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Hi-tech à hanvec

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Sous sa couverture terreuse, la pomme de terre cache une chair tendre, généreuse, nourrissante... Toutes ces qualités en font une star de l'alimentation. Mais elles en font aussi une proie d'appétits moins légitimes. Amidon, glucides, eau : l'univers interne du tubercule est une boîte de Pétri naturelle très efficace, un milieu étonnamment favorable au développement d'affections diverses, qu'elles soient mycosiques, bactériennes, virales, voire moins ragoûtantes encore, comme les nématodes (vers). La consommation humaine ne pouvant supporter de telles dérives, des organismes sont chargés de veiller à la qualité sanitaire des tubercules, en amont de toute consommation. Il s'agit même d'assurer la production de plants sains, qui seront les géniteurs de générations de pommes de terre à consommer. Une technologie pointue, mal connue du consommateur final, mais qui est à la base de toute culture de pomme de terre. A Hanvec, dans le nord du Finistère, Bretagne Plants assure ce rôle d'organisation technique et économique de la filière professionnelle au niveau de la Bretagne, et mène d'importants travaux de recherche, avec la participation du programme Britta.

40 % de la production française

"Bretagne Plants est une coopérative agricole, qui regroupe l'ensemble des producteurs de plants de pomme de terre de Bretagne," explique Yves Le Hingrat, ingénieur agronome, chercheur, et également responsable de la station de Hanvec. Dirigé par Emmanuel Guillery, l'organisme entier emploie 35 permanents, dont une grosse majorité (20) vont sur le terrain contrôler la qualité sanitaire des surfaces plantées. A la station de Hanvec, qui est aussi le centre de recherche principal de Bretagne Plants, 6 personnes travaillent en permanence à assurer le développement technique de la production, analysant les échantillons de terre ou de plants que leurs confient techniciens de terrain et producteurs, conseillant ces derniers sur les méthodes, le matériel et les produits à employer, et sur tout ce qui concerne les variétés de plants eux-mêmes. L'autre structure de recherche de Bretagne Plants est d'ailleurs la station de création variétale de Ploudaniel (29), avec ses 4 personnes, qui a déjà à son palmarès une quinzaine de variétés nouvelles. "Il y a 842 adhérents producteurs qui totalisent 5700 hectares sur la Bretagne, dont une majorité en Finistère avec 3500 hectares. La commercialisation des plants représente 100 000 tonnes, dont 52 000 à l'exportation. C'est 40 % de la production de plants en France," chiffre Yves Le Hingrat.

Vitro-boutures et vitro-tubercules

Malgré l'importance du chiffre, "plants" ne veut surtout pas dire pommes de terre prêtes à consommer. Il s'agit là des futurs géniteurs de tubercules de consommation. "La 1ère génération de tous les plants de Bretagne est issue de Hanvec, où l'on assure la production de la souche nouvelle (par vitro-boutures et vitro-tubercules), le testage en laboratoire, afin de vérifier si les plants sont conformes aux normes sanitaires, et enfin l'expérimentation, avec 3 hectares de micro-parcelles où sont privilégiées les recherches sur la culture hydroponique et sur la résistance au mildiou, aux gales, etc.", précise le responsable de la station. Vitro-quoi ? Il faut, au départ, un tubercule germé. On coupe sur les germes un bourgeon, que l'on place par la suite en tube à essai, après l'avoir désinfecté, ou en avoir prélevé à la loupe binoculaire les parties saines (méristème). In vitro , le bourgeon pousse, se multiplie par 7 tous les mois, et l'opération peut recommencer. Les vitro-boutures ainsi obtenues vont être transplantées dans un bocal plus grand, pour donner des racines, puis être replantées en serre d'acclimatation, puis en tunnel, où elles donneront des tubercules. L'autre méthode étant de produire des tubercules en restant in vitro : les vitro-tubercules peuvent se conserver ensuite plusieurs mois. Tous ces tubercules constitueront la génération n°1, vendue aux producteurs qui les replanteront, obtiendront des tubercules plus nombreux, qu'ils planteront encore une deuxième année. La 5e ou 6e année-champ, la pomme de terre arrive enfin dans l'assiette. Neuf années-champs constituent un maximum légal. Au-delà, on reprend le cycle à zéro !

Ainsi, vu le nombre de générations de plants concernés, assurer le contrôle sanitaire et notamment viral est primordial.

Marc-Elie Pau


Les anticorps monoclonaux sont des protéines se combinant spécifiquement avec un antigène (virus par exemple) et produites en masse par des hybridomes (cellules à la fois productrices d'anticorps et à multiplication indéterminée). Les anticorps servent dans le test Elisa à piéger le virus à détecter, de façon hautement spécifique, avant la révélation colorée par une réaction enzymatique.


Contact : Yves Le Hingrat, tél. 02 98 21 97 00