Langage, lecture, écriture

N° 233 -

Magazine

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JUIN 2006/3€
R e c h e r c h e e t i n n o v a t i o n e n B r e t a g n e n°233
La mousson africaine
est étudiée à Brest
Le chant des étourneaux
inspire les chercheurs
Apprendre les accents du
breton parlé à un ordinateur ?
Langage,
lecture,écriture,
quelles
acquisitions!
Sciences Ouest 233 13/06/06 15:18 Page 1
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éditorial
Sciences Ouest est rédigé et édité par l’Espace des sciences, Centre de culture scientifique technique et industrielle (Association)
■ Espace des sciences, Les Champs Libres, 10, cours des Alliés, 35000 Rennes - nathalie.blanc@espace-sciences.org - www.espace-sciences.org -
Tél. 02 23 40 66 66 - Fax 02 23 40 66 41 ■ Président de l’Espace des sciences : Paul Trehen. Directeur de la publication : Michel Cabaret. Rédactrice en chef : Nathalie
Blanc. Rédaction : Christophe Blanchard, Laëtitia Garlantézec, Nicolas Guillas, Aurélie Massaux, Élatiana Razafi. Comité de lecture : Louis Bertel (télécommunications),
Gilbert Blanchard (biotechnologies-environnement), Philippe Blanchet (sciences humaines et sociales), Jean-Claude Bodéré (géographie), Bernard Boudic (information et
communication), Michel Branchard (génétique-biologie), Alain Hillion (télécommunications), Jacques Lenfant (informatique), Gérard Maisse (agronomie), Christian
Willaime (physique-chimie-matériaux). Abonnements : Jérôme Doré, tél. 02 23 40 66 40, jerome.dore@espace-sciences.org. Publicité :
AD Media - Alain Diard, tél. 02 99 67 76 67, info@admedia.fr ■ Sciences Ouest est publié grâce au soutien de la Région Bretagne,
des départements du Finistère et d’Ille-et-Vilaine ■ Édition : Espace des sciences. Réalisation : Pierrick Bertôt création graphique,
35510 Cesson-Sévigné. Impression : TPI, 35830 Betton. Tirage du n° 233 : 4 500 ex. Dépôt légal n° 650 ISSN 1623-7110
NATHALIE BLANC,
rédactrice en chef de Sciences Ouest
L’art de se faire
comprendre
Réunir plus de 150 doctorants du
grand Ouest, toutes disciplines
confondues, pour qu’ils se présentent
mutuellement leurs recherches était un
pari audacieux ! C’est pourtant ce qu’il
s’est passé pendant deux jours aux
Champs Libres, au mois de mai dernier.
Les linguistes ont parlé aux biologistes,
qui se sont mis au niveau des physiciens,
qui ont eux-mêmes compris les
psychologues, qui se sont adressés aux
chimistes... Et les échanges ont été
fructueux ! Chacun a pu prendre du recul,
utiliser une métaphore, changer de
registre de vocabulaire pour se faire
comprendre par ses pairs, comme vous
le découvrirez dans les pages d’actualité
de ce numéro.
Cette expérience va se poursuivre dans
Sciences Ouest. Au fil des mois, vous
aurez l’occasion de lire des articles écrits
par certains de ces futurs enseignantschercheurs,
désireux de partager leurs
travaux avec vous(1). La première à trouver
les mots justes est Élatiana Razafi,
chercheure en linguistique à l’Université
Rennes 2, à lire, dans le texte, dans notre
dossier sur le langage. Nous espérons
que vous serez sensible à cette
démarche, qui s’inscrit dans la ligne
éditoriale de la revue et qui, je l’espère,
répond à la définition donnée par Michel
Deleau, responsable du Laboratoire
de psychologie du développement
à l’Université Rennes 2, dans le dossier
“Le langage c’est comprendre ce que
l’autre veut dire en disant ce qu’il dit”.
Compris ? ■
(1) La diffusion de la culture scientifique et technique est entrée officiellement
au programme de la formation des futurs maîtres de conférences.
Écrire un article dans Sciences Ouest fait partie des projets possibles
proposés aux moniteurs en formation au Centre d’initiation à l’enseignement
supérieur (Cies) du grand Ouest. Il est mené en lien avec la rédaction.
Nathalie Blanc - PBcg
Sciences Ouest sur Internet➜ www.espace-sciences.org 233/JUIN 2006 3
Augel
17
8
6/7
En bref....................................................................................................................... 4/5
Actualité
Des doctorants du grand Ouest vulgarisent leurs connaissances...... 6/7
Laboratoire
La mousson africaine est passée au crible par l’IRD...................................... 8
Dossier
Une communication communicative....................................................................9
Apprendre à parler ne s’enseigne pas. Et pourtant… ................................ 10
De l’oral à l’écrit : l’enseignement qui fait débat.......................................... 11
L’Homme parle comme les étourneaux .......................................................... 12
L’informatique pour apprendre l’accent breton ............................................ 13
Enseignement d’une langue. Le point de vue d’une Autrichienne..14/15
Apprentissage du français québécois. Le rôle des représentations 14/15
L’ordinateur apprendra une langue, comme un enfant ............................ 16
France Télécom R&D lance un serveur en langage naturel ...................... 17
Comment ça marche ?
Lecture, écriture : le rôle du cerveau ................................................................ 18
Page Espace des sciences .................................................................................... 19
Agenda.............................................................................................................. 20/21
9
sommaire
Nathalie Blanc - Bernard Bourlès/IRD - Pierre-François Grosjean/France Télécom - Nicolas Guillas
Sciences Ouest 233 13/06/06 15:18 Page 3
Des systèmes d’information
sécurisés
■ Dans le cadre du pôle
de compétitivité “Images
et réseaux”, l’ENST
Bretagne, l’Irisa et
Supélec ont signé, le
21 avril dernier, la
convention constitutive d’un Groupement
d’intérêt scientifique (Gis) dont
l’objectif principal est de conforter les
actions communes dans le domaine de
la Sécurité des systèmes d’information
(SSI). Plusieurs axes de recherche ont
été retenus comme la protection des
réseaux, services et contenus ; la détection
et la tolérance aux intrusions ;
l’évaluation et la validation des mécanismes
de sécurité ; la virologie. En plus
de favoriser les formations dans le
domaine de la SSI, ce Gis a pour ambition
de s’associer avec d’autres partenaires,
laboratoires de recherche ou
industries.
