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De la mer à l'entreprise

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L’étape de la recherche et du développement

Les valorisations nouvelles se heurtent à une somme d'impératifs, comme la formulation du produit, l'étude de sa faisabilité technique, la réglementation, les coûts de revient ou l'estimation du potentiel du marché. Les centres de transfert de technologie ont pour mission de mettre tout ce savoir à la disposition de l'industrie. En Bretagne, deux centres principaux s'y consacrent, ID-Mer (Institut pour le développement des produits de la mer) à Lorient et le CEVA (Centre pour l'étude et la valorisation des algues) à Pleubian ; l'ADRIA (Association de développement de la recherche pour les industries agro-alimentaires) de Quimper, s'intéresse aussi au monde de la mer, mais son champ d'action est plus généraliste.

Dans les locaux d'ID-Mer à Lorient.

Les besoins de l'industrie ne sont pas homogènes, même si, en apparence, ils consistent à valoriser des produits semblables. Les artisans et les innovateurs individuels, quand ils veulent créer des produits ou se développer, recherchent un soutien technologique. Les grandes structures, par exemple les conserveries industrielles, les fabricants de plats cuisinés, sont d'une dimension qui leur permet de disposer de leur propre service de développement. Les besoins technologiques peuvent alors être satisfaits de manière interne, ce qui n'exclut pas le recours à des compétences extérieures.

Un institut comme ID-Mer, qui vient d'entrer dans de nouveaux locaux, a été créé pour répondre à ces deux types d'exigence, comme nous l'explique son directeur, Patrick Allaume. "Nous apportons aux petites entreprises des informations sur toutes les contraintes, comme la réglementation, les investissements, la praticité du produit. Il existe une masse d'informations scientifiques et techniques, qu'un patron ou un cadre de PME ne peut pas constituer seul".

La mise au point de produits

A ces actions de conseil, s'ajoute un soutien technique dans la mise au point des produits. Il s'agit de donner aux idées des innovateurs des formulations précises qui permettront de réaliser des fabrications stables, et d'étudier les conditionnements et la présentation. "Nous réalisons des pré-séries, qui donnent une vision proche de la série définitive et permettent de se faire une idée du prix de revient final. Nous évaluons aussi la taille du marché, le niveau de prix accepté, et, ainsi, le niveau d'investissement optimal".

"Les grandes structures font appel à nos services plutôt pour reconditionner des gammes existantes. Dans certains cas, la démarche est effectuée après une perte de parts de marché : c'est alors l'innovation sous la contrainte".

La veille technologique au CEVA

CEVA, des laboratoires au service de la recherche et de l'industrie.

A Pleubian, les vocations du CEVA. sont plus larges que celles d'ID-Mer, tout simplement parce que le champ de recherche sur les algues est encore largement ouvert. Créé en 1982, il a d'abord travaillé sur les algues indésirables, puis, à partir de 1987, s'est transformé en centre de valorisation, bénéficiant alors de la construction d'un laboratoire ultra moderne. "Nous sommes une équipe de vingt personnes avec des spécialités multiples, qui nous offrent une vue d'ensemble unique", explique Dominique Brault, son directeur. "Nous pouvons ainsi traiter l'algue de A à Z, aussi bien en termes de biomasse, de pollution que de valorisation".

"Notre centre est un carrefour entre le chercheur et l'industriel. Le résultat des recherches n’est pas toujours valorisable directement. Il faut les transformer en résultats exploitables par les PME. Si les grands groupes disposent de leurs services de recherche et de développement, ce n’est pas le cas des PME et des microentreprises que l’on doit accompagner dans les différentes composantes de l’innovation. Celle-ci ne saurait être que technique, elle doit également s’exprimer en terme de packaging, de marketing..."

Un des laboratoires du CEVA à Pleubian.

Parmi les services que rend le centre, on trouve également la veille technologique et économique. Il faut surveiller les concurrents et les dépôts de brevets. "Il nous arrive ainsi de reprendre des inventions extérieures, et de vérifier la qualité de leur protection (brevets). Nous contribuons aussi à adapter les produits aux évolutions de la réglementation ou de la consommation. En produits nouveaux, nos mises au point ne vont pas nécessairement jusqu'aux produits finis : nous travaillons principalement sur les extraits d'algues et le process. Nous réalisons aussi des pré-séries industrielles sur des produits intermédiaires".
Un des laboratoires du CEVA propose des services de contrôle de qualité et est agréé pour délivrer des certifications d'exportation. Enfin, des actions de formation continue sont menées à la demande. Sur ce plan, le savoir-faire breton s'exporte puisque des sessions sur les algues ont déjà été organisées en Espagne et bientôt au Portugal.

"Nous sommes aussi le pilote d'un programme européen de recherche sur l'iode, produit contenu dans les poissons, les mollusques, les crustacés et certaines algues". En Europe, des millions de personnes subissent une carence en iode, qui n’est pas sans dommage pour la santé (fragilisation de la thyroïde et développement de goitres).

Les deux centres bretons jouent un rôle essentiel au service de la filière marine. ID-Mer soutien une industrie déjà puissante et qui fourmille d'initiatives. Considéré comme un pôle scientifique mondial, le CEVA participe de son côté au développement d'une filière dont la croissance est encore loin d'être achevée.

Reportage (articles et photos) : Jacques Le Meur.