À la conquête du ciel martien

Article

Peut-on voler sur Mars ? Voici la question à laquelle va tenter de répondre Ingenuity, le drone arrivé dans les bagages du rover Perseverance, sur la planète Mars le 18 février 2021 pour la mission Mars 2020.

Un hélicoptère dans le ciel martien :

L'hélicoptère du nom de "Mars Helicopter Scout" ou encore nommé "Ingenuity"  va tenter un vol historique sur la planète rouge. En effet, en réussissant cet exploit, il deviendra le premier engin à voler sur une autre planète que la Terre.

Ce vol a été repoussé à plusieurs reprises à la suite de problèmes techniques notamment le samedi 10 avril. un dysfonctionnement logiciel est apparu lors du test des rotors de l’appareil. Mais, selon la NASA, le petit hélicoptère va bien et cela ne remet pas en cause son objectif : voler sur Mars. Prévu le 8 avril puis le 11 avril, le vol d’Ingenuity a été repoussé maintenant au 14 avril. À suivre ...

Il s’agit là d’un énorme défi. L’atmosphère martienne est très ténue et la pression est environ cent fois moindre que celle de notre planète Terre.

Les nuits sont glaciales, les températures avoisinant les -90°C. Une des craintes de la NASA est qu’Ingenuity ne survive pas aux nuits martiennes. Mais plus de peur que de mal, le radiateur du petit robot semble protéger ses composants et lui permettre de passer ses nuits sereinement. Ces conditions extrêmes ont donné du fil à retordre à l'équipe du JPL (Jet Propulser Laboratory) de la NASA, concepteur de la mission Mars 2020.

Pour Ingenuity, il a fallu imaginer un hélicoptère suffisamment léger pour voler mais également suffisamment résistant pour survivre sur Mars.

Le vol d’Ingenuity sera une démonstration technologique visant à élargir les méthodes d’exploration planétaire. L’engin volant n’a pas de mission à proprement parlé. Il n’embarque aucun instrument scientifique. Il contient uniquement le matériel nécessaire à son fonctionnement (batteries, radiateur…) et est équipé de 2 caméras (une en noir et blanc pour la navigation, l’autre en couleur pour les photos souvenir). Il se compose d’un fuselage (corps) de la taille d’une boite de mouchoirs en papier, monté sur 4 pieds de 38cm de haut. L’hélicoptère de 1,8 kg possède 2 pâles d’1,2 mètres de long et est surmonté d’un panneau solaire. 

Sefie de Perseverance et de Ingenuity

Ingenuity se trouvait sous le rover Perseverance jusqu’à ce que ce dernier le dépose, le 3 mars 2021. Son déploiement a été progressif prenant 6 jours martiens.  Avant cette date, Ingenuity profitait de Perseverance pour recharger ses batteries ; maintenant, il doit s’alimenter seul grâce à son panneau solaire. Il est prévu que le petit hélicoptère fonctionne 30 sols (jours martiens), soit à peu près 31 jours terrestres.

Avant le vol, le rover Perseverance va s’éloigner et se placer à environ 100m de l’aire de décollage de l’hélicoptère, par précaution. En effet, Ingenuity n’est qu’un bonus à la mission Mars 2020. S’il venait à s’écraser, il ne faut pas que cela mette en péril l’objectif principal, à savoir l’exploration du cratère Jezero. De son point de vue, Perseverance va observer le vol de son coéquipier et servir de relais avec la Terre. Compte tenu du temps de télétransmission entre la Terre et Mars, le robot volant ne peut être piloté en direct, les programmes de vols sont pré-enregistrés dans son ordinateur de bord.

Le premier vol d’Ingenuity sera très basique. Si tout fonctionne, il devrait s’élever verticalement à environ 3 mètres du sol pendant 30 secondes. Il sera suivi par 4 autres, de plus en plus complexes : plus haut (jusqu’à 5 mètres d’altitude) ... des vols horizontaux mais, à chaque fois de courte durée, pas plus de 90 secondes.

A la fin de sa mission, Ingenuity sera abandonné sur la planète Mars et Perseverance pourra entamer son exploration. Le rover doit fonctionner au moins une année martienne soit environ 2 années terrestres.

Mars 2020 ne fait que commencer et nous passionne déjà. Une mission qui, nous l’espérons, nous réserve de belles découvertes.

Anaïs PELLEGRIN / Planétarium de l'Espace des sciences