Rens.➜André Chomette,
tél. 02 29 00 11 00,
www.enst-bretagne.fr
L’aquaculture durable
au coeur des débats
en Bretagne
■ Comment envisager
une aquaculture
rentable,
sans perturber
l’environnement et sans exclure les
gens de la mer ? Voilà le questionnement
général qui a été débattu du 26
au 28 avril à l’Agrocampus-Cempama
de Beg-Meil (29), lors d’une rencontre
internationale consacrée à l’aquaculture.
Organisée dans le cadre du projet
européen Bead (Baltique environnement
for aquaculture developpement)
initié par le Cempama et le Technopôle
Quimper-Cornouaille, en collaboration
avec l’Ifremer, le Centre d’étude et de
valorisation des algues (Ceva) de Pleubian,
l’université polonaise de Gdansk
et le centre de recherche de Kiel en Allemagne
(CRM), cette rencontre coopérative
devrait déboucher d’ici la fin de
l’année sur d’autres rendez-vous de
recherche en Allemagne et en Pologne.
Rens.➜Maëlle Robin,
Technopôle de Quimper-Cornouaille,
tél. 02 98 10 02 00.
Une voiture nommée
Bambou
■ Sur le principe
d’élaborer une voiture écologique à
partir d’éléments recyclés et recyclables,
le prix de l’écoconception de la 21e
édition du Shell écomarathon a été
remporté par l’Ensieta(3) de Brest avec
sa voiture nommée Bambou, sur le
circuit de Nogaro dans le Gers, durant le
week-end du 20 mai.
Cette voiture - concept a été réalisée par
25 ingénieurs de l’école brestoise à
partir de matériaux biologiques : du
bambou et du journal !
Rens.➜Jérôme Marie,
jeroma@ensieta.fr
Mégalis II :
le retour
■ Pour prolonger l’action du réseau
Mégalis(4) créé en 1999 et dont les
marchés arrivent à terme à la fin de
cette année, un nouvel appel à projet a
été annoncé par le syndicat mixte
Mégalis Bretagne, le 2 mai dernier à
Rennes. Financé à 98 % par le Conseil
régional, les quatre Conseils généraux
et dix des comités d’agglomérations,
Mégalis II est un projet de trois ans,
intermédiaire d’une politique d’aménaen
bref...
4 233/JUIN 2006
en bref...
(1) Programme lancé par Renaud Dutreil, ministre des PME, du Commerce, de l’Artisanat et des Professions libérales. (2) Le réseau Noé encourage les entreprises et chercheurs bretons à participer à des projets européens.
(3) Ensieta : École nationale supérieure des ingénieurs des études et techniques d’armement. (4) Mégalis fournit du haut débit aux établissements publics. Lire le dossier sur Mégalis dans Sciences ouest n° 193 novembre 2002.
■Du côté des entreprises ■Les échos de l’Ouest
L’Académie des technologies
planche sur
l’innovation bretonne
■ Le thème de la séance
publique donnée à Rennes,
aux Champs Libres, le
10 mai dernier, par l’Académie des
technologies était l’innovation dans les
PME-PMI. Elle a été ouverte par Edmond
Hervé, président de Rennes Métropole,
François Guinot, président de l’Académie
des technologies et André
Lespagnol, vice-président du Conseil
régional, chargé de la recherche et de
l’enseignement supérieur.
Différents chefs d’entreprises et responsables
bretons dans les domaines de
l’agroalimentaire, de l’automobile et
des TIC ont pu faire partager leur expérience
de l’innovation et échanger sur
ce sujet avec les cinquante académiciens
présents dans la salle. La séance
a été clôturée par François Goulard,
ministre délégué à l’Enseignement
supérieur et à la Recherche et maire
adjoint de Vannes.
Rens.➜Académie des technologies,
tél. 01 53 85 44 46,
www.academie-technologies.fr
Une gazelle en Bretagne
■ Récompensant les 2 000 PME françaises
les plus performantes, le trophée
gazelle(1) a été remis par le Premier
ministre à Agripan environnement, à la
Chambre de commerce et d’industrie de
Paris, le 11 mai dernier. Installé à Vernsur-
seiche (35) depuis 1993, Agripan
environnement est un bureau d’étude
spécialisé dans les projets de développement
et d’aménagement d’élevage. Il
compte 21 salariés.
Rens.➜Christophe Logéat,
tél. 02 23 30 21 17,
c.logeat@agripan.fr
Les PME
bretonnes
et l’Europe
■ Réalisée fin 2005 par Bretagne innovation
dans le cadre du réseau Noé(2),
l’enquête sur la participation des PME
bretonnes aux programmes européens
de R&D révèle que, sur les 140 entreprises
qui ont répondu, 24 % avaient
déjà participé à un programme européen,
90 % d’entre elles seraient prêtes
à participer à un autre projet et 73 % ont
vu leurs attentes satisfaites (84% sont
satisfaites de leur réseau de partenaires,
78 % de leurs nouvelles compétences
et 75 % de leurs aides financières). La
complexité administrative et le manque
de temps sont les principales difficultés
que rencontrent les PME bretonnes pour
participer à la préparation de projets
européens.
Rens.➜www.bretagneinnovation.
tm.fr
Edixia etMSC fusionnent
■Société implantée à Vern-sur-seiche
(35) et spécialisée
dans la vision
automatique pour les lignes de production,
Edixia vient d’être reprise par la
société lyonnaise MSC. Cette fusion
permet au groupe de se diversifier dans
l’automobile et dans l’agroalimentaire.
