L'évolution de l'industrie chimique
AVRIL 2006/3€
R e c h e r c h e e t i n n o v a t i o n e n B r e t a g n e n°231
Des industriels prêts
à communiquer.
Sans solvant, la chimie
se met au vert.
Hommage à deux
scientifiques rennais.
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éditorial
Sciences Ouest est rédigé et édité par l’Espace des sciences, Centre de culture scientifique technique et industrielle (Association)
■ Espace des sciences, Les Champs Libres, 10, cours des Alliés, 35000 Rennes - nathalie.blanc@espace-sciences.org - www.espace-sciences.org -
Tél. 02 23 40 66 66 - Fax 02 23 40 66 41 ■ Président de l’Espace des sciences : Paul Trehen. Directeur de la publication : Michel Cabaret. Rédactrice en chef : Nathalie
Blanc. Rédaction : Christelle Garreau, Nicolas Guillas. Comité de lecture : Louis Bertel (télécommunications), Gilbert Blanchard (biotechnologies-environnement),
Philippe Blanchet (sciences humaines et sociales), Bernard Boudic (information et communication), Michel Branchard (génétique-biologie), Alain Hillion
(télécommunications), Jacques Lenfant (informatique), Gérard Maisse (agronomie), Christian Willaime (physique-chimie-matériaux). Abonnements : Jérôme Doré,
tél. 02 23 40 66 40, jerome.dore@espace-sciences.org. Publicité : AD Media - Alain Diard, tél. 02 99 67 76 67, info@admedia.fr
■ Sciences Ouest est publié grâce au soutien de la Région Bretagne, des départements du Finistère et d’Ille-et-Vilaine ■ Édition :
Espace des sciences. Réalisation : Pierrick Bertôt création graphique, 35510 Cesson-Sévigné. Impression : TPI, 35830 Betton.
Tirage du n° 231 : 4 500 ex. Dépôt légal n° 650 ISSN 1623-7110
MICHEL CABARET,
directeur de l’Espace des sciences
Hommage à
Olivier Sabouraud
Nous avons
perdu un
grand ami
Neurologue, professeur au
centre hospitalier de Rennes,
Olivier Sabouraud nous a quittés
le 23 février dernier, à l’âge de 82 ans.
Fondateur de l’école neurologique
bretonne, président de l’Inserm de 1983
à 1986, il est aussi l’auteur de nombreux
travaux avec les linguistes Jean Pecker
et Jean Gagnepain, sur les troubles du
langage et les problèmes de l’aphasie.
En plus de ces fonctions, il a toujours
soutenu les activités de l’Espace des
sciences, avec beaucoup d’attention
et d’enthousiasme, à Rennes, à Saint-
Jacques-de-la-Lande, à Morlaix, nous
aidant à concevoir les programmes
des conférences et des expositions.
Avec Annette, son épouse, il avait lancé
“lesmardis biologie-santé-culture”,
un concept que nous avons adopté et
qui est devenu “lesmardis de l’Espace
des sciences”.
Les lignes qu’il avait accepté d’écrire
pour saluer son ami Jean Gagnepain,
décédé quelques semaines avant lui, et
que nous publions aujourd’hui, prennent
une tout autre dimension.
C’est donc à cet homme qui souhaitait
rapprocher les sciences de la culture et
des arts que toute l’équipe de l’Espace
des sciences rend hommage. Nous avons
perdu un grand ami, dont l’exigence
scientifique côtoyait son grand
humanisme. ■
Couverture : image de synthèse de l’amadéite,
le nanomatériau réalisé par la société Olmix.
On peut distinguer les feuillets d’argile (en blanc et noir)
entre lesquels ont été intercalées les molécules de
sucres (polyosides en vert) issues des algues vertes.
DR/Olmix/PBCG
Sciences Ouest sur Internet➜ www.espace-sciences.org 231/AVRIL 2006 3
“
’’
12
9
19
sommaire Nathalie Blanc/Christelle Garreau/DR/PBCG 8
En bref....................................................................................................................... 4/5
Portrait
Le dernier hommage d’Olivier Sabouraud à Jean Gagnepain.............. 6/7
Actualité
Électronique : le recyclage change de circuit.................................................... 8
Dossier
Industrie chimique, le paradoxe français ..........................................................9
L’industrie chimique en phase de transition........................................ 10/11
L’industrie chimique innove........................................................................ 12/13
L’industrie chimique communique .......................................................... 14/15
L’industrie chimique aux petits soins...................................................... 16/17
Pour en savoir plus .................................................................................................. 18
Comment ça marche ?
La chimie sans solvant .......................................................................................... 19
Agenda.............................................................................................................. 20/21
Page Espace des sciences
Les Champs Libres inaugurés : bienvenue à tous ...................................... 23
Augel
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4 231/AVRIL 2006
eenn bbrreef..f. ...
(1) Meito : Mission pour l’électronique, l’informatique et les télécommunications dans l’Ouest. (2) IP : Internet protocole. (3) Aquitaine, Madrid, Hesse (Allemagne), Novo Mesto (Slovénie), Wielkopolska (Pologne), One North East (Angleterre) et Sud Danemark.
(4) LTSI : Laboratoire traitement du signal et de l’image - IETR : Institut d’électronique et de télécommunications de Rennes - Cetio : Centre d’études interdisciplinaires des organisations. (5) Arist : Agence régionale d’information stratégique et technologique.
■Les actus de Bretagne Environnement
■ Quatre nouvelles zones de protection spéciale pour
les oiseaux en Bretagne ■ Avril en Iroise sous le signe de
l’écologie marine ■ L’institut d’aménagement de la
Vilaine désenvase son estuaire ■ Comment se portent les
fondsmarins côtiers bretons ?
➜ www.bretagne-environnement. org/quoideneuf/en_bref/
■Les échos de l’Ouest
Journée sciences navales
■ La “Journée sciences navales’06”,
qui s’est tenue le 17 février dernier
à l’École navale de Brest, avait pour but
de montrer la nécessité et l’impact
des sciences au
sein de la Marine
nationale et de
ses différents
métiers. Inaugurée
par Peter Guth, professeur au
département d’océanographie de l’académie
navale des États-Unis, elle a été
ponctuée par des ateliers de l’institut de
recherche, des témoignages d’officiers
de marine et des interventions de
professionnels de l’industrie, jusqu’à la
remise des prix aux officiers élèves
ayant réalisé les meilleurs projets scientifiques,
dont les thèmes étaient très
variés : hélices, nouveaux systèmes de
propulsion, caractérisation des fonds
marins, problèmes de turbulence hydrodynamique,
géoacoustique, propulsion
électrique...
Rens.➜Direction de la communication
externe, tél. 02 98 23 37 59,
dircom@ecole-navale.fr
Projet Arrgos 3%
■ La Bretagne et sept autres
régions européennes partenaires(
3) avaient été sélectionnées
en août 2005 pour mener à bien le
projet “Arrgos 3 %”. Celui-ci a été lancé
à Rennes le 22 février dernier. Derrière
ce sigle intrigant, “Arrgos 3 %” vise à
promouvoir une hausse qualitative et
quantitative des investissements de
R&D, vers l’objectif 3 % du PIB. Prévu
pour durer deux ans et doté d’un budget
de 650 k€, dont un apport de 450 k€
de la Commission européenne, géré par
le Conseil régional de Bretagne, le projet
consiste à mener une étude comparée
(recueil de données, échanges de
bonnes pratiques...) des politiques de
recherche menées par les huit partenaires,
afin de montrer le rôle central de
la connaissance dans le développement
des régions et d’encourager les collaborations
transnationales et transrégionales
dans le domaine de la recherche.
Rens.➜Région Bretagne,
www.region-bretagne.fr
L’Hôtel de la Technopole
de Saint-Malo fait le plein
■ L’équipe de recherche de l’IUT de
Saint-Malo, partenaire de trois laboratoires
rennais que sont le LTSI(4), l’IETR
et le Cetio, est entrée officiellement
à l’Hôtel de la Technopole le 9 mars
dernier. Ces chercheurs et enseignants
chercheurs rejoignent ainsi les personnels
des trois entreprises technologiques
: C2 Innovativ’Systems, Com Dose
et Géodia, déjà présentes. Ces installations
répondent à l’objectif de l’Hôtel de
la Technopole qui est de rapprocher
recherche et entreprise, afin de favoriser
le transfert de technologies. Opérationnel
depuis 2005, l’endroit offre une
capacité d’accueil de 373m2 répartis en
dix bureaux. Trois sont encore libres.
Rens.➜Christine Alami,
tél. 02 99 19 46 40.
Des nouvelles des pôles : les directeurs sont nommés
Le Pôle Mer Bretagne ■ Patrick Poupon est le nouveau
directeur du Pôle Mer Bretagne. Âgé de 45 ans, il a été directeur
général d’Atlantide, société d’ingénierie en technologies
innovantes, implantée à Brest et Rennes. Il a également présidé
la Meito(1) entre 2002 et 2004. Le Pôle Mer Bretagne compte
185 acteurs, qui travaillent sur une vingtaine de projets collaboratifs, dont sept
ont été labellisés par le conseil d’administration. Parmi ces projets, on peut citer
Sealacian (exploitation des principes actifs aux propriétés anticancéreuses et
anti-infectieuses chez la “petite roussette”), eX-trême (utilisation de services
IP(2) haut débit en zones maritimes pour la sécurité en mer) et ortipêche
(exploitation raisonnée et économique de la ressource halieutique).
Rens.➜Catherine Mallevaës, tél. 02 98 05 70 15,
catherine.mallevaes@tech-brest-iroise.fr
Valorial ■ Directeur général de l’Adria (Quimper), Michel Pinel
suivait le pôle Valorial, l’aliment de demain, depuis sa labellisation en
juillet 2005. Il a désormais quitté l’association quimpéroise pour
prendre la direction du pôle à plein temps, à Rennes, dans les locaux
de l’Agrocampus. Le pôle de compétitivité Valorial compte aujourd’hui
150 acteurs et une cinquantaine de projets seront prochainement déposés au
comité de labellisation. Ceux-ci sont répartis en trois familles : les projets
structurants (renforcement technique, formations), les projets de coopération
économique et stratégique menés dans l’intérêt général de la filière au niveau
national (comme la valorisation desmatières grasses du lait), et enfin les projets
d’accompagnement d’entreprises innovantes (confidentiels).
Rens.➜Michel Pinel, tél. 02 98 10 18 42, valorial@adria.tm.fr
www.technologies-propres.com
■ Le site des industriels concernés par l’environnement
et le développement durable a été créé
en 2002 par l’Arist(5) de Bourgogne. Mais, comme
on s’en doute, le thème dépasse largement les
frontières de cette région et on trouve sur cette toile des brèves sur l’actualité dans le
monde entier, les derniers articles parus dans la presse internationale, des exemples
de réalisations industrielles, ainsi que des dossiers thématiques sur l’optimisation
des matières premières, la solution contre les pertes énergétiques dans les contacts
électriques... et de nombreux liens.
■Du côté d’Internet
DR
Nathalie Blanc
Nicola Guillas
DR
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PME et pollution marine
■ Mapo, le premier réseau
européen sur les pollutionsmarines,
est en cours
de structuration. Coordonné par le
Technopôle Brest Iroise, il a démarré en
septembre 2005 et a pour objectif
d’identifier les PME spécialisées dans
la détection, le traitement et la prévention
des pollutions marines, pour
qu’elles soient plus facilement associées
aux programmes européens de
recherche. Les treize partenaires,
répartis dans dix pays en Europe et
périphérie, se sont retrouvés à Brest les
9 et 10 mars derniers pour faire le
point. 970 PME ont été identifiées à ce
jour et 350 déjà contactées. Cette
phase d’approche va se poursuivre et
des audits seront menés afin de bien
connaître les entreprises et de constituer
une base de données précise. Une
phase de communication sur les
projets européens relatifs aux pollutions
marines dans le 7e PCRD,
commencera cet été.
Rens.➜Françoise Duprat,
tél. 02 98 05 44 51,
www.marine-pollutions.org
Le bilan d’Emergys
■ Emergys, l’incubateur
breton d’entreprises, s’apprête
à publier son bilan :
19 projets ont été accueillis en 2005, ce
qui est le plus grand nombre jamais
atteint depuis sa création en 2000. En
six ans, 66 projets ont été accompagnés
et 45 d’entre eux ont abouti à
la création d’une entreprise, ce qui a
généré 240 emplois. Ces entreprises se
répartissent pour 47 % dans le secteur
des Tic, 26 % dans les sciences de la vie
et de la santé, 21 % en sciences de l’ingénieur
et pour 6 % dans les sciences
humaines et sociales.
Rens.➜Sylvain Coquet,
tél. 02 99 12 73 82.
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Reach étiquette les produits chimiques
■ Le système Reach réforme en profondeur la législation européenne sur
le contrôle des substances chimiques : il fait passer la charge de la preuve
de la sécurité des produits commercialisés des autorités publiques
à l’industrie. Pour cela, il met en place un système intégré unique
d’enregistrement, d’évaluation et d’autorisation des substances chimiques,
en remplacement de la quarantaine de textes en vigueur.
L’enregistrement constitue l’élément fondamental : les substances
chimiques fabriquées ou importées dans des quantités de plus d’une tonne
par an doivent obligatoirement être enregistrées (propriétés, utilisations,
précautions d’emploi) dans une base de données centrale, sinon elles ne
peuvent être ni manufacturées, ni importées.
L’objectif de Reach est d’améliorer la protection de la santé humaine et de
l’environnement, tout en maintenant la compétitivité et en renforçant l’esprit
d’innovation de l’industrie chimique européenne.
