques aux gens de mer sont enfin reconnues, et traitées par des médecins spécialisés. A l'université de Bretagne occidentale à Brest, une nouvelle formation vient d'être créée.

Ce diplôme d’université comporte cinq modules : "Conditions de travail à bord et pathologies professionnelles" ; "Hygiène et santé à bord et réglementation sanitaire" ; "Assistance médicale embarquée" (catastrophe en mer, avec travaux pratiques !) ; "Pathologies spécifiques et maladies transmissibles" et enfin "La mer et ses usages", à vocation plus généraliste. Ce diplôme s'adresse à tous les médecins concernés par les activités maritimes.

Rens. : Jean-Noël Dewitte, tél. 02 98 22 35 59.

Les pathologies fréquemment rencontrées chez les gens de mer ? Stress, dermatoses, et surtout le mal de dos…

Une préoccupation ancienne

Les problèmes spécifiques aux gens de mer, pêcheurs et marins, matelots des grandes flottes guerrières du 18e, Terre-Neuvas et expatriés des océans de tout poil, sont depuis longtemps une préoccupation des autorités, militaires d’abord, comme le rappelle Dominique Jégaden, médecin de marine dans l’ouvrage " La santé et la mer en Bretagne "  récemment publié par l’Institut culturel de Bretagne: " L’amiral Nelson l’avait parfaitement compris en déclarant que la chose la plus importante dans les opération militaires, c’est la santé. " La Royal Navy a fait distribuer dès 1795 du jus de citron dans ses équipages pour y éliminer le scorbut.

Dans le même ouvrage, Thierry Fillaut nous conte l’histoire, plus proche de nous des maisons et abris du marin, qui constituaient des oeuvres sociales au service des gens de mer. " Les maisons du marin ont vu le jour en France dans la dernière décen nie du 19e siècle, la première à Nantes et la seconde à Brest, à l’initiative d’une poignée de philanthropes soucieux du bien-être matériel, mais aussi spirituel des gens de mer. Ils ont cherché à répondre pendant plus d’un demi-siècle aux besoins spécifiques de cette population, en étant à la fois des lieux de loisirs et d’enseignement professionnel et social. " explique-t-il.

La santé et la mer en Bretagne, Rennes, Institut culturel de Bretagne, 208 p, 98 F.

Rens. : Institut culturel de Bretagne, tél. 02 99 87 58 00.


Cet ouvrage collectif est le septième publié par l’institut culturel de Bretagne, dans le cadre de sa section d’anthropologie médicale.

Pour en savoir plus

Gens de mer : des pathologies spécifiques ?

  • atteintes auditives (surdité évolutive), voire hypertension artérielle (causée par le bruit)
  • troubles psychologiques (stress du milieu, de la vie familiale tronquée, recherche du sommeil à bord, solitude...)
  • dermatoses (humidité, frottement, macération)
  • hygiène alimentaire (graisses, alcool, tabac...)
  • hygiène tout court (petites unités de pêche)
  • pathologies dues à un déficit postural (mal au dos : manoeuvres, charges lourdes...)
  • maladies tropicales (escales)

Source : extrait d'un article paru dans le magazine Réseau, mensuel de la Recherche et de l'Innovation en Bretagne, Janvier 98 (n° 140, Marc-Elie Pau).