L’ensemble devient ainsi le leader
mondial de la vision automatique avec
un chiffre d’affaires qui s’élève à présent
à plus de 50 millions d’euros.
Rens.➜www.edixia.fr
Nathalie Blanc
DR DR
Mais qui mange les guêpes ?
et 100 autres questions
idiotes et passionnantes
■ Pourquoi les élastiques deviennent-ils
collants en vieillissant ? Pourquoi une tartine
devient-elle peu à peu concave lorsqu’on la
recouvre de miel ? Pourquoi les oiseaux volent-ils en V ?
Combien pèse une tête ? Cet ouvrage propose des réponses à
ces questions, ainsi qu’à une centaine d’autres - des plus
inattendues au plus fantaisistes. L’initiative revient à la
prestigieuse revue britannique New Scientist - qui a ouvert ses
colonnes à ses lecteurs et les a laissés répondre eux-mêmes à
des questions de sciences étonnantes. Un beau mélange de
science et d’humour (british), pour une lecture aussi réjouissante
qu’instructive.➜ Seuil, “Science ouverte”, 2006.
Qu’en pensez-vous Monsieur
Feynman ? Lettres 1939-1987
■ Prix Nobel de physique en 1965, Richard
Phillips Feynman est l’un des plus grands
physiciens du XXe siècle. Ses travaux ont porté
principalement sur l’électrodynamique
quantique relativiste, les quarks et l’hélium superfluide. Ses
fameux diagrammes sont largement utilisés à travers le monde.
À la fois pédagogue, auteur d’ouvrages de vulgarisation et aussi
musicien, il fut avant tout un esprit libre et original. Réunissant
de nombreuses lettres écrites à ses proches, son public ou ses
confrères, réunies et commentées par sa fille, Michelle Feynman,
qui signe l’introduction du livre, cet ouvrage révèle la sensibilité,
la vitalité et le sens de l’humour d’un homme hors du commun.
➜ Richard P. Feynman, Dunod “Quai des sciences”, 2006.
■À lire Les coups de coeur de la bibliothèque des Champs Libres
Dunod
Seuil
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5 233/JUIN 2006
(5) BRGM : Bureau de recherches géologiques et minières. (6) L’Agence nationale de la recherche (ANR) avait lancé l’offre “organisation mutualisée du transfert de technologies et de la maturation de projets innovants”.
■Du côté des laboratoires
Bretagne : 1 - Rouille : 0
■ Centre technique dédié
au domaine végétal,
Bretagne biotechnologie
végétale (BBV) a obtenu du Service
régional de la protection des végétaux
Bretagne, le 1er mars dernier, une dérogation
permettant la détention et la
manipulation du champignon responsable
de la rouille blanche chez le chrysanthème.
BBV se dote pour cela d’un
laboratoire de confinement, qui sera
opérationnel fin 2007, car le champignon
est inscrit sur toutes les listes de
quarantaine phytosanitaire de la
communauté européenne. L’objectif :
développer des méthodes alternatives
de traitement, car son éradication représente
un enjeu économique fort.
Rens.➜www.bbv.com
Saint-Brieuc à 1/50 000
■ La première édition de
la carte géologique de
Saint-Brieuc à 1/50 000 a été présentée
par le BRGM(5), le 17 mai dernier, dans
la salle Terre de l’Espace des sciences,
à Rennes devant une vingtaine de
personnes. Réalisée dans le cadre du
programme national de cartographie
géologique, elle est d’une grande valeur
scientifique et pédagogique. Pour son
élaboration, l’Université de Bretagne
occidentale et le BRGM ont fourni la
majorité des données : des renseignements
sur les risques naturels (comportement
du sous-sol au regard du génie
civil), les ressources en eaux, en matériaux
de carrière, ou les indices minéraux
(zinc, kaolin). Toute la géologie bretonne
devrait être entièrement cartographiée
en 2009.
Rens.➜Emmanuel Egal,
tél. 02 38 64 34 66, e.egal@brgm.fr
Lancement de Bretagne
valorisation
■ Créer des ponts
entre la recherche
publique et des partenaires socioéconomiques
en facilitant entre autres
la protection de la propriété intellectuelle
et le transfert de technologies,
tels sont les objectifs du service
Bretagne valorisation, lancé officiellement
au club de la presse de Rennes le
17 mai dernier. Initié par les quatre
universités bretonnes - les universités
de Rennes 1, Rennes 2, de Bretagne
occidentale et de Bretagne sud - et deux
écoles d’ingénieurs - l’École de chimie
et l’Insa de Rennes -, dans le cadre de
l’appel d’offre lancé par l’ANR(6) en juillet
2005 et doté d’un budget de 3 millions
d’euros par an, Bretagne valorisation
est opérationnel depuis avril 2006 et
compte actuellement 21 salariés. Basé
à Rennes, le service possède aussi des
antennes relais à Brest, Lorient-Vannes
et à terme Lannion.
Rens.➜Claire Marzin,
tél. 02 99 14 11 33,
valorisation@uhb.fr
L’Ifremer s’intéresse
de près aux anchois
■ Embarqués du
30 avril au 29 mai,
à bord de la Thalassa, le navire océanographique
de l’Ifremer, Jacques Massé
(Ifremer Nantes) et son équipe,
composée d’une vingtaine de scientifiques
de l’Ifremer ainsi que d’autres
organismes telle l’université de Vannes,
ont sillonné l’océan de la pointe espagnole
à la pointe bretonne dans le cadre
de la nouvelle campagne Pelgas. Réalisées
chaque année depuis 2000, ces
campagnes ont pour objectif le suivi du
stock d’anchois disponible au printemps.
Cette année, une attention particulière
a été portée aux interactions des
anchois avec l’environnement. L’étude a
même été étendue au fonctionnement
de l’écosystème pélagique, en vue
d’éclairer les futures mesures de gestion
européenne.