Consultez ➜http://europa.eu.int/comm/environment/
chemicals/reach.htm
Rens.➜Tél. 02 99 25 41 57, eic@bretagne.cci.fr
■Du côté de l’Europe
■Du côté des entreprises
■Du côté des laboratoires
Une nouvelle bibliothèque
pour les chercheurs
en mathématiques
■ Coffrages en bois, moquette orange,
tablettes hautes face aux fenêtres,
fauteuils confortables et salons isolés
pour les travaux en groupe, telle est
l’ambiance de la nouvelle bibliothèque
de l’Institut de recherche mathématique
de Rennes (Irmar), situé sur le campus
de Beaulieu. Outre le décor, les travaux
de réaménagement ont aussi permis
de doubler la surface initiale : les
chercheurs disposent désormais de
800 m2 répartis sur deux niveaux,
pour consulter les 26 000 ouvrages
et 212 abonnements aux revues de
recherche. Une demande est même en
cours pour agrandir la collection. Cet
agrandissement fait de la bibliothèque
de l’Irmar la plus importante bibliothèque
de recherche en mathématiques
de l’Ouest, hors Bordeaux !
Rens.➜Véronique Cohoner,
responsable de la bibliothèque,
tél. 02 23 23 60 05,
cohoner@univ-renbnes1.fr
Mortalité estivale
des huîtres
■ Des spécialistes de
six disciplines différentes
se sont réunis à La Rochelle les
14 et 15 mars derniers pour discuter du
bilan final des travaux de recherche
conduits dans le cadre du Défi Morest.
Initié en 2001 par l’Ifremer, ce projet
avait pour objectif de comprendre les
phénomènes à l’origine des mortalités
estivales de l’huître creuse Crassostrea
gigas, qui peuvent affecter 30 à 60 % de
la population de certains élevages.
Menés sur quatre sites ateliers, les résultats
obtenus permettent aujourd’hui de
déboucher sur une série de recommandations
(pratiques culturales et environnementales)
et des réunions avec la
profession sont organisées pour les
valider à grande échelle, sur les différents
bassins conchylicoles. Un ouvrage
regroupera ces synthèses et un site
Internet est en cours de préparation.
Rens.➜Jean-François Samain,
Ifremer Brest, tél. 02 98 22 44 02.
Le label Carnot
■ François Goulard, ministre délégué
à l’Enseignement supérieur et à la
Recherche, a annoncé le résultat du
premier appel à candidatures pour
l’attribution du label Carnot le 16 mars
dernier. Ce nouveau dispositif, prévu
dans le cadre du “pacte pour la
recherche” a pour but de favoriser
la conduite de travaux de recherche
publique en partenariat avec des
acteurs du secteur socio-économique.
Il s’inspire d’expériences réussies
dans plusieurs pays européens et
permet notamment aux structures
labellisées de recevoir un abondement
financier de l’État, calculé en fonction
du volume et de l’accroissement des
contrats conclus avec leurs partenaires
socio-économiques. Vingt organismes
ont d’ores et déjà été labellisés, dont
certains, comme le BRGM, le Cemagref,
l’Ifremer ou l’Inserm, ont des laboratoires
en Bretagne.
Rens.➜www.ifp.fr/IFP/fr/actualites/
dplabelcarnot.pdf
Les coups de coeur de la bibliothèque des Champs Libres
Nous proposons ce mois-ci de mettre en avant la collection “Science ouverte” aux
éditions du Seuil, dirigée par Jean-Marc Lévy-Leblond.
Impasse de l’espace : à quoi servent
les astronautes ?
■ Quel intérêt y a-t-il à envoyer un homme dans l’espace alors
qu’un robot ferait très bien l’affaire ? Le rôle des astronautes
est ici largement remis en cause par l’auteur, un journaliste qui
a déjà publié de nombreux ouvrages de vulgarisation
scientifique, notamment en astronomie. Il nous raconte
l’histoire de l’astronautique, de ses nombreuxmythes et de sa
décevante réalité, en mettant en avant les enjeux politiques,
économiques et militaires. Un livre passionnant, qui montre comment
l’astronaute, ce héros surmédiatisé, devrait s’incliner au profit du progrès
scientifique et technique.
➜ Serge Brunier, Seuil “science ouverte”, 2006.
Les briseurs de machines : de Ned Ludd
à José Bové
■ Les “briseurs de machines” sont nés à la fin du dixhuitième
siècle en Angleterre avec la destruction de centaines
de machines textiles, sous la conduite du légendaire général
Ludd. Le luddisme était né, et connaîtra en Europe divers
avatars pendant tout le dix-neuvième siècle, pour ressurgir
aujourd’hui sous d’autres formes, les faucheurs d’OGM représentant l’exemple le
plus connu. Cet ouvrage présente l’histoire de ce mouvement mal connu, forme
radicale de résistance à un développement technique considéré comme injuste et
néfaste. Selon l’auteur, une forme de luddisme renouvelé est utile à l’émergence
d’une forme de lutte pour la démocratie.
➜ Nicolas Chevassus-au-Louis, Seuil “Science ouverte”, 2006.
■À lire
Seuil “science ouverte”
Seuil “science ouverte”
Nathalie Blanc
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➜Portrait
6 231/AVRIL 2006
DR
En février, nous vous faisions part du
décès de Jean Gagnepain, spécialiste
des sciences du langage à l’Université
Rennes 2. Le neurologue Olivier
Sabouraud lui avait préparé cet
hommage, avant de mourir lui-même,
quelques semaines plus tard.
Complices depuis 1959, les deux
professeurs étaient à l’origine d’une
nouvelle approche dans le domaine
des sciences du langage et dans les
sciences humaines en général.
“On a célébré le linguiste, l’épistémologiste,
l’anthropologue. On a salué
son esprit profondément indépendant et
original, l’attraction exceptionnelle qu’il
exerçait sur ses auditeurs, ses lecteurs, ses
étudiants de Rennes, de Bretagne et d’ailleurs,
les jeunes, et aussi les seniors. Son
idée de la fonction pédagogique était de
libérer le potentiel de découverte et la
pensée originale que chacun peut mettre
dans son travail, à condition de ne pas se
mouler dans le déjà-dit, le déjà-pensé, de
ne pas s’enfermer dans les disciplines
instituées.
La théorie du signe
L’apport de Jean Gagnepain à l’évolution
des idées de notre époque est un apport
qui intéresse les scientifiques dans de
nombreux domaines. Il était parti des
idées de Saussure sur le langage, le
langage qui n’existe pas et qui reste un
concept flou s’il n’est pas déconstruit. Il a
explicité la théorie du signe, en introduisant
la notion d’analyse par la médiation
d’un système ; en montrant que, parmi
tous les objets créés par le cerveau, le
signe est un produit radicalement
nouveau, ne devant rien à la motricité, ni à
la sensorialité, ni à la sémantique, mais
défini totalement dans et par le rapport
réciproque entre le signifiant et le signifié,
les deux faces du signe.
Le fait de voir le signe (saussurien)
comme une espèce particulière parmi les
objets créés par le cerveau (humain) est
riche de conséquences. Pour commencer,
cette approche permet de comprendre
comment des traitements d’information
portant sur des signaux neuronaux peuvent
donner naissance à un “objet à logique
incorporée”. Cet objet constitue le support
et l’origine de l’abstrait, du concept, du
monde des idées.
Une réflexion féconde et ouverte
À partir de là, la recherche sur le cerveau
peut dépasser le dualisme entre le cerveau
et l’esprit, entre la machine et le “démon
dans la machine”, dualisme qui la bloquait
et conduisait à du non-sens scientifique.
L’autre apport majeur de cette réflexion
féconde, ouverte, assidûment poursuivie et
approfondie, est d’avoir vu que l’intuition
saussurienne renouvelait l’approche de la
rationalité humaine, à condition de déconstruire
celle-ci : elle ne peut être comprise
tant qu’on la considère comme une,
univoque, indissociable, tant que les
concepts de langage, de pensée, de relation
restent des concepts flous, inutilisables
parce qu’à les manier, on ne parle jamais de
la même chose... L’importance de la notion
d’analyse ne se révèle que diffractée en
plusieurs plans. Le modèle du signe, qui
fonde la grammatologie et l’analyse
logique, est transposable à l’outil (abstrait)
qui fonde l’ergologie et l’analyse technique,
- à la personne, à la relation humaine, à
l’ethnosociologie - à la valorisation, aux
morales et à l’éthique.
Ce modèle de l’humain a l’intérêt de faire
comprendre où se différencie un fonctionnement
de type animal (qui persiste en
nous) et un fonctionnement de type
humain (qui s’est développé en parallèle ou
en dérivation). Cette clarification a une
portée évidente dans toutes les sciences
humaines ; comme dans les sciences du
cerveau. En médecine - en neurologie, en
psychiatrie et dans le champ intermédiaire
entre ces deux disciplines -, elle renouvelle
l’approche de nombreux problèmes.
Sciences du langage et neurologie
Le dernier hommage d’Olivier
Sabouraud à Jean Gagnepain
Pour connaître l’enseignement de Jean Gagnepain, on peut lire :
■ Du vouloir dire. Traité d’épistémologie des sciences humaines (3 volumes), Bruxelles,
De Boeck Université, coll. “Raisonnances”, 1990, 1992 et 1995. ■ Mes parlements,
1 vol. De Boeck, 1994. ■ Les numéros de la revue Tétralogiques éditée par les Presses
universitaires de Rennes. ■ Raison de plus ou raison de moins. Propos de médecine et de
théologie, Paris, Les éd. du Cerf, 2005. ■ Leçons d’introduction à la théorie de la
médiation, Anthropo-logiques, 5, BCILL, Peeters, 1994. ■ Pour une linguistique clinique,
(ss. la dir. de J. Gagnepain), Rennes, PUR, 1994.
Complices
depuis 1959 :
Olivier Sabouraud
(à gauche) et
Jean Gagnepain
(à droite),
lors d’un colloque
en 2002.
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7 231/AVRIL 2006
Olivier Sabouraud
Un scientifique engagé
L’approche clinique
Complétant ces avancées théoriques
importantes, cette recherche comporte un
versant pratique : elle a vu la place et les
possibilités d’une approche clinique, et
pas seulement parce que la clinique des
maladies peut seule apporter, quand il
s’agit de l’Homme et du cerveau humain,
un contrôle expérimental à nos théorisations.
Jean Gagnepain a vu, bien avant les
autres, que la clinique est symptomatique
d’un mécanisme : elle oblige à concevoir
(inventer, découper, reconnaître) à la fois
l’observable et les mécanismes neurophysiologiques.
Du même coup, cette méthode
n’est pas cantonnée aux malades et aux
maladies. Cette analyse en fonctions et en
structures, qui est celle de la physiologie de
tous les organes et appareils vivants, s’était
arrêtée aux frontières du mental, faute de
pouvoir considérer tous les phénomènes
appartenant au domaine mental, comme
les productions des neurones et des
ensembles neuronaux. La clinique n’est
plus un ersatz de l’expérimentation ; elle est
un modèle pour l’étude des êtres vivants
complexes ; et une démarche qui peut
réussir, même quand l’enjeu de la
recherche est de comprendre comment se
construit ce qui est spécifiquement animal
et qui “fait” l’animal, et ce qui est spécifiquement
humain et qui “fait” l’humain.
Une portée considérable
La portée de cette réflexion est considérable.
Elle renouvelle les perspectives de
l’épistémologie et clarifie notamment les
rapports entre la rationalité logique et la
rationalité technique, ce qui ne laisse
aucun scientifique indifférent.
En honorant la mémoire d’une des
personnalités marquantes de l’université
rennaise, il importe de faire connaître sa
pensée à tous les chercheurs qui, dans bien
des domaines, ressentent le besoin de
dépasser les apories de certains discours
régnants.” Olivier Sabouraud
NDLR : les intertitres ont été ajoutés par la rédaction.
Contact➜ Gilles Édan, professeur de neurologie, tél. 02 99 28 41 22,
gilles.edan@chu-rennes.fr
Contact
Jean-Claude Quentel, jean-claude.quentel@uhb.fr,
Laboratoire interuniversitaire de recherche
sur le langage (Lirl), Université Rennes 2,
www.uhb.fr/sc_humaines/lirl
Quelques travaux publiés par Olivier Sabouraud
■ Vers une approche linguistique des problèmes de l’aphasie, avec
J. Gagnepain et A. Sabouraud, Revue de Neuropsychiatrie de l’Ouest, 1963,
4 parties, 1 : p. 6-13, 2 : p. 3-38, 3 : p. 3-38, 4 : p. 3-20.
■ Les frontières de l’aphasie, avec J. Gagnepain, Revue de Neuropsychiatrie
de l’Ouest, 1963.
■ Qu’est-ce que l’anarthie ?, avec J. Gagnepain et M. Chatel, La Presse
médicale, 1971, 15, p. 675-680.
■ Sur les aphasies : qu’apporte la neurologie ? Que demande le neurologue ?,
Tétralogiques, n° 5, Épistémologie, PUR, 1989, 176 p.
■ Un trouble de la vision et du langage soudainement apparu chez un homme
de 70 ans, avec C. Masson et J. Cambier, Revue Neurologique, 1992, 148,
p. 302-310.
■ Le langage et ses maux, Éditions Odile Jacob, 1995.