Rens.➜www.ifremer.fr
Les chercheurs font rêver
les enfantsmalades
■ Du 17 au 20 mai
dernier, une vingtaine
d’adolescents de
l’hôpital Robert Debré (Paris) ont
répondu oui à l’invitation des chercheurs
du CNRS Bretagne. Chaque année
depuis 2002, l’opération “les chercheurs
font rêver les enfants” permet à
de jeunes malades âgés entre 11 et
17 ans, de visiter des laboratoires. Cette
fois, ils ont pu découvrir le monde de
la recherche océanologique à travers la
visite des laboratoires de la station
biologique de Roscoff, de l’Institut
polaire Paul-Émile-Victor (Ipev) et des
coulisses d’Océanopolis à Brest.
Rens.➜Cécile Yven,
tél. 02 99 28 68 06,
cecile.yven@dr17.cnrs.fr
gement numérique de la Bretagne, et
dont le principal but est d’améliorer les
services à moindre coût. La réelle innovation
sera la réalisation d’une plateforme
régionale d’e-administration.
D’autres services seront proposés selon
les attentes et les besoins des collectivités
locales. L’appel d’offre a été lancé :
les réponses seront connues début
septembre et la mise en oeuvre opérationnelle
en janvier 2007.
Rens.➜Céline Gelot-Faivre,
tél. 02 99 12 51 55,
celine.gelot@megalis.org
Le CNRS et Les petits
débrouillards deviennent
partenaires
■ Afin d’officialiser
les actions déjà
menées en commun,
la délégation interrégionale
CNRS
Bretagne - Pays de
la Loire et l’association Les petits
débrouillards Bretagne ont signé, le
27 avril dernier, à Rennes, une double
convention de partenariat : la première
concerne la mise en place de cafés
scientifiques et la seconde la création
de clubs CNRS jeunes dans les lycées
bretons. Le but est de favoriser un
dialogue entre les chercheurs de toutes
disciplines et le public, afin de
permettre le développement d’une
attitude citoyenne et responsable.
Ces deux initiatives débuteront en
septembre.
Rens.➜Cécile Yven,
tél. 02 99 28 68 06,
cecile.yven@dr17.cnrs.fr
Signature entre l’UBS
et le Conseil général
du Morbihan
■ Le 24 mai dernier à
Vannes, le département du
Morbihan et l’Université de
Bretagne sud ont signé un
contrat d’objectifs et de
moyens d’un montant de
600 000 euros, qui vise à développer
une recherche de haut niveau et à
accroître le rayonnement de l’UBS, en
particulier auprès des entreprises.
L’amélioration de l’accompagnement
des étudiants est aussi prévue avec des
actions visant à favoriser leur mobilité
ou encore la numérisation de la documentation
(supports de cours, rapports
de mémoires).
Rens.➜Anne-Laure Parmelan,
tél. 02 97 87 66 13,
www.univ-ubs.fr
■Les actus de Bretagne Environnement
■ Nettoyage de printemps au port de Saint-Quay-Portrieux
■ La Marine nationale dépollue une épave 27 ans après son
naufrage ■ Les plages bretonnes : la qualité de l’eau très
satisfaisante en 2005 ■De plus en plus de cyanobactéries dans
les eaux douces bretonnes ■ Projet de loi sur l’eau : tous les
textes sur Internet ■ Compter les papillons dans son jardin...
pour un observatoire national
www.bretagne-environnement. org/quoideneuf/en_bref/
Favoriser l’accès au numérique
■ Le programme communautaire eContentplus a été approuvé en mars
2005 par le Parlement européen et le Conseil. Son objectif : créer les
conditions nécessaires pour faciliter l’accès à des contenus numériques,
mais aussi l’utilisation et la réutilisation de ces contenus, afin d’améliorer
la conservation des données (livres, films et musique, par exemple),
mais aussi leur diffusion et leur rendement économique (vente par
correspondance). eContentplus devrait aussi élargir les possibilités offertes
aux utilisateurs et prendre en charge de nouveaux modes d'interaction pour
rendre les contenus plus dynamiques et les adapter à des contextes
particuliers. D’une durée de 4 ans (2005-2008), le programme dispose d’un
budget de 149 millions d’euros.
Une journée d’information aura lieu le 28 juin au Luxembourg et
des appels à projets sortent actuellement➜http://europa.eu.int/
information_society/activities/econtentplus/index_en.htm
Rens.➜Euro Info Centre, tél. 02 99 25 41 57, eic@bretagne.cci.fr
■Du côté de l’Europe
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➜Actualité
6 233/JUIN 2006
Pendant trois jours, les Champs Libres
ont vécu à l’heure de la “recherche en
mouvement : plus de 150 doctorants
venus de Brest, Vannes, Lorient, Caen,
Nantes et Rennes, en formation au
Centre d’initiation à l’enseignement
supérieur - Cies grand Ouest, ont
investi les lieux pour parler de leurs
recherches.
Le Cies forme les futurs enseignants chercheurs
des universités et organise tous
les ans cette manifestation pendant
laquelle les doctorants en deuxième année
de thèse doivent présenter leurs travaux à
leurs pairs, mais aussi au grand public. “Ce
n’est pas le jour de la soutenance de leur thèse !,
précise Jacques Carpentier, professeur de
TIC à l’Université Rennes 2 et responsable
de l’activité “poster” au Cies. La commande est
claire : ils doivent mettre en valeur leurs activités
de recherche et les présenter à un public de noninitiés.”
Répartis en douze groupes, les moniteurs
ont sélectionné eux-mêmes le meilleur
poster de chaque groupe. Les douze
lauréats ont ensuite participé à l’élection
finale : ils disposaient de cinq minutes pour
présenter, devant toute l’assemblée, un
diaporama illustrant leurs recherches. Un
jury de professionnels des mondes de l’enseignement,
de la recherche, de la culture
scientifique a élu un gagnant ; le jury de
doctorants en a désigné deux. ■ N.B.
Prix du jury professionnel
Coralie Berteloite
Comprendre la complexité chimique
de l’univers
Le milieu interstellaire est réputé hostile :
il y fait très froid, c’est le vide... et pourtant
plus de 140 molécules différentes, dont
certaines sont très complexes, y ont été
détectées. Doctorante en astrochimie au
laboratoire Palms(1) de l’Université de
Rennes 1, Coralie Berteloite essaie de
comprendre comment se forment les
Réunion des doctorants du grand Ouest
Cinq minutes pour convaincre
On peut être un jeune scientifique
et savoir parler de ses recherches.
C’est plutôt bien dans une époque où
les sciences n’ont plus la cote. Les
thésards ont appris, au stage organisé
par le Cies, à partager leurs connaissances
avec le plus grand nombre.
Pas facile, pour un chercheur, de
présenter ses recherches au public. C’est
compliqué la science - de plus en plus. Et
parfois, le vulgarisateur se fait mal voir des
confrères. Sans compter qu’il faut faire un
effort pour vaincre le scepticisme des jeunes
vis-à-vis de la science et du progrès. “En
France, nous doutons de la science. Contrairement
à l’Europe du Nord, nous n’avons pas une vision
créative du futur”, rappelait Joël de Rosnay,
lors d’un récent débat à Rennes(1). Le public
est pourtant demandeur ! Mais les chercheurs
doivent apprendre à raconter leurs
histoires vraies, en s’éloignant du discours
professionnel. Lors des rencontres du Cies,
les doctorants ont justement montré qu’ils
savaient adapter leur langage, sans
complexes.
Anne-Leïla Meistertzheim,
l’une des lauréates
du concours (lire cidessus),
poursuit sa thèse
d’écophysiologie et génétique
des populations à
l’Université de Bretagne
occidentale. Elle s’intéresse
à l’huître creuse, devenue
sauvage, qui colonise la
façade atlantique et la
Manche. Pour son poster
de vulgarisation (ci-contre),
elle a utilisé des codes connus par les
jeunes : des dessins aux couleurs vives, des
méchants et des superhéros. “On a beaucoup
rigolé avec l’illustrateur brestois Elaume ! J’ai utilisé
l’analogie avec les superhéros. C’est l’histoire de
Superman, mais version superhuître.” L’huître a
des superpouvoirs, elle
résiste à l’absence d’oxygène
dans l’eau, aux
polluants comme les pesticides
ou aux variations de
salinité. “Je pensais avoir trop
vulgarisé et rendu la science trop
simple. Cela prouve que l’on peut
transmettre des informations
compliquées, simplement avec
des illustrations.”
L’autre lauréate du jury
des moniteurs, Roselyne
Quéméner, qui étudie le
Les doctorants du Cies ont appris à vulgariser leurs connai
“Il faut se mettre à la place du public”
Jacques Lenfant, directeur du Cies grand Ouest
félicitant les 150 doctorants .
Nicolas Guillas
Anne-Leïla Meistertzheim/Elaume
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7 233/JUIN 2006
naissances
film épistolaire, est également surprise
d’être primée. “Je viens d’une université de
sciences humaines, mais il suffit d’avoir une
approche pédagogique, pour se faire comprendre des
confrères qui étudient les sciences dures !”
“Aucun mot incompréhensible”
Coralie Berteloite, lauréate du jury
professionnel, est bien consciente que
certains sujets attirent d’avantage :
“L’astrochimie est facile à vulgariser, grâce à
l’engouement des jeunes pour les étoiles et l’astronomie.
Mais il ne faut employer aucun mot qui ne
sera pas compris par quelqu’un qui a arrêté ses
études scientifiques au lycée.” Bien choisir ses
mots, c’est aussi ce qu’a fait Catherine
Helm, qui étudie le climat de la Terre au
crétacé, au laboratoire Géosciences, à
Rennes1. “Il faut se mettre à la place du public,
choisir ses mots, bien organiser sa pensée. Avec ce
poster, je vais enfin pouvoir raconter à mes parents
la problématique de ma recherche ! C’est aussi très
important d’intéresser le public aux questions de
recherche fondamentale.”
“Prendre du recul”
Pierre Dugué est thésard à l’Inserm, à
Rennes 1 et veut mieux comprendre le
système auditif. “Pouvoir expliquer le principe de
codage neuronal, cela sert dans ma démarche de
recherche. Car si l’on ne prend pas de recul, on peut
s’engager dans une voie mineure et oublier
le cheminement global. Savoir expliquer
sert à garder une cohérence sur les trois
ans de la thèse.” Le jeune homme a
apprécié le côté ludique de la réalisation
d’un poster. “Dans la vie de
doctorant, tout est cadré ! Ici, il n’y a pas
de forme imposée. Le poster scientifique, dans les
colloques, regorge de formules et de résultats. Ici, on
veut juste faire prendre conscience du type de questions
que l’on se pose.” Voilà de futurs chercheurs
que l’on devine soucieux de partager
l’avancée des savoirs. De quoi être optimiste,
pour cultiver l’émerveillement de la
science. ■ N.G.
(1) “Sciences et médias : dialogue de sourds ?”, organisé par le Centre de formation des
journalistes (CFJ) le 15 mai.
molécules dans ces conditions extrêmes.