■ Olivier Sabouraud venait de terminer un article pour la revue Le Débat,
“En quête d’une théorie de l’humain”, Gallimard, n° 140, avril-mai,
www.le-debat.gallimard.fr
Petit-fils de médecins, Olivier
Sabouraud est reçu à l’internat
des hôpitaux de Paris en 1946. Il
découvre le monde du laboratoire
de recherche en 1947, avec le professeur
Merklen et soutient sa thèse de
doctorat en médecine à Paris en
1951, devant un jury présidé par
Théophile Alajouanine, professeur
de clinique des maladies du
système nerveux. En 1953, après sa
qualification de neuropsychiatrie, il
est attaché à la Salpêtrière et il est
nommé chef de clinique des maladies
du système nerveux dans le
service du professeur Alajouanine.
La rencontre avec ce maître respecté
qui l’associe à son intérêt pour le
langage et sa pathologie est déterminante
dans la suite de sa carrière.
Arrivée à Rennes
Il est nommé maître de conférences
à la faculté de médecine et de
pharmacie de Rennes en octobre
1958 et assistant des hôpitaux de
Rennes en juin 1959. Médecin des
hôpitaux à partir de 1963, il est
nommé à la chaire de neurologie et
de psychiatrie en 1966. Avec Jean
Pecker, il est l’initiateur de travaux
sur la neurologie, dont les maladies
du cerveau et la sclérose en plaques.
Avec le linguiste Jean Gagnepain, il
travaille sur les troubles du langage
et les problèmes de l’aphasie.
Président du conseil d’administration
de l’Inserm de 1983 à 1986, il participe
au comité régional d’éthique présidé
par le professeur Bernard Lobel. De
la réflexion philosophique à l’action
au service des plus démunis, c’est
un scientifique engagé. Conseiller
scientifique et membre actif de
l’Espace des sciences, il apporte
ses connaissances et son concours à
de nombreuses manifestations
publiques : expositions, conférences,
animations en milieu
scolaire... Président fondateur du
cercle Condorcet de Rennes, viceprésident
de la ligue de l’enseignement
d’Ille-et-Vilaine, il s’engage
dans les actions de l’association
“Pays de Rennes, emplois solidaires”,
qui apporte des fonds dans
l’économie sociale. ■
Biographie extraite de l’ouvrage
Les médecins bretons, de la Révolution
au début du XXIe siècle - biographies
médicales, réalisé par l’Espace des
sciences. Parution prévue fin avril.
Contact➜ Mélanie Lefrand,
tél. 02 23 40 66 40.
Point Cardinal
Les éditions du Cerf
Éditions Odile Jacob
Sciences Ouest 231 7/04/06 17:27 Page 7
8 231/AVRIL 2006
➜Actualité
Deux directives européennes concernant
la fabrication et le recyclage des
équipements électriques et électroniques
ont été transposées en droit
français en juillet 2005. L’une d’entre
elles entre en application dès le mois
de juillet. En Bretagne, les conséquences
sont importantes pour de
nombreuses PME.
Grille-pain, machines à laver, ordinateurs,
lecteurs de DVD, systèmes
d’éclairage, consoles de jeux..., les équipements
électriques et électroniques emplissent
notre quotidien.
Et si leur nombre ne cesse d’augmenter -
on ne peut pas faire un geste sans en
utiliser un -, ils sont surtout devenus des
produits dont la durée de vie s’est considérablement
raccourcie. Nous jetons et ne
réparons plus ! Conséquences : en Europe,
chaque ménage se débarrasse tous les ans
de 14 kg de déchets électroniques, dont
90 % finissent en déchèterie et seulement
10 % sont recyclés. “La Communauté européenne
a réagi en promulguant deux directives en
2002, que la France n’a transposées qu’en juillet
2005, explique Alexandre Colomb, responsable
de l’Euro info centre (EIC) Bretagne.
Et d’après une enquête réalisée par le Minefi fin
2005, seules 30 % des entreprises françaises se
disent prêtes, à quelques mois de la mise en application
de l’une des directives, en juillet prochain.”
Addel à l’aide
Une liste des matériaux interdits a été
établie par la Commission européenne. Les
équipements concernés sont classés par
catégories (voir encadré), mais les fabricants
se posent beaucoup d’autres questions.
En Bretagne, l’EIC, Jessica France et
la Meito(1) se sont regroupés au sein du
projet Addel : Appui au développement
durable dans l’électronique(2), dont l’objectif
est d’organiser des actions de sensibilisation
envers les entreprises de la filière. La
région compte en effet de nombreuses
PME pour lesquelles ces directives ont
des conséquences parfois lourdes à gérer.
“Interdire le plomb revient, par exemple, à le
remplacer par de l’argent, notamment dans les
soudures étain/plomb, très utilisées en électronique.
Une telle modification dans le procédé de fabrication
peut obliger l’entreprise à changer de fournisseur ou
de machine, voire à repenser toute sa chaîne de
production. Elle peut aussi avoir des conséquences
sur la qualité du produit fini. Bref, le but d’Addel est
d’aider les industriels à se mettre en conformité.”
12€pour une machine à laver
En parallèle, toute une filière d’écoconception
des Déchets d’équipements
électriques et électroniques (DEEE) se
met en place. L’entreprise responsable du
recyclage sera celle qui assemble le produit
final. Les grands groupes comme Canon
ont souvent les moyens de gérer cela en
interne. Les PME, elles, devront se rapprocher
des écoorganismes, chargés de définir
les barèmes et de prélever les taxes qui
financeront la filière du prélèvement des
déchets jusqu’au recyclage. “Il ne s’agit pas
d’un discours de plus sur le développement durable,
poursuit Alexandre Colomb. On part ici d’un
fait concret, les directives européennes, guidées
par des exigences environnementales, sanitaires,
sociales et économiques.” ■ N.B.
(1) Meito : Mission pour l’électronique, l’informatique et les télécommunications du
grand Ouest. (2) Le projet Addel est financé par le Conseil régional de Bretagne et la
Drire pour la période janvier 2006 - juin 2007. (3) PBB : polybromobiphényles. (4) PBDE :
polybromodiphényléthers.
De nombreuses PME bretonnes concernées
Électronique : le recyclage change
de circuit
Contact
Alexandre Colomb, EIC, tél. 02 99 25 41 57,
www.b2europe-duobretagne.fr
Les produits concernés
Dix catégories de produits ont été établies.
On y trouve beaucoup de produits ménagers
grand public. ■ Catégorie 1 : gros appareils
ménagers (réfrigérateurs, lave-linge...)
■ Catégorie 2 : petits appareils ménagers
(grille-pain, aspirateurs...) ■ Catégorie 3 :
informatique et télécommunication (ordinateurs,
téléphones...) ■ Catégorie 4 : matériel
image et son grand public (télévisions,
caméscopes...) ■ Catégorie 5 : systèmes
d’éclairage ■ Catégorie 6 : outils électriques
et électroniques (scies, machines à coudre...)
■ Catégorie 7 : jouets, équipements de sport
et loisirs (jouets radiocommandés, vélos
d’appartement...) ■ Catégorie 8 : appareils
médicaux (exclus ROHS) ■ Catégorie 9 :
instruments de contrôle et de surveillance
(exclus ROHS) ■ Catégorie 10 : distributeurs
automatiques (automates bancaires, boissons...).
La directive DEEE impose aux entreprises de faire figurer
ce sigle sur les emballages ou directement sur les
produits concernés. Elles devront aussi faire figurer
le prix de la collecte et du traitement des déchets
en pied de facture, se rapprocher d’un
écoorganisme (pour les taxes) avant l’été 2006
et être inscrites au registre des producteurs
(géré par l’Ademe), à partir du mois de septembre.
Les échéances
■ La directive ROHS prône la limitation
d’utilisation de certains produits dangereux
dans les équipements électriques et
électroniques. Six substances sont totalement
interdites dans la fabrication : plomb,
cadmium, mercure, chrome hexavalent,
PBB(3), PBDE(4). Tous les produits devront
être conformes pour le 1er juillet 2006.
■ Mise en application depuis août 2005,
la directive “DEEE” vise à mettre en place
une filière d’écoconception. Elle fixe des
objectifs de valorisation et de recyclage
des déchets des équipements électriques
et électroniques : 4 kg/an/hab de déchets
devront être récupérés d’ici décembre
2006.
Nathalie Blanc/PBCG
Sciences Ouest 231 7/04/06 17:27 Page 8
9 231/AVRIL 2006
Industrie chimique
Le paradoxe
français
L’industrie chimique française est le deuxième producteur de
l’Europe, elle participe pour plus de 16% au chiffre d’affaires
européen, elle est aussi le deuxième employeur européen derrière
l’Allemagne et devant le Royaume-Uni. Les Français ont pourtant
une mauvaise image de ce secteur industriel. Paradoxalement, ils
plébiscitent certains produits qui en sont issus, comme les lingettes,
les crèmes antirides, les adoucisseurs d’eau. Les progrès de la chimie
ont par exemple largement contribué à l’évolution des produits de
soins et d’hygiène, mais on imagine mal l’argument “Dernière
innovation de la chimie” sur l’emballage d’un shampoing. La chimie
travaille dans l’ombre à la création et à l’amélioration de multiples
objets de notre quotidien, et de plus en plus pour apporter des
solutions dans le domaine de l’environnement, de la santé.
Il lui reste à le faire savoir. L’Union des industries chimiques multiplie
les actions pour lutter contre ce déficit d’image typiquement français,
pour capter l’attention des jeunes qui la méconnaissent et pour
apprivoiser les populations locales qui vivent auprès des sites
industriels, et arriver à une nécessaire compréhension mutuelle.
Ce dossier donne la parole aux industriels et à leurs représentants
élus. Il présente les efforts de ce secteur pour que ses procédés et ses
produits soient toujours plus respectueux de l’environnement et des
hommes, de son désir de mieux communiquer, ce qui n’est pas, et de
loin, le plus facile. Il vous parle d’innovation bien sûr et vous verrez que
les industriels ne manquent pas d’imagination, dans le domaine des
peintures, des cosmétiques (et oui, les fabricants de cosmétiques
relèvent de la convention collective de la chimie), de l’alimentation
animale et des nanomatériaux. Ils ont même parfois une sérieuse
avance dans la conception de produits plus écologiques et attendent
simplement que le marché les leur demande... La chimie a
accompagné l’évolution de l’économie vers la mondialisation,
aujourd’hui elle accompagne l’évolution de la société vers un plus
grand respect de l’environnement. ■ C.G.
Christelle Garreau/DR/PBCG
Sciences Ouest 231 7/04/06 17:27 Page 9
Le rapport national du groupe de
réflexion stratégique “L’avenir de
la chimie française à l’horizon
2015” a été présenté en
Bretagne, près de Rennes, en
octobre 2005(1). Parmi les défis à
relever : défi de la mondialisation,
coût de l’énergie et des matières
premières..., un travail sur
l’image de l’industrie chimique,
souvent négative, s’impose.
Retour sur quelques-uns de ces
points avec Jean-Luc Favre, président
de l’UIC Ouest Atlantique.
Sciences Ouest : Pendant cette
journée, il a beaucoup été question
de l’image dégradée de la chimie
dans l’opinion française. Pensez-vous
que cela puisse remettre en question
l’existence de la chimie industrielle
française ?
Jean-Luc Favre : La chimie française est
très mondialisée. 50 % de ses capitaux
sont étrangers, et sa production
est pour moitié exportée. Or,
nous sommes à une période
charnière pour de nombreuses
entreprises qui atteignent la
trentaine d’années. Elles sont
dans une phase où il faut bien
souvent faire des investissements
lourds pour pérenniser
l’activité. Encore faut-il que
cette activité soit possible sur le
plan réglementaire et économiquement
viable. Se pose alors la question
de la place de l’industrie chimique dans
la société moderne. Nous sommes
dans l’ère du tertiaire c’est certain, mais
le “tout tertiaire” est une vue de l’esprit.
C’est l’industrie qui structure l’économie,
il faut donc qu’elle trouve sa
place dans la société, avec un cadre
réglementaire qui garantisse des conditions
de sécurité pour la population et
l’environnement. Mais ce cadre ne sert
pas la planète si on empêche une
entreprise de produire sous contrôle en
France, alors qu’elle peut le faire sans
garde-fou dans un pays émergeant.
S.O. : L’industrie chimique bretonne
est-elle aussi concernée par cette
méfiance de l’opinion ?
J.-L.F. : Dès lors qu’une industrie est
chimique, elle est suspecte pour beaucoup
de gens. En Bretagne, nous avons
beaucoup de petites entreprises, liées
aux cosmétiques et produits marins,
qui bénéficient d’une très bonne image,
mais paradoxalement, l’opinion ne les
assimile pas au secteur de la chimie.
S.O. : Le rapport évoque aussi un effet
de l’image sur l’emploi.
J.-L.F. : Un des effets secondaires du
déficit d’image pourrait être le désintérêt
des jeunes pour les métiers de
l’industrie chimique. Nous risquons
d’être confrontés à un manque de techniciens
qualifiés dans les années qui
viennent. Aujourd’hui, un salarié sur
cinq seulement travaille dans l’industrie.
Les jeunes entendent parler de
ce qui se fait dans le tertiaire, mais pas
de ce qui se fait chez nous. Plusieurs
actions sont menées par l’UIC nationale,
chez les plus jeunes avec des
outils pédagogiques pour leur faire
découvrir la chimie, chez les plus grands
pour leur faire découvrir les métiers de
l’industrie. L’UIC Ouest Atlantique a des
adhérents très actifs qui s’investissent
par exemple dans les Olympiades de
la chimie(2) et sont en relation avec les
écoles et les enseignants.
S.O. : Comment reconquérir plus
largement l’opinion ?
J.-L.F. : En communiquant davantage
sur les efforts qui sont faits par les
entreprises pour être de plus en plus
vertueuses(3) au-delà de ce que la réglementation
impose. Nous sensibilisons
aussi nos adhérents sur le terrain à l’aspect
visuel de leur site de production.