Un appareil les reproduisant a été mis au
point au laboratoire. “À Rennes, notre spécialité
est la cinétique, explique-t-elle. Le fait que
plus la température est basse, plus la vitesse de
réaction augmente, est connu depuis plusieurs
dizaines d’années. Le but de ma thèse est de quantifier
cela sur certaines molécules en particulier.” ■
Contact ➜ Coralie Berteloite,
coralie.berteloite@univ-rennes1.fr
Prix du jury de doctorants
Anne-Leïla Meistertzheim
“Superhuître nous envahit”
On s’en régale lors des fêtes de fin d’année,
mais qui est vraiment Crassostrea gigas ? Une
huître creuse importée du Japon, élevée au
départ dans le sud de la France en baie
d’Arcachon, mais que l’on retrouve maintenant
sur toutes les côtes bretonnes et
normandes. “On croyait que l’eau y était trop
froide pour qu’elle s’y développe. Or, non seulement
cela ne lui pose pas de problèmes, mais
en plus elle peut s’y reproduire !”, explique la
doctorante du Lemar(2) à Brest, qui tente de
comprendre pourquoi cette espèce est
devenue envahissante. Elle compare
actuellement les caractéristiques physiques
(phénotype) en partie dues à l’environnement
et les données génétiques
(génotype) d’huîtres issues de sites dont
la température de l’eau est différente,
mais les autres facteurs environnementaux
similaires. ■
Contact➜ Anne-Leïla Meistertzheim,
Leila.Meistertzheim@univ-brest.fr
Roselyne Quéméner
Un nouveau genre de films :
le cinépistolier
Partie d’une intuition sur l’émergence d’un
nouveau style de réalisateur, le “cinépistolier”,
Roselyne Quéméner a décidé d’en
faire le sujet de sa thèse. Elle construit ellemême
son environnement de recherche,
jusqu’au vocabulaire ! Elle va à la rencontre
des producteurs, des réalisateurs et a d’ores
et déjà identifié 45 “films-lettres”, qui vont
lui servir de support pour son analyse. “Mon
directeur de thèse plaisante en disant que le XXIe
siècle sera «quéménérien», car en effet, j’ai beaucoup
de matière sur des films récents, comme si ce
genre se développait.” La doctorante à la
Sorbonne et enseignante à l’Université
Rennes 2 n’est peut-être pas prête de
boucler sa thèse ! ■
Contact➜ Roselyne Quéméner,
roselyne.quemener@wanadoo.fr
(1) Le laboratoire Palms (Physique des atomes, lasers, molécules et surfaces) est une UMR
CNRS/Université de Rennes 1. (2) Le Lemar (Laboratoire des sciences de l’environnement
marin) est une UMR CNRS/IUEM/UBO (IUEM : Institut universitaire européen de la mer -
UBO : Université de Bretagne occidentale).
Sur Internet
La journée de présentation des douze
diaporamas a été filmée par les
techniciens du Centre de ressources et
d’études audiovisuelles (Créa) de
l’Université Rennes 2. Elle est visible,
ainsi que l’ensemble des posters, sur le
(De gauche à droite) site : http://sge.univ-bretagne.fr/cies2006
Coralie Berteloite,
Anne-Leïla Meistertzheim
et Roselyne Quéméner : les
trois monitrices qui ont su
capter l’attention de la salle
lors de la présentation de
leurs travaux de recherche.
Nicolas Guillas
Contact
Cies grand Ouest, tél. 02 99 36 52 37,
dircies@niv-rennes1.fr
“Si l’on ne prend pas de recul,
on peut s’engager dans une voie
mineure et oublier le cheminement
global”, explique Pierre Dugué,
en parlant de son poster.
Nicolas Guillas
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8 233/JUIN 2006
Laboratoire
La mousson ne concerne pas que
l’Inde. Pour mieux comprendre les
impacts de ce phénomène physique
complexe en Afrique de l’Ouest,
l’Institut de recherche pour le développement
(IRD) en Bretagne vient de
lancer une campagne océanographique
dans le golfe de Guinée.
Cotonou (Bénin), le 24 mai : Egée 3, la
troisième campagne océanographique,
menée à bord du navire Atalante est lancée
par une équipe de l’IRD de Bretagne,
responsable des interventions scientifiques
et de la logistique du programme international
Amma(1). Elle fait suite à deux autres
campagnes effectuées en juin et septembre
2005(2). “Notre objectif est d’analyser la variation de
la circulation océanique et de la température de
surface de la mer pour comprendre comment elles
peuvent avoir un lien avec la mousson, explique
Bernard Bourlès, océanographe physicien à
l’IRD. Nous faisons deux campagnes par an, avant
et après la mousson, pour en appréhender la variation
saisonnière ; et nous les étalons sur trois années
pour essayer d’en saisir la variabilité interannuelle.”
De l’arabe “mausin” signifiant “saison”, la
mousson désigne, dans le langage courant,
la saison des pluies. Elle touche toutes les
parties du globe, et pas seulement l’Asie
à laquelle on l’associe généralement. La
mousson est un phénomène climatique
complexe, associant différents processus
physiques : “En Afrique, les vents dominants
convergent au niveau de la zone équatoriale et
varient en fonction des saisons. En été, lorsque le
soleil est au zénith et que le continent se réchauffe,
l’air chaud de surface s’élève en altitude et est
remplacé par de l’air qui s’est chargé en humidité
au-dessus du golfe de Guinée. Ce flux d’air humide
remonte vers le nord et, une fois au-dessus du continent,
alimente les systèmes orageux qui provoquent
des précipitations.”
Seule ressource en eau du Sahel
La quantité d’humidité apportée par
l’océan, conditionnée par la température de
surface de la mer, joue donc un rôle
prépondérant dans le système de la
mousson ouest-africaine. Ainsi, si les eaux
du golfe de Guinée connaissent une baisse
de températures importante, le contraste
d’énergie avec les températures du désert
contribue à renforcer les vents de surface et
donc engendrer une mousson côtière plus
faible qu’au nord. Si par contre, les eaux du
golfe de Guinée s’avèrent anormalement
chaudes, le contraste de températures aura
tendance à être minimisé entre l’océan et
le continent, ce qui ramènera une convergence
des alizés plus au sud et provoquera
une saison des pluies beaucoup plus
côtière, qui ne pénétrera pas le Sahel.
“Les impacts sociétaux pour les populations
locales sont très importants, surtout dans le Sahel où
la mousson est le seul épisode de pluie de l’année.
Toutes ses ressources en eau en dépendent donc,
ainsi que les ressources végétales naturelles et cultivées”,
souligne Bernard Bourlès. Or, le
phénomène général est encore mal maîtrisé
par les scientifiques. Le but de la campagne
Egée 3 et plus largement du programme
Amma consiste donc à recueillir le
maximum de paramètres afin de réaliser
des modèles des échanges “océan-atmosphère-
terre” qui leur permettraient de faire,
à terme, de meilleures prédictions. ■ C.B.
Contact
Bernard Bourlès, tél. 02 98 22 46 65,
Bernard.Bourles@ird.fr
Suivre la campagne Egée 3 en direct
La campagne océanographique Egée 3 a son site Internet. Créé par le centre IRD de
Bretagne, il permet au grand public de suivre cette mission jour après jour. “Le chef
de mission nous envoie des informations régulières sur le déroulement de la campagne, avec des
illustrations et des vidéos, qui sont traitées au centre, explique Bertrand Gobert, chargé de
l'information scientifique au centre IRD de Bretagne. Le journal de bord est donc alimenté
par des résultats en temps réel. Grâce au relais du centre IRD, le public a également la possibilité
de poser des questions à la trentaine de scientifiques embarqués sur l’Atalante.” ■
Rens.➜ www.brest.ird.fr
Campagne océanographique en cours
La mousson passée au crible
en Afrique
(1) Lancé en 2001 par des chercheurs français, le programme Amma, qui s’achèvera en
2010, regroupe plus de 145 structures de recherches européennes, africaines et
américaines. Son objectif consiste à mieux connaître le système climatique de la
mousson, qui affecte toute l’Afrique de l’Ouest, pour mieux prévoir ses variations et
ses répercussions sur le climat local, régional et global mais aussi sur les populations.
(2) Les campagnes Egée 1 et Egée 2 ont été effectuées à bord d’un autre navire
océanographique : le Suroît.
Carte du golfe de Guinée montrant le trajet de la campagne
Egée 1 (juin 2005), avec les vecteurs indiquant la vitesse et
la direction du courant de surface (0-40 m de profondeur).
La campagne Egée 3 suit un parcours similaire.
Bernard Bourlès/IRD
DR IRD/Roger Fauck
Arrivée de la mousson au mois de juin, au Burkina Faso.
La mousson africaine, dont l'impact sur les activités
humaines est considérable, est en partie déterminée par
les conditions océaniques régnant sur le golfe de Guinée.
Mise à l'eau d'une
bouée du réseau
d’observations
Pirata au cours
de la campagne
Egée 1 (juin 2005).
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Parler, lire, écrire, autant d’actions naturelles que
l’on réalise sans réfléchir. Et pourtant, quel
chamboulement chez l’enfant quand il commence
à communiquer avec son entourage, d’abord avec un geste
ou une onomatopée, puis avec des mots et des phrases
construites. Quel émerveillement encore, quand il détient les clés
de la lecture et de l’écriture !
On apprendra dans ce dossier que l’acquisition du langage oral
et écrit, étudiée à l’Université Rennes 2 et à l’UBO(1), ne passe pas
seulement par la reconnaissance de lettres, de mots, ou de phrases.
Il s’agit d’une expérience beaucoup plus riche, que chacun construit
en interaction avec son environnement. Ces mécanismes sont
étudiés par des psychologues du développement, des linguistes,
mais aussi des biologistes, spécialistes de l’éthologie. Car le
langage n’est pas le propre de l’Homme. C’est, par exemple en
s’intéressant à des animaux en situation de communication (le chant
des étourneaux à l’Université de Rennes 1), que les scientifiques
découvrent des similitudes avec le développement du langage
humain. La collaboration entre sciences humaines, biologie et
médecine vient d’ailleurs de se concrétiser en Bretagne par la
création d’un Groupement d’intérêt scientifique (lire page 12).
Comprendre les rouages de l’acquisition du langage permet
aussi d’apprendre à parler à des machines ! Des chercheurs de
l’université de Nantes y travaillent, tandis qu’un doctorant de
l’UBS(2), à Lorient, veut faire apprendre à son ordinateur tous les
accents du breton parlé, et qu’un serveur, récemment mis en place
par France Télécom, peut comprendre une requête exprimée par
une phrase et pas seulement par un mot clé. Tout un programme...
mais l’art de la métaphore, lui, reste bien humain ! ■ N.B.
(1) UBO : Université de Bretagne occidentale. (2) UBS : Université de Bretagne sud.
Nathalie Blanc - PBcg
L’acquisition
de la lecture
et de l’écriture
Une
communication
communicative
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10 233/JUIN 2006
Dossier
Des mots, des phrases : voici le
langage qui se développe “tout seul”.
C’est ce que l’on pourrait croire, mais
les choses ne sont pas si simples,
explique Michel Deleau, responsable
d’une équipe de recherche à
l’Université Rennes 2, même si, en
règle générale, parler ne s’enseigne
pas.
En France, son apprentissage commence
dès la dernière année de maternelle et il
n’existe aucune civilisation dans laquelle
elle ne soit pas enseignée : il s’agit de l’écriture.
Par contre, la première acquisition du
langage oral ne fait l’objet d’aucun “enseignement”.
“Parler paraît naturel et donc on ne
s’en soucie pas, explique Michel Deleau,
responsable du Laboratoire de psychologie
du développement (LPD)(1) à l’Université
Rennes 2. En maternelle, les enseignant(e)s ont
bien entendu pour mission de travailler le langage
oral, mais les différences de niveaux entre enfants
sont parfois très grandes. Elles sont rattachées le
plus souvent à des différences dans la façon dont le
langage est utilisé dans le cadre familial. Preuve que
cet apprentissage est plus compliqué qu’on ne le
croit.”
La communication préverbale
Aussi, Michel Deleau utilise-t-il depuis
plusieurs années un protocole de recherche
bien rodé, qui consiste à étudier des
groupes “d’enfants ordinaires” d’âges différents
pour analyser leur utilisation du
langage et les comparer ensuite avec des
groupes d’enfants au développement
perturbé d’âge comparable (sourds, par
exemple). Vers 15 mois, un enfant qui
entend ne produit pas beaucoup de langage
oral - quelquefois tout juste les “premiers
mots” mais il est capable de capter l’attention,
de guider le regard de l’autre avec un
geste et de se faire comprendre en prononçant
une onomatopée. “Il s’agit là de la
communication préverbale qui installe les prérequis
sur lesquels les énoncés vont prendre appui.”