Prenons le cas de la Timac(4) à Saint-
Malo. Deux millions de visiteurs se
promènent tous les ans sur les remparts
avec vue sur nos quais et 700 000 voyageurs
passent en train le long de nos
installations, en plus des riverains qui
habitent autour. Respecter la réglementation
est une chose, mais nous devons
aussi avoir un site propre, clair, structuré.
Cela fait partie de l’image.
S.O. : Quel est le rôle de l’UIC Ouest
Atlantique dans ce contexte ?
J.-L.F. : D’abord un rôle classique de
syndicat professionnel. L’UIC Ouest
Atlantique organise des réunions techniques
thématiques en fonction de l’actualité.
Elle propose des expertises sur
des points précis de la réglementation
ou de la gestion de l’entreprise. Elle
favorise les rencontres entre les industriels.
Mais, dans le contexte que nous
évoquions plus haut, nous sommes
particulièrement attentifs aux actions
de communication vers l’extérieur.
L’UIC Ouest Atlantique propose bien
sûr un accompagnement dans les situations
de crise, mais nous demandons
toujours à nos adhérents de ne pas
attendre la crise pour communiquer. ■
Propos recueillis par Christelle Garreau
(1) La Journée de l’industrie était organisée par l’Union des industries chimiques
de l’Ouest Atlantique (UIC) et le Groupe des fédérations industrielles (GFI). (2) Lire
la rubrique Pour en savoir plus. (3) Lire pages 12-13. (4) Jean-Luc Favre est aussi
secrétaire général de la Timac (groupe Roullier), qui produit des fertilisants,
agents d’ensilage, traitements pour lisiers et litières...
10 231/AVRIL 2006
L’industrie chimique
en phase de transition
Dossier
La communication s’impose !
Contact
UIC Ouest Atlantique,
tél. 02 99 87 42 87.
Jean-Luc Favre, président, jlfavre@roullier.com
Béatrice Laurent, chargée de communication,
b.laurent@uicouestatlantique.com Christelle Garreau
Jean-Luc Favre
Sciences Ouest 231 7/04/06 17:28 Page 10
■ La chimie est partout
Fournisseur des autres industries, la chimie alimente les
ménages en médicaments, cosmétiques et produits
d’entretien, pour près de la moitié de ses ventes.
■ Répartition des ventes
de l’industrie chimique
■ Un secteur relativement récent
en Bretagne
Il n’y a pas de “tradition chimique” en Bretagne, ni de
grandes décentralisations. Le secteur est à la fois
caractérisé par la forte présence de capitaux extérieurs à la
Bretagne, mais également par l’existence de deux grands
groupes régionaux que sont Yves Rocher et Roullier.
La Chambre régionale de commerce et d’industrie de
Bretagne a recensé 203 établissements de plus de
dix salariés exerçant leur activité principale dans
l’industrie du caoutchouc, du plastique, de la chimie et de
la pharmacie (codes APE 24 et 25).
■ Répartition des établissements bretons
par familles d’activités
11 231/AVRIL 2006
L’aspect visuel des sites de
production est important pour
l’image d’une industrie. Celui de
la Timac (photo) est visible depuis
les remparts de Saint-Malo sur
lesquels se promènent chaque
année deux millions de visiteurs.
45%
Ménages
(médicaments,
cosmétiques,
produits
32% d’entretien)
Industrie
(plasturgie automobile,
électronique...)
10%
Agriculture
(fertilisants et
phytosanitaires)
7%
Secteur professionnel
de la santé,
action sociale
6%
Autres services
5%
Industrie
du caoutchouc
21%
Fabrication
d’éléments
en plastique
pour la
construction
20%
Fabrication de
pièces techniques
en plastique
18%
Emballages
et autres articles
en plastique
15%
Produits chimiques
(peintures, engrais,
colles...)
21%
Pharmacie,
parfumerie,
entretien
Christelle Garreau
■ Répartition des entreprises
■ Répartition des effectifs
■ L’industrie chimique bretonne
c’est :
8% des établissements industriels bretons.
11% de l’emploi salarié industriel breton.
4% de l’emploi salarié du secteur en France.
4,8% 4%
Entreprises de plus
de 500 salariés
en France (chiffres 2003)
en Bretagne (chiffres 2005)
4,4% 6,5%
Entreprises
de 250 à 499 salariés
32%
60%
Entreprises
de 20 à 249 salariés
58,8%
29,5%
Entreprises de moins
de 20 salariés
(estimation)
58,1%
37%
Entreprises de plus
de 500 salariés
14,4%
21%
Entreprises
de 250 à 499 salariés
24,3%
38%
Entreprises
de 20 à 249 salariés
3,2% 4%
Entreprises de moins
de 20 salariés
(estimation)
Source UIC
Sciences Ouest 231 7/04/06 17:28 Page 11
12 231/AVRIL 2006
Dossier
La société Olmix innove à double titre.
Le nanomatériau qu’elle a mis au
point intéresse les vastes secteurs de
l’automobile, des cosmétiques et de
la plasturgie. Il ouvre en plus une voie
de valorisation des algues vertes.
Une petite révolution se prépare. Derrière
le nom barbare d’amadéite, se cache le
nouveau nanomatériau créé par la société
Olmix à Bréhan (56). Il est constitué d’une
structure d’argile modifiée par des sucres
extraits des algues vertes, les ulvanes. Voilà
ce qui rend le bébé si beau : il est non seulement
innovant, car composé exclusivement
de produits naturels, mais il risque en plus
d’engloutir les lits d’algues vertes qui
couvrent le littoral breton aux beaux jours.
Rester naturel
Au départ, il s’agissait de rentabiliser
l’unité mise au point pour le traitement des
argiles utilisées depuis 1995 pour la fabrication
de compléments alimentaires destinés
aux bovins, en élargissant les potentialités
des argiles traitées. Une des contraintes
majeures était de rester dans le credo de
l’entreprise “le naturel” et dans des coûts de
matière première compatibles avec le
marché de l’alimentation animale. L’algue
s’est imposée logiquement. Le Ceva(1) a
fourni des extraits de différentes espèces et
Olmix les a testés. Personne n’a pensé aux
ulves au départ. Après deux ans d’essais,
peu concluants, le spectre des extraits est
agrandi. Et là enfin, une série de résultats
sort du lot : les ulvanes. “Le fait d’intercaler les
ulvanes entre les feuillets
de l’argile(2) améliore ses
propriétés naturelles. La
surface de contact entre la
matrice et la charge est
multipliée par 40, ce qui
augmente le pouvoir de liaison et ses capacités à
booster la catalyse digestive”, explique Hervé
Demais, directeur du service R&D.
Un marché de 1000 milliards d’euros
Mais l’intérêt de l’amadéite dépasse le
secteur de l’alimentation animale. C’est
surtout dans le domaine des nanocomposites
que ce nanomatériau est attendu.
“L’amadéite permet de transférer aux matériaux
auxquels on l’incorpore des propriétés de résistance
mécanique, d’étanchéité et de résistance à la chaleur.”
D’où l’intérêt des majors de l’industrie de
l’automobile, de la plasturgie, de la cosmétique...
“L’État français a
fait des nanotechnologies une
priorité nationale !” Le
marché brassera près de
1 000 milliards d’euros
par an à partir de 2010,
avec une croissance de 100 % tous les trois
ans. 34 % de ce marché est constitué par
les nanomatériaux. Des rapports(3) de
l’Académie des sciences et de la Digitip(4)
font un état des lieux de l’urgence à ne pas
prendre trop de retard dans ce secteur. Et le
produit d’Olmix, lui, est plutôt en avance.
“Nous avons trois concurrents, deux Américains
et un Allemand, mais leurs produits sont synthétiques.
Le nôtre est 100 % naturel avec un procédé de
fabrication à l’eau et des propriétés meilleures !”
Si l’intérêt pour l’amadéite continue de
croître au rythme actuel, dans cinq ans,
Olmix pourrait avoir consommé toutes les
algues vertes de Bretagne (soit 300 000
tonnes annuelles) ! “Mais soyons clairs,
précise Philippe Le Ray, directeur général
délégué, nous intervenons en prolongement de
la politique curative des collectivités locales pour
endiguer ce fléau. Cela ne remet pas du tout en
cause la politique préventive. Il est clair que le
projet est industriel, mais il va aussi favoriser une
meilleure compréhension de la physiologie des
ulves, indispensable pour prétendre un jour
contrôler leur développement.” ■ C.G.
(1) Ceva : Centre d’étude et de valorisation des algues - Pleubian (29). (2) Quand des
molécules sont intercalées entre les feuillets d’argile, on parle d’argile exfoliée. (3) Voir la
rubrique Pour en savoir plus, page 18. (4) Digitip : Direction générale de l’industrie des
technologies de l’information et des Postes.
Un nanomatériau 100% naturel
Olmix valorise les algues vertes
L’industrie chimique
Contacts
Philippe Le Ray, directeur général délégué,
pleray@olmix.com ; Hervé Demais, chef du service
R&D, tél. 02 97 38 81 03.
Repères
■ Olmix grandit très vite : 3 salariés en 1995, 22 salariés en 2002, 120 aujourd’hui.
7 sites de production dans le monde (France, Russie, Roumanie). Le site de Bréhan (56)
s’agrandit d’un tiers en avril 2006.
■ Introduit en bourse le 29 mars 2005. Augmentation de capital en juin 2005 : + 6 millions
d’euros. Chiffre d’affaires prévisionnel 2005 : 28 à 29 millions d’euros.
■ Brevet mondial pour les nanomatériaux argiles - algues déposé en septembre 2004.
■ Partenaires scientifiques pour le développement de l’Amadéite : le laboratoire desmatériaux
à porosité contrôlé de Mulhouse (unité mixte CNRS) et le Ceva de Pleubian (29).
Philippe Le Ray. Hervé Demais.
Pour ne pas emporter le
sable des plages, les algues
vertes sont nettoyées à l’eau
de mer ou à l’eau douce. Elles
sont ensuite hachées avant
de passer dans le broyeur qui
les réduira en purée.
Christelle Garreau/PBCG
Christelle Garreau
Christelle Garreau
Sciences Ouest 231 7/04/06 17:28 Page 12
Peinture antigraffiti,
sol antidérapant
La Celtique industrielle
innove à tout va
innove
La Celtique industrielle est une PME
costarmoricaine qui fabrique des
peintures et vernis pour les professionnels
et des produits de nettoyage
et de maintenance pour l’industrie.
Son credo : innover. Elle ouvre des
pistes parfois très avant-gardistes.
Ce sera passé inaperçu sans doute, mais
la Celtique industrielle est la PME qui a
fourni la peinture du Stade de France, en
1998. Cette année-là, toute la France
pensait football. Les Bleus
étaient au pied du mur, la
Celtique aussi. “C’était quelques
mois avant l’ouverture du
stade, se rappelle le P-DG
Hervé Gandubert. Nous
faisions partie des douze entreprises
sélectionnées pour nos
produits antigraffiti. Et il y avait
les plus gros fabricants du secteur. Chaque entreprise
avait son morceau de mur pour faire sa
démonstration. Nous avons remporté le marché
grâce à la qualité de notre système.”
Au pied du mur
“Ce n’était pas du tout cuit pour autant, précise
Loïc Barbot, ingénieur peinture de la
société. Nous avons dû modifier nos produits en
quelques semaines pour qu’ils s’adaptent au cahier
des charges du stade.” Un challenge que le
laboratoire de la Celtique a relevé sans
appréhension. “Faire sans arrêt évoluer nos
produits, c’est ainsi que nous assurons la pérennité
de l’entreprise, reprend Hervé Gandubert. Nous
sommes une PME de quatre-vingts salariés. Nous
ne visons pas la quantité mais la qualité.” La
Celtique fabrique des produits que les
autres ne font pas, du sur mesure aussi
parfois, et explore sans relâche de nouvelles
pistes. “Nous avons créé pour un client de l’agroalimentaire
un revêtement de sol antidérapant facile
à nettoyer. Un système avec primaire-résine-silicefixateur
de 1,5 à 3 mm d’épaisseur, plus résistant
que le béton. Lors d’un contrôle, un responsable
de la Cram(1) l’a remarqué et nous a conseillé de le
faire référencer par la CNAMTS(2).” Le système
Primsol, qui a satisfait aux tests d’adhérence
et de facilité de nettoyage validés par
l’Afssa(3), est référencé depuis 2002.
Des produits sans solvant
Sans complexe, la Celtique pense aussi
bien-être et environnement. “Complexé, pourquoi
le serions-nous ? Nous pouvons apporter des
solutions aux problèmes environnementaux. Dans
notre gamme, nous avons depuis huit ans des
produits à l’eau comme alternative aux produits
solvantés. À l’époque, nous les avons créés en
pensant aux utilisateurs. Tous ces produits à l’eau,
peintures, lasures, mortier, sont beaucoup plus
sains pour eux. Aujourd’hui, on parle beaucoup de
limiter les émanations de COV (composés organiques
volatiles) dans l’atmosphère. Or, ces produits
ne contiennent pas de solvants et sont donc plus
respectueux de l’environnement.” Et pourtant,
même dans ce contexte environnemental
favorable, ils ne sont pas toujours évidents
à promouvoir, comme la peinture anticorrosion
à l’eau ! Un anticorrosion à l’eau,
il fallait oser et surtout convaincre. “Ce n’était
pas le plus facile. Mais ça commence à venir.” Et
des idées comme celle-là, la Celtique en a
quelques-unes sur le feu... ■ C.G.
(1) Cram : Caisse régionale d’assurance maladie. (2) CNAMTS : Caisse nationale
d’assurance maladie des travailleurs salariés. Pendant longtemps, les services
vétérinaires ont préconisé les sols lisses dans les sociétés agroalimentaires pour des
raisons sanitaires, mais cela génère un nombre important de chutes sur les sols gras ou
humides : 14 salariés pour 1000 sont victimes de chutes de plain-pied dans le secteur de
l’alimentation contre 9 pour 1000 tous secteurs confondus. La CNAMTS cherche donc à
rectifier le tir en favorisant les sols qu’elle a référencés comme antidérapants et
répondant aux normes d’hygiène. Source CNAMTS. (3) Afssa : Agence française de sécurité
sanitaire des aliments.
Contact
Hervé Gandubert, tél. 02 96 79 86 86,
gandubert@celtique-industrielle.com
Hervé Gandubert.
Christelle Garreau
Au-delà de la
réglementation
Le concept est né au Canada sous le nom
de “Responsible Care”. Il a été importé en
France depuis une quinzaine d’années,
sous le nom d’“Engagement de progrès”.
L’entreprise qui y adhère s’engage à aller
au-delà de la réglementation en matière
de sécurité, de protection de la santé et
de l’environnement. Elle définit ellemême
ses objectifs. Il faut que leur évolution
soit mesurable selon des critères
précis qui ne soient pas sujets à caution.
Pour la question de l’environnement, il y
a par exemple la consommation d’eau
ou d’énergie, ou les rejets dans l’atmosphère.
Enfin l’entreprise s’engage à
communiquer sur sa progression.
Selon Jean-Luc Favre, président de
l’UIC Ouest Atlantique, deux tiers des
entreprises bretonnes se sont engagées
dans cette démarche. Elles représentent
plus de 90 % des salariés du secteur. “C’est
un peu long à se mettre en place parce qu’il y a
beaucoup de petites entreprises, explique Jean-
Luc Favre, mais ce n’est pas plus compliqué
pour elles. Souvent, sur le plan technique, elles
sont déjà au-delà de ce que la réglementation leur
impose. Mais elles se sentent moins concernées ou
appréhendent de communiquer.”
Des chimistes peu bavards
Est-ce à dire qu’il n’y a pas de solidarité
chez les chimistes et que les petites
entreprises se méfient des grosses ? “Si
toute l’industrie chimique joue le jeu de l’engagement
de progrès, il peut y avoir une confiance
et une solidarité entre toutes les branches de la
chimie pour créer une image commune qui soit
juste, méritée, loin de la caricature actuelle.”
Reste à communiquer sur ces comportements.
Et ce n’est pas le plus facile.
D’une manière générale les chimistes de
l’industrie sont peu bavards, “ils craignent
l’interprétation qui peut être faite de leurs
informations.”
Intégré dans la vie locale
C’est pourtant un volet important de
l’engagement de progrès. L’entreprise
est complètement libre de la forme
qu’il peut prendre : portes ouvertes
annuelles, visites guidées pour les élus,
information via les médias... “J’ai en tête
l’exemple d’une société britannique, à Cardiff,
parfaitement intégrée dans la vie locale avec un
petit journal sur la vie de l’entreprise distribué
dans les boîtes aux lettres. On y évoque les incidents
s’il y en a eu, on explique comment ils ont
été gérés. Un groupe de réflexion rassemble
aussi habitants et responsables de l’entreprise.
Tout se fait dans un climat de totale transparence
et de confiance. Bien sûr, cela ne s’est pas
fait du jour au lendemain, mais l’idéal serait
d’arriver chez nous à cette communication de
Loïc Barbotmontre proximité. Et je crois que c’est possible.” ■ C.G.
un échantillon de sol
antidérapant.
Christelle Garreau
13 231/AVRIL 2006
Sciences Ouest 231 7/04/06 17:28 Page 13
Dossier
14 231/AVRIL 2006
L’industrie chimique
Une opération séduction
s’impose
Les jeunes connaissent mal
le monde de l’industrie
La Bretagne n’est pas une région de tradition ouvrière. Frédéric
Lescure, président du GFI(1) Bretagne revient sur ce contexte
historique, qui explique en partie le fait que les jeunes boudent le
secteur industriel.
Sciences Ouest : Y a-t-il une explication particulière aux difficultés
de recrutement des industries bretonnes ?
Frédéric Lescure : Globalement les raisons sont les mêmes qu’ailleurs en
France mais avec une particularité toutefois, c’est la faible tradition ouvrière
en Bretagne. Jusque dans les années 60, l’industrie était
inexistante ici. Lorsque les usines agroalimentaires se sont
montées, elles ont recruté les “bras” libérés par la
mécanisation de l’agriculture. Les qualités de cette maind’oeuvre
ont très largement participé à la performance qui
place aujourd’hui la Bretagne à la 4e place des régions
industrielles françaises. Mais avec la montée du secteur des
services, l’industrie a perdu de son attractivité, traînant
derrière elle une mauvaise image, plus proche des clichés que de la réalité.
La plupart des emplois de l’industrie sont des emplois très techniques. Le
travail à la chaîne concerne très peu de monde.
S.O. : L’évolution des formations a écarté de nombreux jeunes
de l’industrie ?
F.L. : Dans les années 60, environ 20 % d’une classe d’âge avait le bac. Pour
ceux qui ne l’avaient pas, aller à l’usine ou entrer dans le bâtiment, c’était
normal. Aujourd’hui les 80 % qui ont le bac ne trouvent pas normal d’aller
travailler en usine, car l’image véhiculée est celle du travail à la chaîne. C’est
là qu’il y a maldonne. Quand les jeunes ont compris qu’ils se sont fourvoyés,
ils sont frustrés de devoir se rabattre sur l’industrie. On leur a tellement dit :
si tu ne bosses pas tu finiras là. Comment pourraient-ils s’enthousiasmer ?
Ils n’ont aucune idée de la richesse de nos métiers. On en récupère
quelques-uns évidemment. Mais il faut longtemps pour qu’ils retrouvent leur
fierté, la conscience d’être arrivé à quelque chose de bien. Je rencontre
souvent des jeunes gens qui se posent des questions sur leur avenir. Je leur
dis “Si vous êtes très bons, visez haut. Si vous êtes juste bons ou moyens,
soyez malins, faites ce que les autres ne font pas. Et vous vous en sortirez
tout aussi bien. Et là l’industrie vous offre de vraies opportunités de carrière.”
S.O. : On entend souvent dire que les jeunes ne veulent plus travailler.
Vous en pensez quoi ?
F.L. : La valeur du travail a changé pour tout le monde, pas seulement pour
les jeunes. Du tout travail, on est passé au temps libre et aujourd’hui on va
vers le temps choisi. Il faut faire avec. Tous. Salariés et patrons. Cela veut dire
qu’il faut organiser le travail autrement. Et surtout valoriser le travail
autrement. Cette évolution est très bien illustrée par un rapport(2) récent du
CJD(3) sur la valeur du travail. Il fait une vingtaine de pages et est consultable
en ligne sur le site du CJD. Vous n’y trouverez pas LA solution, mais si ce
rapport pouvait ouvrir un débat serein et dépassionné, ce serait bien. ■
Propos recueillis par Christelle Garreau
(1) GFI : Groupe des fédérations industrielles de Bretagne. Voir la rubrique Pour en savoir plus, page 18.
(2) Voir la rubrique Pour en savoir plus, page 18. (3) CJD : Centre des jeunes dirigeants. Voir le site : www.cjd.net
Contact➜ Frédéric Lescure, tél. 02 99 87 42 87, flescure@meaban.com
Stages et Olympiade
Girex et Guerb
Frédéric Lescure.
DR
Deux industries chimiques de
Bretagne dans le domaine pharmaceutique,
Guerbet à Lanester et Girex
à Quimper communiquent volontiers
vers la jeunesse pour promouvoir des
activités méconnues du grand public.
“Pollution, danger, contraintes”,
lorsque le grand public évoque l’industrie
chimique, ce sont à peu près les
mêmes stéréotypes qui reviennent. À
chaque fois qu’un accident survient dans
une usine chimique ou qu’un navire fait
naufrage au large des côtes bretonnes, le
Elle ne manque pas de candidats.
L’École de chimie de Rennes est à
l’écoute des besoins des industriels et
au fait des dernières innovations en
faveur du développement durable.
Elle dirige les étudiants vers un
chemin prometteur.
L’École nationale supérieure
de chimie de
Rennes (ENSCR) forme
75 ingénieurs par an et
ne semble pas avoir de
problèmes pour séduire les
étudiants. “On sait que les
filières scientifiques sont confrontées
à une baisse du nombre d’étudiants. Ce n’est
pas le cas de l’école de chimie”, assure le directeur
Daniel Plusquellec. Pour 68 places propoÉcole
de chimie de
Les étudiants
Xavier Bourdon.
DR
Bernard Le Douairon, responsable
administratif et ressources humaines avec
Alain Prudhomme, directeur général de Girex.
Christophe Blanchard
Christelle Garreau
Sciences Ouest 231 7/04/06 17:28 Page 14
15 231/AVRIL 2006
communique
fossé se creuse encore un peu plus.
Pourtant, contrairement à ce qu’on pourrait
penser, les industries chimiques de la
région ne sont pas des sites hermétiques.
Bien que soumises à des règles de sécurité
strictes, elles n’hésitent pas à ouvrir leurs
portes aux élèves et autres étudiants qui
souhaitent s’orienter vers les métiers de la
chimie. “On reçoit beaucoup de jeunes en classe de
troisième qui souhaitent réaliser des stages de
découverte dans notre entreprise, qui est l’un des
rares sites pharmaceutiques de Bretagne,
explique Bernard Le Douairon, responsable
administratif des ressources humaines de
l’entreprise Girex(1) à Quimper. Nous recevons
également des étudiants en IUT, BTS, master
chimie en développement ou génie chimique, et
aussi des pharmaciens en 5e et 6e années pour des
stages plus classiques en laboratoire.”
Stratégie didactique
Cette stratégie didactique permet d’éviter
certains fantasmes qui ont la peau dure
lorsqu’on parle de chimie : “La démarche
d’accueil est très importante. Par cette action, je
peux contribuer, modestement, au fait que les gens
qui viennent nous voir repartiront avec une image
différente de la chimie,” explique François-
Louis Debleds, le directeur de l’usine
Guerbet de Lanester, spécialisée dans les
produits de contraste pour la radiologie.
Créateur d’emplois, François-Louis
Debleds n’hésite pas, lui non plus, à
prendre son bâton de pèlerin, écumant les
salons et les forums afin de présenter au
public cet univers méconnu : “Je suis consommateur
de ressources. Le meilleur moyen pour que
les gens que je vais recruter me conviennent, c’est
d’aller directement leur expliquer ce dont j’ai besoin,
qu’ils soient étudiants ou enseignants.”
Cette communication régulière s’avère
d’autant plus essentielle que le système
scolaire est généralement peu au fait des
réalités de terrain. “J’ai reçu il y a deux ans une
vingtaine de professeurs de chimie des classes de
première et de terminale, dans le cadre des
Olympiades de la chimie(2). Ils avaient été très
perturbés en constatant qu’ils enseignaient des
choses dont nous n’avons plus besoin dans les
usines ! Ils s’attendaient à voir des descentes de
burettes, or ils avaient devant eux des ordinateurs
préparant des échantillons, des techniques automatisées
comme les chromatographies gazeuses(3) ou les
spectromètres à infrarouge élevés. Même si je pense
que nous avons encore beaucoup à entreprendre
pour mieux nous faire connaître, je crois toutefois
que nous sommes sur la bonne voie.” ■ C.B.
(1) Sur ce site créé en 1983, il existe deux entreprises. Une entreprise de chimie, Girex, qui
fabrique des principes actifs pharmaceutiques. Un laboratoire pharmaceutique, Mazal
Pharmaceutique, qui fabrique et conditionne des médicaments, notamment à partir des
principes actifs fabriqués ou purifiés par Girex. (2) Les Olympiades de la chimie ont été
créées en 1984 pour faire découvrir la réalité de la chimie dans la société. Chaque année,
près de 3 000 élèves sont concernés par cette formation et ces compétitions ; plus de
700 professeurs des enseignements publics et privés participent aux préparations dans
150 établissements. (3) La chromatographie sert à séparer et identifier les espèces
chimiques coexistantes dans un mélange.
des de la chimie
rbet se branchent sur les jeunes
sées, il y a toujours plus de dossiers de
candidatures : 353 pour la rentrée 2004, 420
l’an passé. “Cette année, nous allons dépasser
les 500. Nos formations sont en adéquation avec
les besoins des industriels. Plus de la moitié de nos
élèves intègrent de grands groupes.” Pour autant,
Daniel Plusquellec admet que le déficit
d’image existe. Il va même plus loin, “c’est de
notre faute, formateurs et industriels. Nous n’avons
pas su expliquer notre science, nos métiers.”
Respect de l’environnement
L’évolution de la demande des consommateurs
vers un plus grand respect de l’environnement
va selon lui corriger cette
image. “Nous allons apporter des solutions aux
problèmes posés par nos sociétés modernes.
Aujourd’hui, les innovations vont toutes dans ce
sens et nos élèves sont formés pour travailler dans
le contexte du développement durable.”
Parmi les projets innovants, le laboratoire
“Synthèses et activations de biomolécules” a
travaillé avec un industriel (Appia du groupe
Eiffage) sur la mise au point d’un bitume(1)
moins polluant, utilisant des coproduits de
l’industrie sucrière et un acide gras de l’huile
de colza. Autre exemple : la société malouine
Goëmar et les chercheurs de l’école ont
concocté des procédés de fabrication de
dérivés issus des algues brunes. Ces dérivés
sont des immunostimulants qui pourraient
être utilisés dans la lutte contre le cancer.
Enfin, l’école participe à un projet sur l’environnement
côtier (Sealacian), labellisé par
le pôle de compétitivité Mer Bretagne. ■ C.G.
(1) Sciences Ouest consacrera prochainement une page sur ce bitume plein d’innovations.
e Rennes : pas de problèmes de recrutement
en phase avec l’innovation
Contact
Xavier Bourdon, tél. 02 23 23 80 03,
xavier.bourdon@ensc-rennes.fr
Les scientifiques de l’ENSCR ont mis au point du bitume moins
polluant, testé sur 2 km de route il y a 18 mois. Un brevet français
étendu au niveau mondial protège cette invention.
Contacts
Girex, 11, rue Rontgen 29337 Quimper Cedex.
Guerbet, francois-louis.debleds@guerbet-group.com,
www.guerbet.com
François-Louis Debleds,
directeur usine et
chef d’établissement
de Guerbet.
DR Christophe Blanchard
Dans les industries
chimiques, les burettes
ont laissé place
aux ordinateurs.
Christophe Blanchard
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Dossier
16 231/AVRIL 2006
L’industrie chimique
L’histoire des cosmétiques marins
en Bretagne ne date pas d’hier. Née
en 1962, l’entreprise finistérienne
Algotherm fabrique des produits de
soins à base d’algues.
Fondée par Philippe Le Fur, le fils du
créateur de la Société bretonne des
algues (Sobalg), la société Algotherm a fait
partie de la vague de développement des
produits cosmétiques marins en France.
Avec ses bains aux algues (moussants ou
non moussants) conditionnés sous forme
de berlingots, la gamme, encore assez peu
développée à l’époque, va valoriser une
ressource marine culturellement très prisée
par les habitants du littoral breton.
En tube et en flacon
Dans les années 70,
Algotherm prend son indépendance
par rapport à la
Sobalg et s’implante dans
les locaux qu’elle occupe
actuellement à Landerneau :
“Notre site de Landerneau est un lieu de production
dans lequel nous avons plusieurs types d’activités,
explique Dominique Lecomte, le directeur
de l’usine. Nous fabriquons des extraits d’algues
qui nous servent de matière première. Celles-ci sont
introduites dans les pâteux et les liquides que nous
produisons, tels que des crèmes, des émulsions, des
gels douches, des shampoings et des lotions. Dans
cette usine, nous réalisons également le conditionnement
primaire (la mise en tube, en flacon, en
pot), ainsi que le conditionnement secondaire et
tertiaire, à savoir la mise sous étui et le filmage des
produits.”
En 1997, après plusieurs ventes successives,
le laboratoire est finalement racheté
par le groupe Batteur dont l’activité principale
est la fabrication de médicaments
et de cosmétiques à destination de la
pharmacie : “Le groupe Batteur disposait d’un
laboratoire de recherche et de développement
pharmaceutique situé dans le Calvados(1), sur
lequel est venu se greffer le laboratoire Algotherm.
Ce rapprochement nous a permis d’exploiter de
nouveaux moyens techniques et humains.”
Une matière première fragile
Dynamisé par ce rachat, Algotherm va
bénéficier de la compétence scientifique
d’une entité de renommée internationale
qui lui permet de développer sa gamme de
façon importante(2). “À l’origine, Algotherm
était plutôt une marque destinée aux soins du
corps. L’axe de développement est aujourd’hui le
visage. Ce qui nous intéresse, c’est de savoir dans le
milieu naturel, précisément dans le milieu marin,
quels sont les algues ou les éléments qui peuvent
nous être utiles pour telle ou telle application. Nous
n’utilisons pas les mêmes algues pour concevoir un
produit minceur et un produit antiâge.”
Et travailler avec un produit naturel n’est
pas toujours facile. “Contrairement à un
produit de synthèse, qui est toujours le même en
termes de caractéristiques techniques et de stabilité,
les produits ou les actifs des matières naturelles
connaissent des variations importantes en termes
de spécification. Lorsqu’on travaille à partir
d’algues, on ne maîtrise pas tous les paramètres,
notamment à cause du climat ou des zones de
ramassage parfois éloignées. Il n’y a pas très
longtemps, par exemple, nous sommes tombés
en rupture d’une huile essentielle, car il y a eu un
cyclone à Madagascar.” Heureusement : 75%
de la récolte composée de fucus laminaires
se situe toutefois sur la côte bretonne ! ■
C.B.
(1) Il s’agit du laboratoire Gilbert situé à Hérouville-Saint-Clair. (2) Distribuée en instituts de
beauté, day spas et centres de thalassothérapie, la marque Algotherm est présente dans
29 pays.
Des bains d’algues aux huiles essentielles
Algotherm, pionnier dans
les cosmétiques marins
Contact
Dominique Lecomte, tél. 02 98 21 31 30,
dlecomte@labo-algotherm.fr, www.algotherm.fr
Christophe Blanchard
Dominique Lecomte.
Christophe Blanchard
Nicolas Guillas
Algotherm cible son
développement sur les produits
destinés au visage.
Les produits naturels
tels que les algues
sont soumis aux aléas
environnementaux.
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17 231/AVRIL 2006
aux petits soins
Changement de cap pour Aquatonale
L’argile marine supplante les algues
Voilà 13 ans que le groupe Aquatonale
est s’installé en terre bretonne. Il fait
partie de la centaine de PME qui
surfent sur la vague des produits de
soins à base d’algues. Mais il mise
aujourd’hui sur une autre matière
première : l’argile marine.
Implanté à Redon (35) en 1993, puis à
Allaire (56) depuis 2004, Aquatonale
fabrique des produits cosmétiques sous
son nom et celui de Thalaspa. “Rien de particulièrement
original dans la région bretonne”,
assure le P-DG Pierre Boutigny. “Nous avons
une forte compétence sur les poudres et les produits
à base d’alginates”, précise Cécile Stokes, du
service marketing. “Mais si vous cherchez l’innovation,
reprend Pierre Boutigny, c’est à notre
activité argile marine qu’il faut vous intéresser.”
Mieux que les algues
Tout comme les algues, l’argile a des
propriétés cicatrisantes, antiseptiques,
absorbantes, sédatives, décontracturantes,
reminéralisantes et stimulantes, mais elle
est plus riche en oligoéléments et minéraux(
1) que les algues. “Autre avantage : elle est
moins coûteuse.” Aquatonale peaufine donc
une gamme de produits dans lesquels l’argile
marine remplace les poudres d’algues
habituellement utilisées par les fabricants.
“Nous cherchions un substitut aux algues parce
que leur prix est fluctuant. Et nous l’avons trouvé.”
Il y a deux ans, Aquatonale a racheté le
Laboratoire Moutiers Marine L2M et les
17 ha du gisement d’argile marine que cette
société exploite aux Moutiers-en-Retz (face
à l’île de Noirmoutier). “Les gisements d’argile
marine ne sont pas nombreux”, ajoute Cécile
Stokes. Celui de Moutiers est le seul connu
en France. Il en existe d’autres en Guyane et
surtout au Canada. “Mais tous ne sont pas
exploitables en cosmétologie, reprend Pierre
Boutigny. Pour le gisement des Moutiers, nous
avons fait faire de nombreux tests pour démontrer
l’absence de substances carcinogènes, mutagènes
ou cytotoxiques. Par ailleurs, il faut aussi que la
composition en minéraux soit compatible avec notre
activité. Un gisement qui contient du plomb ou des
nitrates est sans intérêt.”
200 000 tonnes d’argile
Le dépôt des Moutiers est idéal et important.
Il est épais de 5 à 7 mètres avec par
endroit des fosses à 20 mètres. “Nous estimons
la quantité d’argile à 200 000 tonnes.”
Actuellement l’argile est purifiée aux
Moutiers, mais à terme tout le traitement
se fera à Allaire. La surface du bâtiment a
été doublée en 2005 pour accueillir, entre
autres, cette nouvelle activité. L’argile arrivera
par camion dans des cuves. “C’est un
produit vivant, précise Pierre Boutigny. Nous
devons le traiter dans les 48 heures qui suivent son
extraction.” Une fois purifiée, l’argile peut être
enrichie en huiles essentielles ou extraits
végétaux. Elle peut être conditionnée en
pâte ou sous forme de poudre après avoir
été micronisée.
“Nous prévoyons d’ici trois ans une production de
300 tonnes d’argile par an”, annonce le P-DG,
qui reste prudent sur les objectifs. Car
même s’il est sûr de l’intérêt de l’argile
marine, il faut encore convaincre. “L’image de
l’algue est très forte dans notre domaine d’activité,
explique Cécile Stokes. Nous serons les seuls
en France à proposer une gamme à l’argile marine
pour les particuliers, avec des laits, des masques et
shampoings, en plus de la gamme que nous destinons
aux professionnels de la thalasso.” Ultime
touche nature : Aquatonale travaille à la
certification Ecocert(2) d’une partie de ces
produits. ■ C.G.
(1) Les argiles sont composées pour une large part de silicates d’aluminium plus ou moins
hydratés et de minéraux spécifiques en proportions variables, déterminant la plasticité et
les capacités adsorption de chaque type d’argile. (2) Les cosmétiques certifiés Ecocert sont
exempts de parfums et colorants de synthèse, de silicone et de glycols. 95 % des
ingrédients sont d’origine naturelle, 50 à 95 % des végétaux sont issus de l’agriculture
biologique selon que le produit est certifié “écologique” ou bien “écologique et
biologique”.
Contact
Cécile Stokes, tél. 02 99 71 84 41,
marketing@groupe.aquatonale.fr
Le mélangeur réservé
à la fabrication des sels de bain
permet de composer 500 kg de sels
en une seule fois dans un sac
de toile tissée. Les sels ensuite
seront conditionnés sous
différentes formes selon les clients.
À l’intérieur du bâtiment, les différents
espaces sont largement vitrés. Ici la zone
de conditionnement avec en arrière-plan le
laboratoire où les formules sont élaborées.
Christelle Garreau
Christelle Garreau
Sciences Ouest 231 7/04/06 17:28 Page 17
18 231/AVRIL 2006
➜
Un relais
■ UIC Ouest Atlantique. Union des industries chimiques des régions
Bretagne et Pays de la Loire. Elle regroupe 230 établissements dont les
activités sont très diversifiées : production d’engrais, gaz, peintures, encres,
colorants, arômes, cosmétiques... Elle emploie 15 000 salariés soit 6,5%
des effectifs nationaux. 45 % des établissements ont moins de 20 salariés.
Son principal objectif est de défendre l’intérêt de ses adhérents et de
mettre en valeur leur savoir-faire. Elle relaie aussi les actions de l’UIC
nationale. Son siège est à Rennes. Rens.➜ Tél. 02 99 87 42 87,
info@uicouestatlantique.fr, www.uicouestatlantique.com (en cours de
reconstruction après la fusion des UIC Bretagne et Pays de la Loire).
Des rendez-vous
■ Avec l’industrie, mon aventure commence. Pour sensibiliser
les adolescents et jeunes adultes (13- 23 ans) aux différents métiers
que propose l’industrie, le GFI(1) organise un jeu-concours baptisé
“Avec l’industrie, mon aventure commence”. Il y a bien sûr beaucoup de
lots à gagner (scooters, consoles PSP, portables lecteurs MP3), mais aussi
beaucoup à apprendre sur 1 001 métiers innovants. Rens.➜S’inscrire sur le
site www.industrie-jeunes.fr. Le concours initialement prévu jusqu’en mars
se prolonge en avril. Déjà plus de 22 000 joueurs y ont participé.
■ C’est moi qui l’ai fait. Une minisérie de 20 témoignages (environ
2 mn chacun) de jeunes qui travaillent dans l’industrie, réalisée en 2004-
2005, diffusée sur M6. Existe aussi en DVD. Rens.➜www.industrie-jeunes.fr,
17 nouvelles séquences vont être mises en ligne sur ce site.
■ Les états généraux de l’industrie bretonne. Le grand rendezvous
de l’année pour les professionnels du secteur, organisé par le GFI
Bretagne, le 9 juin. On y parlera, entre autres, de l’innovation, de l’attractivité
vis-à-vis des jeunes, de développement durable, de réglementation, de
risques industriels, de transport et d’image. Rens.➜Inscription en ligne sur
www.gfibretagne.fr
À voir
■ Le dossier de Sagascience du CNRS “Chimie et beauté”. Très
bien fait, de très belles images, 3D, microscopie électronique. Des
vidéos. Des explications claires sur les cheveux, la peau, les parfums...
Rens.➜www.cnrs.fr/cw/dossiers/doschim/accueil.html
À lire
■ Le rapport “La valeur du travail”. Synthèse de la réflexion de vingt
chefs d’entreprise bretons, membres du Centre des jeunes dirigeants (CJD).
Consultable en ligne sur ➜ www.cjd.net ; rubrique “Les travaux” (ne pas s’arrêter
à la page de présentation, ce serait dommage. Télécharger tout le rapport, une
vingtaine de pages).
■ Le rapport de l’Académie des sciences : Nanosciences, Nanotechnologies,
rst n°18 avril 2004 (22 pages). Bien illustré. Il n’est pas accessible
via Internet. ➜ Éditions Tec&Doc Lavoisier.
■ La synthèse Digitip a été réalisée par la société Développement et
conseil. Elle existe sous le format pdf. Elle fait 122 pages avec une analyse
pour chaque secteur concerné par les matériaux composites (électronique,
optique). Téléchargeable sur ➜ www.industrie.gouv.fr/enjeux/pdf/synthese
nanomateriaux
■ L’étude US : Sciences physiques. Nanosciences, microélectronique,
matériau. Mai 2004. N° 11 (14 pages). ➜ Étude américaine.
Disponible en pdf sur ➜ www.france-science.org/publications/physique/
PhysUSA_N11.pdf
Une initiative
■L’école des ingénieurs de production par alternance à Vannes
est financée par les industriels bretons, via la taxe d’apprentissage. Elle a
ouvert à la rentrée 2003 et accueille dans des bâtiments tout neuf
(4 500m2) 210 élèves ingénieurs formés à l'international grâce à des stages
en pays anglophones. Rens.➜ GFI Bretagne, tél. 02 99 87 42 87, Institut
supérieur de technologie de Bretagne, tél. 02 97 62 11 81, istb@ist.icam.fr
(1) GFI : Groupement des fédérations industrielles.
Pour en savoir plus
*prix de vente au numéro
■ Tarif normal : 2 ANS 54€ (au lieu de 66€*) soit 4 numéros gratuits /
1 AN 30€ (au lieu de 33€*) soit 1 numéro gratuit ■ Tarif étudiant (joindre un
justificatif) : 2 ANS 27€(au lieu de 66€*) soit 13 numéros gratuits / 1 AN 15€
(au lieu de 33€*) soit 6 numéros gratuits ■Tarif étranger ou abonnement de
soutien : 2 ANS 76€/ 1 AN 50€
Nom
Prénom
Adresse
Code postal Ville
Tél. Fax
désire recevoir une facture
souhaite un abonnement de : 1AN (11 NOS) 2ANS (22 NOS)
Tarif normal Tarif étudiant (joindre un justificatif)
Tarif étranger ou abonnement de soutien
BULLETIN D’ABONNEMENT
✂ SO 231
L’info scientifique
et technique
du grand Ouest
Bulletin d’abonnement et chèque à l’ordre de l’Espace des sciences, à retourner à :
Espace des sciences, Les Champs Libres, 10, cours des Alliés, 35000 Rennes.
Dossier
Le mois prochain : La voiture de demain
Sciences Ouest 231 7/04/06 17:28 Page 18
19 231/AVRIL 2006
Qu’elle soit “propre” ou “verte”, la
chimie d’aujourd’hui vise à limiter
la production de polluants et de
déchets, économiser la quantité de
matière première et d’énergie, tout
en réduisant les risques pour la santé.
La synthèse organique sans solvant
répond à ces critères.
Fabrication de plastiques, de composites,
synthèse de nouvelles molécules thérapeutiques...,
la synthèse organique est
utilisée dans de nombreux secteurs industriels.
Effectuer une synthèse organique,
c’est obtenir un composé en faisant réagir
entre eux des composés organiques plus
simples.
Besoin de liberté
Pour que les “molécules de départ”
(les réactifs) réagissent entre elles, il faut
qu’elles puissent se mouvoir avec suffisamment
de liberté pour pouvoir adopter, à un
moment donné, une conformation propice
à la réaction. Le moyen le plus simple pour
obtenir ce résultat - et, en fait, le seul connu
pendant longtemps - est de mettre les
réactifs en solution. Or, les molécules
organiques ne sont solubles que dans
des solvants organiques qui, hormis le
fait qu’ils soient souvent coûteux, sont
généralement toxiques et potentiellement
générateurs de pollution.
Remplacer les solvants
La dilution des réactifs a pour conséquence
de baisser leur réactivité(1) et
d’augmenter le temps de réaction. Aussi
depuis les années 90, il existe plusieurs
procédés qui permettent d’effectuer des
synthèses organiques sans solvant.
● La solubilisation du (des) réactif(s)
solide(s) dans le(s) réactif(s) liquide(s) ou
l’adsorption du liquide à la surface du
solide sont utilisées si au moins un des
réactifs est liquide et que les autres, solides,
sont solubles dans ce liquide.
● La catalyse par transfert de phase (CTP)
est un procédé qui peut s’appliquer aux
réactions mettant en jeu des sels, qui, en
présence de sels d’ammonium quaternaire,
deviennent solubles dans une phase organique
liquide.
● Une autre technique consiste à utiliser
des supports solides minéraux, tels que
l’alumine, les gels de silice, l’argile, ou les
zéolites, qui comportent de multiples
cavités à leur surface(2). Les réactifs pénètrent
dans ces cavités et leur réactivité est
nettement augmentée : la réaction s’amorce
à l’interface réactifs/cavité. Ces supports
minéraux sont, de plus, non toxiques et
recyclables.
Amorçage avant réaction
Le plus souvent, les réactions ont besoin
d’être amorcées... par un peu de chauffage !
Mais le chauffage traditionnel est lent. De
plus les éventuelles surchauffes du récipient
peuvent dégrader réactifs comme
produits de la réaction. Depuis 1986,
l’adoption du chauffage par micro-ondes
en synthèse organique pallie ces inconvénients.
Utilisé dans les laboratoires de
recherche comme en milieu industriel, il
permet un chauffage rapide et homogène
du milieu réactionnel et seulement de
celui-ci (le récipient n’est pas chauffé), des
temps de réaction plus courts, des produits
de réaction plus purs et de meilleurs rendements.
98 % de rendement
Ainsi, par exemple, la synthèse de
certains composés d’intérêt biologique, qui
s’effectuait “classiquement” en solution
dans le toluène (un solvant toxique),
demandait vingt-quatre heures et atteignait
un rendement de 65 %. Sans solvant et avec
chauffage par micro-ondes, elle s’effectue
en trois minutes, avec un rendement de
98 % ! Les améliorations (rapidité de réaction,
rendement) sont tout aussi impressionnantes
pour les deux autres types de
réaction sans solvant.
Si les premiers essais de synthèse organique
sans solvant et sous micro-ondes ont
été effectués avec des fours semblables à
ceux de nos cuisines, les techniques ont
considérablement évolué pour permettre,
d’une part, une meilleure efficacité et un
contrôle de la réaction (mesure de la
température intérieure, de la pression...) et,
d’autre part, de produire les composés en
plus grande quantité. ■
Sylvie Furois, CNRS et
Centre de vulgarisation de la connaissance,
université Paris-Sud 11, www.cvc.u-psud.fr
(1) Abaissement du rendement de la réaction - fraction de réactifs ayant réagi par rapport
aux réactifs mis en jeu. (2) Ces solides, aussi lisses et polis qu’ils paraissent, possèdent en
fait de nombreux “trous” à leur surface, à l’échelle moléculaire.
La chimie sans solvant
Amas de cristaux de
zéolithes (de type
sodalite) lors d’une
étape de synthèse. Les
zéolithes sont des
alumino-silicates
microporeuses.
Largement utilisées
comme catalyseurs
dans l’industrie, elles
interviennent de plus en
plus dans les procédés
de séparation.
CNRS photothèque/Didier Cot
Deux chercheurs au tableau noir essayant de
définir les différentes étapes pour la synthèse
d’une nouvelle molécule organique.
CNRS photothèque/Laurent Robin
➜Comment ça marche ?
Sciences Ouest 231 7/04/06 17:28 Page 19
20 231/AVRIL 2006
aaggeennddaa
■Colloques
■Conférences
16 mai/Réseau bentique
■ Rennes - Un nouveau réseau de surveillance du
benthos côtier (Rebent), coordonné par l’Ifremer, se
met progressivement
en place sur
l’ensemble du territoire
métropolitain.
À l’occasion des
“premières journées
Rebent”, un
atelier de restitution
des travaux déjà réalisés et des premiers résultats
obtenus est organisé. À la faculté des sciences économiques
de Rennes.
Rens.➜Brigitte Guillaumont, tél. 02 98 22 40 40,
www.rebent.org/journees_rebent
17 et 18 mai/Les enzymes en alimentaire
■ Rennes - Ce symposium européen,
organisé par CBB développement, propose
de réunir l’ensemble des professionnels
(chercheurs et industriels) qui souhaitent contribuer
au développement des enzymes en alimentaire : pour
l’obtention de PAI(2), la production d’aliments ou d’additifs
d’aliments aux propriétés fonctionnelles, nutritionnelles
et/ou santé. À la Maison de l’Agriculture.
Rens. et inscription ➜CBB développement,
Nathalie Letaconnoux, tél. 02 99 38 33 30,
nathalie.letaconnoux@cbb-developpement.com
31 mai et 1er juin/Le rendez-vous annuel
desmanagers qualité en IAA
■ Rennes - L’Adria organise deux journées de réflexion
sur un métier en pleine mutation : celui de manager
qualité en industrie agroalimentaire.
Rens.➜Cécile Bergot, tél. 02 98 10 18 28,
cecile.bergot@adria.tm.fr
29 et 30 juin/1res Journées Nanosciences
en Bretagne
■ Rennes - Organisées pour la
première fois en Bretagne, les “Journées Nanosciences”
vont permettre de faire un état de l’art sur les nanosciences,
les nanomatériaux, les nanostructures et les
développements instrumentaux en nanosciences. Elles
s’appuieront sur l’ensemble des laboratoires bretons
présents sur ces axes. Inscriptions avant le 12 mai 2006.
Rens.➜GMCM, tél. 02 23 23 56 81,
www.gmcm.univ-rennes1.fr/nanosciences
Adria
■ Les 10 et 11 mai, Nantes/Poudres et pulvérulents :
technologies des mélanges ■ Les 10 et 11 mai, Paris/
Rôles et responsabilités des cadres des IAA en cas de
crise ■ Les 10 et 11 mai, Quimper/Le chocolat dans
vos formulations
Rens.➜Séverine Pierre, tél. 02 98 10 18 49, www.adria.tm.fr
Archimex
■ Du 16 au 18 mai, Vannes/Émulsions et mousses :
outils pour la maîtrise de l’innovation galénique
■ Les 30 et 31 mai, Rennes/Méthodes d’évaluation
scientifique : tests et essais cliniques
Rens.➜Service formation, tél. 02 97 47 97 35,
formation@archimex.com, www.archimex.com
Cedre
■ Du 2 au 5 mai, Brest/Lutte contre les pollutions par
hydrocarbures en eaux extérieures ■ Du 15 au 19 mai,
Brest/Lutte contre les pollutions par hydrocarbures en
zone littorale
Rens.➜Cedre, tél. 02 98 33 10 10, www.cedre.fr
Centre régional d’initiation à la rivière
■ 20 avril, Ille-et-Vilaine/Plan local d’urbanisme et
intégration des zones humides ■ 27 avril, Belle-Isleen-
Terre/Gaspido : économiser est un jeu !
Rens.➜Crir, tél. 02 96 43 08 39, www.eau-et-rivieres.asso.fr,
rubrique formation
Irpa
■ Du 15 au 19 mai, Fribourg en Brisgau (Allemagne)/
Le développement durable en pratique
Rens.➜Institut régional du patrimoine, tél. 02 99 79 39 31,
www.irpa-bretagne.org
Supélec
■ Du 10 au 12 mai, Rennes/Compression d’images
par ondelettes ■ Du 15 au 19 mai, Rennes/
Composants programmables
Rens.➜Catherine Pilet, tél. 02 99 84 45 40,
catherine.pilet@rennes.supelec.fr
■Formations
20 avril/L’offshore(1) :
risques et opportunités
■ Bruz (35) - Cette Matinale
de Rennes Atalante abordera
la question de l’externalisation
des projets informatiques à
l’étranger : quel est l’impact de ce
phénomène en France pour le marché
des services informatiques ? Quelles
conséquences pour l’emploi en France ?
Quels sont les secteurs d’activité et les
applications concernés ? De 8 h 15 à
10 h 15, à l’Ensai (École nationale de la
statistique et de l’analyse de l’information)
sur le campus de Ker Lann, rue
Blaise Pascal à Bruz.
Rens.➜Rennes Atalante,
tél. 02 99 12 73 73,
www.rennes-atalante.fr
20 avril/Innovation et
territoires dans l’économie
de la connaissance
■ Cesson-Sévigné - Professeur de
sciences de l’information et de la communication
à l’Université Rennes 2, Pierre
Musso animera ce “Petit dej’recherche”,
organisé par France Télécom R&D.
Rens.➜Sur inscription uniquement,
petitsdejrecherche@rd.france
telecom.com
27 avril/Les biocarburants
■ Nantes - Chaque mois,
les objets techniques de
notre quotidien livrent leurs
secrets. Organisés au Cnam à
Paris, en collaboration avec le magazine
La Recherche et le quotidien Le Parisien,
le cycle de conférences-débats “Qu’en
savez-vous vraiment ?” est diffusé en
direct au Cnam à Nantes, par visioconférence,
avec possibilité de poser des
questions aux intervenants sous forme
de “tchat”. Au Cnam à 18 h 30.
Rens.➜Cnam Pays de la Loire,
tél. 02 40 16 10 70,
www.cnam-paysdelaloire.fr
2 mai/Analyse, modélisation
et simulation
de l’architecture
des plantes
■ Nantes - Conférence
donnée par Daniel Barthélémy,
directeur de recherche à l’Inra de
Montpellier, dans le cadre du cycle des
Mardis muséum. À 20 h 30, dans l’amphithéâtre
du muséum. Entrée libre.
Rens.➜Muséum d’histoire naturelle
de Nantes, tél. 02 40 99 26 20,
www.museum.nantes.fr
10 mai/PME & PMI :
innovations technologiques
choisies ou imposées ?
■ Rennes - Innovations dans
les produits et procédés, la
démarche qualité, la soustraitance
dans les domaines de l’agroalimentaire,
de l’automobile et des TIC,
tels seront les thèmes abordés au cours
de cette séance de l’Académie des technologies,
ouverte au public. Edmond
Hervé, président de Rennes Métropole,
ouvrira la séance, alors que le mot de la
fin sera donné par François Goulard,
ministre délégué à l’Enseignement
supérieur et à la Recherche.
Rens.➜Claude Jacquet, chargée
de mission à l’Académie des
technologies, tél. 01 53 85 44 46,
claude.jacquet@academietechnologies.
fr
Muséum d’histoire naturelle de Nantes
DR
(1) Externalisation de projets informatiques à l’étranger. (2) PAI : Produit alimentaire intermédiaire.
Sciences Ouest 231 7/04/06 17:28 Page 20
21 231/AVRIL 2006
■Expositions ■Appels à projets
Télécoms 2006
■ Élaboré avec le soutien du Réseau
national de recherche en télécommunications
(RNRT) et l’Agence nationale de
la recherche (ANR), l’appel à projets
Télécoms 2006 concerne le système de
saisie en ligne. Il couvre six thèmes :
mobilité et interopérabilité, très haut
débit, intelligence ambiante, sécurité en
télécommunications, Galileo catalyseur,
applications réparties/embarquées. La
date limite de soumission des dossiers
est le 11 mai 2006.
Le texte de l’appel à projets est en ligne
sur ➜www.agence-nationalerecherche.
fr?AAP=telecom
Mission Chine 2006
■ La CCI de Rennes organise
une mission de prospection
commerciale et sous-traitance
industrielle dans le domaine
des Tic du 9 au 16 septembre 2006
en Chine, à Shanghai et Canton. La
date limite d’inscription est fixée au
16 mai 2006.
Page d’accueil du site de Granit
➜ www.granit.org
Institut national du cancer
■ L’Institut national du
cancer (Inca) a lancé un
appel à projet concernant
les établissements de recherche académique
et des sociétés de biotechnologies
travaillant sur des projets en phase
précoce de développement clinique
in vivo. Son intitulé : programme de
soutien aux technologies innovantes et
coûteuses. La date limite de réponse est
fixée au 20 avril 2006.
Rens.➜Institut national du cancer,
www.e-cancer/fr, rubrique appels
à projet.
Création d’entreprise
■ Initié en 2000
pour donner l’envie
aux jeunes diplômés
de se lancer dans la création d’entreprise,
le concours des Cré’Act de
Bretagne confirme d’année en année
son succès et son impact positif sur les
jeunes générations. La 7e édition est
lancée ! La date limite d’inscription est
fixée au 30 juin 2006.
Rens.➜www.cre-act.com
Jusqu’au 7 mai/La Mayenne
au temps desmammouths
■ Laval - Conçue par le
CCSTI et le musée des
Sciences de Laval, cette
exposition valorise les
collections de paléontologie
du musée. Faune,
flore et objets paléontologiques
témoignent de la vie des
Hommes en Mayenne il y a environ
40 000 ans... L’exposition est accompagnée
d’animations et les ateliers du
mercredi proposent des séances d’art
rupestre pour les jeunes enfants, ainsi
qu’une initiation à la production de feu
pour les plus grands.
Rens.➜CCSTI de Laval,
tél. 02 43 49 47 81,
www.multimania.com/ccstidelaval
Jusqu’au 21 août/Mars,
exploration d’une planète
■ Nantes - Réalisée par la Ville de
Nantes - Muséum et Planétarium, le
laboratoire de planétologie et géodynamique
de l’université de Nantes et la
société d’astronomie de Nantes, cette
exposition vous emmène à la découverte
interactive de la planète Mars.
Rens.➜Muséum d’histoire naturelle
de Nantes, tél. 02 40 99 26 20,
www.museum.nantes.fr
Jusqu’au 27 août/
À la poursuite des monstres
marins
■ Cherbourg -
Dans cette exposition
spectacle,
le grand voyageur
Indiana Krakan mène l’enquête
dans le ventre d’une baudroie géante...
Il entraîne les visiteurs dans l’aventure,
au coeur des océans, à la poursuite des
dragons fantastiques, sirènes et autres
poulpes. Le spectacle a été conçu avec
le musée vivant du roman d’aventures et
Pierre Lagrange, sociologue spécialiste
desmythologies scientifiques.
Rens.➜La Cité de la Mer,
tél. 02 33 20 26 26,
www.citedelamer.com
Jusqu’en octobre/L’arbre,
la haie, les hommes
■ Rennes - Des
chênes émondés
(ou “ragosses”) aux
haies, en passant
par les différentes
essences traditionnelles
du bassin de
Rennes, leurs qualités et leurs usages,
cette exposition retrace l’histoire du
bocage haut breton. Objets et pratiques
anciennes associées y sont également
présentés.
Rens.➜Écomusée du Pays de Rennes,
tél. 02 99 51 38 15,
www.ecomusee-rennes-metropole.fr
Scènes de pêche
■ Xavier Dubois a passé plusieurs mois
avec les pêcheurs de Saint-Cast et
Erquy. Au fil des sorties en
mer, il a appris à connaître
les hommes et leur métier.
Au travers d’une exposition
de 20 photographies,
présentées sur bâche, il
rend hommage à ce savoirfaire
et ces gestes ancestraux
souvent méconnus
du public. L’exposition est
itinérante. Elle sera : • du
13 au 28 mai à la médiathèque
de Honfleur dans le
cadre du Off des Chroniques nomades
• du 3 au 9 juin sur le port de Lorient
dans le cadre du Défi des ports de pêche.
Rens.➜xavier@coopimages.com
■Sorties
21 mai/Connaître la vie
des haies
■ Rennes - Connaissance
des différentes essences d’arbres et
d’arbustes, et de leur utilisation traditionnelle
: l’Écomusée du Pays de
Rennes propose une découverte de la vie
des haies en compagnie de naturalistes.
Rens.➜Écomusée du Pays de Rennes,
tél. 02 99 51 38 15, www.ecomuseerennes-
metropole.fr
Vacances avec
Planète Sciences
■ Le catalogue des vacances 2006
proposées par Planète Sciences est
sorti. Depuis de nombreuses années,
l’organisme propose des séjours qui
concilient activités
scientifiques, sport
et détente pour
les jeunes de 7 à
18 ans. Archéologie, astronomie, environnement,
robotique, multimédias,
énergie..., les activités sont variées et
animées par des encadrants spécialisés.
Rens.➜Planète Sciences Bretagne,
tél. 02 98 05 12 04,
www.planete-sciences.org/vacances
Planète Science Bretagne
CCSTI et musée des sciences de Laval
DR
DR
Xavier Dubois
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➜
22 231/AVRIL 2006
A PORTRAIT IN THE SPOTLIGHT P.6/7
The science of language and neurology
A final homage to Jean Gagnepain
by Olivier Sabouraud
In the February issue, we reported the
death of Jean Gagnepain, expert in the
science of language at the University of
Rennes 2. Neurologist Olivier Sabouraud
had prepared a homage to him and we were
preparing to publish it in this April issue
when Professor Sabouraud himself died,
just a few weeks later. The two professors,
who had worked together since 1959,
created a whole new approach to human
sciences in general and the science of
language in particular.
Extract from Olivier Sabouraud’s Homage
to Jean Gagnepain:
“Jean Gagnepain’s contribution to the
development of ideas in our era is of
interest to scientists in many different
fields. He began with Saussure’s ideas on
language, a language which did not exist
and which remains an indistinct concept
without deconstruction. He explained the
theory of signs, introducing the notion of
analysis thanks to an intermediate system
and showing that, of all the objects created
by the brain, the sign is a radically new
product that owes nothing to motricity, the
senses or semantics. It is defined totally
within the signifier and the signified, and by
the reciprocal connection between them.
These two elements represent the two faces
of a sign.”
Extract from Olivier Sabouraud’s biography,
due for publication in Les médecins bretons,
de la Révolution au début du XXIe siècle -
biographies médicales, a work edited by
the Espace des sciences. Publication is
scheduled for the end of April.
With Jean Pecker, Olivier Sabouraud
initiated work on neurology, including
brain diseases and multiple sclerosis. With
linguist Jean Gagnepain, he researched
language disorders and the problems of
aphasia. As Chairman of the Board of
Directors of Inserm from 1983 to 1986, he
was a member of the Regional Committee
on Ethics chaired by Professor Bernard
Lobel. From philosophical reflection to
assistance for the most disadvantaged
in society, he was a scientist with
commitment. ■
The chemical industry -
a French paradox P.9/17
France’s chemical industry is Europe’s
second largest producer, achieving more
than 16% of European turnover. It is also
Europe’s second largest employer behind
Germany and before the United Kingdom.
Yet this industrial sector has a bad image in
France. Paradoxically, though, the French
adore products that come from the sector
such as wipes, anti-wrinkle creams and
water softeners. The advances made in the
chemical industry have, for example, made
a significant contribution to developments
in beauty care and personal hygiene
products but it is difficult to imagine the
words “Chemistry’s latest innovation” as
a marketing catchphrase on a shampoo
bottle. The chemical industry works in the
shadows, creating and improving countless
objects used in everyday life, and it is
increasingly involved in finding innovations
for the environmental and health sectors.
Now it has to publicise the fact. The Union
des industries chimiques is taking more and
more action to combat the image problem
that is so typically French, capture the
attention of young people who know so
little about the industry, and reassure local
people living near industrial sites. The final
aim of their action is to achieve the mutual
understanding that is so important for this
industry.
April’s “In-Depth Look” gives industrialists
and their elected representatives plenty of
chance to state their points of view. They
will tell you about the efforts being made to
ensure that processes and products are
more environmentally and user friendly,
and to improve its communication skills,
this being far from the easiest task. They
will tell you about innovations, of course,
and you will see that industrialists are
visionaries when it comes to paint,
cosmetics (yes, cosmetics manufacturers
are bound by collective agreements
on chemicals), animal foodstuffs and
nanomaterials. Sometimes they have far
outstripped the market in their design of
more ecological products and they now
have to wait for demand to catch up with
them. Chemistry and chemicals have paved
the way for economic changes and the
introduction of globalisation; now they are
providing support for society in its search
for greater respect for the environment. ■
These abstracts in English are sent to foreign universities that have links with Brittany and to the Scientific Advisers in
French Embassies, in an effort to widen the availability of scientific and technical information and promote the research
carried out in Brittany. If you would like to receive these abstracts on a regular basis, with a copy of the corresponding issue
of Sciences Ouest, please contact Nathalie Blanc, Editor, fax +33 2 23 40 66 41, E-mail: nathalie.blanc@espace-sciences.org
Brittany Regional Council
is providing financial backing
for this service.
Research and innovation in Brittany
Abstracts for the international issue
An in-depth look at Changes
in the Chemicals Industry
April 2006 ■ N°231 ➜
(1) PBB: polybromobiphenyls. (2) PBDE: polybromodiphenyl ethers. (3) The Euro Info Centre, Jessica France and Meito joined forces within a project called “Appui au développement durable dans l’électronique” (Addel, Support for sustainable development in the electronics industry).
It is funded by the Regional Council and Drire and will run from January 2006 to June 2007.
SPOTLIGHT ON THE NEWS P.8
Of interest to numerous Breton SMEs
Electronics: a whole new recycling
circuit
This affects every piece of electrical and
electronic equipment in our everyday lives
e.g. toasters, washing machines, computers,
DVD players, lighting systems, games
consoles etc. The European ROHS Directive
(Restriction of Hazardous Substances)
comes into force in France on 1st July 2006
outlawing the use of lead, cadmium,
mercury, hexavalent chromium, PBB(1) and
PBDE(2) in the manufacture of electrical
and electronic equipment. The WEEE
Directive (Waste Electronic and Electrical
Equipment), which has been in effect since
August 2005, aims to create an eco-design
sector and it lays down objectives for
the maximisation and recycling of waste
from electrical and electronic equipment,
indicating that 4 kg/year/person of waste
must be recycled by December 2006.
In Brittany, a number of bodies have
joined forces(3) to increase awareness
among companies in this sector, since our
region has many SMEs for which the
consequences of these directives may be
hard to accommodate. ■
Sciences Ouest 231 7/04/06 17:28 Page 22
23 231/AVRIL 2006
Ca y est ! Les Champs Libres ont
ouvert leurs portes au public le
29 mars. L’inauguration s’est déroulée
le 17 mars. Pendant deux semaines,
18 800 visiteurs ont découvert
l’Espace des sciences, le Musée de
Bretagne et la bibliothèque de Rennes
Métropole en avant-première. Voici un
aperçu en image de l’événement.
Maintenant, bienvenue à tous !
➜Page Espace des sciences
1/ Edmond Hervé, président de Rennes Métropole,
a inauguré les Champs Libres le 17 mars 2006.
2/ L’illumination des Champs Libres a marqué
l’événement.
3/ Trois mille invités ont assisté à l’inauguration officielle.
4-5/ La conférence d’Erik Orsenna, dans la salle
Hubert Curien.
6-7/ Des collégiens ont exploré le laboratoire de Merlin
en avant-première.
8/ Jean-Yves Le Drian, président du Conseil régional,
s’est pris au jeu dans le laboratoire de Merlin.
9-10/ Premières découvertes dans la salle de la Terre.
11/ Michel Cabaret, Dominique Ferriot, Edmond Hervé et
Philippe Lazar au premierMardi de l’Espace des sciences,
salle Hubert Curien.
12/ L’exposition temporaire “L’heure du temps”, dans la
salle Eurêka.
13/ Le planétarium de l’Espace des sciences a largué ses
boosters pour embarquer ses premiers passagers.
Les Champs Libres inaugurés :
bienvenue à tous
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Photos Espace des sciences
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LES DERNIERS MAGAZINES
du magazine Sciences Ouest