Un peu plus tard, vers 2 ou 3 ans, il détecte
des régularités et en extrait des “règles” : il
allume et “délume(2)” la lumière. Une autre
étape intéressante est celle de l’acquisition
du langage non littéral. Un enfant ordinaire
est capable de comprendre une métaphore
vers 6-7 ans, alors que d’autres sont beaucoup
plus tardifs. C’est une difficulté récurrente
pour les jeunes sourds, par exemple.
“Le fait de travailler sur des personnes en difficulté
permet de découvrir des problèmes qui alimentent
nos connaissances sur l’acquisition chez des
enfants «ordinaires», explique encore Michel
Deleau. Et réciproquement.” C’est ainsi qu’au
fil de ses études, l’équipe de recherche qu’il
dirige dissocie les différentes briques qui
composent le langage. Car parler ne se
résume pas à enchaîner les mots et les
phrases. Les gestes, les mimiques du
visage, comme les insinuations, les métaphores
qui ne disent pas clairement “ce
qu’elles veulent dire” font aussi partie du
langage. “On se rend compte que le langage n’est
ni une imitation, ni quelque chose de préprogrammé
dans le cerveau, mais bien une richesse
créée par la spontanéité et l’inventivité ! Cela fait
partie de notre participation à la vie sociale. Et en
fait, le langage c’est comprendre ce que l’autre veut
dire en disant ce qu’il dit.”
Les briques du langage
Mettre à jour tous ces mécanismes du
langage permet ensuite de concevoir un
enseignement adapté vers les personnes en
difficulté sur ce point : certains enfants, les
sourds et les malentendants, les sourds
appareillés, les personnes victimes d’un
accident vasculaire cérébral et qui ont
perdu certaines fonctions du langage, ou
qui réapprennent... Michel Deleau et son
équipe sont en train de développer des
protocoles exploratoires visant à mettre au
point des outils d’aide pour les psychologues
mais aussi pour d’autres professionnels
(orthophonistes, enseignants...). Mais
ces applications n’en sont pour l’instant
qu’à leurs balbutiements ! ■ N.B.
(1) Le LPD fait partie du Centre de recherches en psychologie, cognition et communication
(CRPCC) - équipe d’accueil 1285 de l’Université Rennes 2. (2) Éteint. (3) Ce protocole a été
mis au point par la Britannique Annette Karmiloff-Smith, spécialiste de psychologie du
développement.
Contact
Michel Deleau, tél. 02 99 14 19 37,
michel.deleau@uhb.fr
Bicron et forsienne
Un exemple de règle “phonologique” utilisée par des enfants de 3-4 ans(3)
Des enfants de 3 à 4 ans, à qui l’on énonce ces deux mots inventés : “bicron” et
“forsienne” leur associent spontanément un genre : un bicron, une forsienne. “Cela
montre que dès leur premier apprentissage, les enfants se construisent des règles et ne «copient»
pas ce qui leur est dit”, précise Michel Deleau. ■
Nathalie Blanc
Michel Deleau : “Le langage
est une richesse créée par la
spontanéité et l’inventivité !”
De l’onomatopée à la métaphore
Apprendre à parler ne s’enseigne pas
et pourtant...
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11 233/JUIN 2006
Vers l’âge de six ans les enfants
découvrent l’univers du langage écrit.
Lecture, écriture : les lettres s’enchaînent
et prennent sens petit à petit !
Dans l’aventure où l’enseignement est
mené par l’institution, et qui fait
l’objet de débats, l’environnement de
l’enfant joue aussi un rôle.
“Mo-u-ta-r-de de Di-jo-ne”. Les
premiers déchiffrages d’un enfant
découvrant la lecture, c’est tout un poème !
D’abord, il reconnaît les lettres, puis leur
associe un son, arrive à reconstituer le son
global, réalise qu’il vient de prononcer un
mot, puis, enfin, lui associe un sens. Le tout
avec une jubilation non dissimulée ! Dès ce
moment, il devient un “lecteur automatique
de mots”, qui déchiffre tout ce qu’il voit :
affiches, couvertures de magazines, emballages...
Découverte de la langue
Ce processus d’apprentissage de la
lecture et de l’écriture, basé sur les sons, se
retrouve dans toutes les langues dites
alphabétiques comme le français, en opposition
aux langues basées sur des idéogrammes
comme le chinois. Leur
enseignement intervient donc logiquement
après l’acquisition du langage oral.
“C’est pourquoi il existe un fort taux d’illettrisme
chez les sourds, précise Jean-Émile Gombert,
directeur du Centre de recherches en
psychologie, cognition et communication
(CRPCC) à l’Université Rennes 2, chose qu’on
ne retrouve pas chez les aveugles.” Au CRPCC,
l’oral et l’écrit sont étudiés de près par les
équipes du laboratoire de psychologie du
développement (voir texte ci-contre). Les
personnes présentant des troubles auditifs,
ou les dyslexiques, qui ont des difficultés à
passer au langage écrit, permettent aux
chercheurs de mieux comprendre les mécanismes
de cet apprentissage. “Il existe au
départ une part d’implicite : inconsciemment, un
enfant ne considérera pas l’enchaînement “aaaa”
comme un mot. Mais ensuite, la maîtrise de la
lecture demande des connaissances explicites.”
Globale ou syllabique ?
En prenant conscience de la relation
entre phonèmes et graphèmes (sons et
lettres), l’enfant passe de la pratique
inconsciente d’une activité langagière à
l’utilisation d’un système de signes, qui
demande un effort de mémorisation. Cette
étape commence en grande section de
maternelle et se poursuit à l’école primaire.
La méthode utilisée, globale ou syllabique,
fait actuellement l’objet de débats
enflammés.
Mais sur ce point Jean-Émile Gombert
est clair : “C’est un débat qui n’a pas lieu d’être et
qui a été alimenté par des responsables politiques et
par les médias avec des citations tronquées. Aucun
enseignant n’a jamais utilisé toute l’une ou toute
l’autre ! On ne peut pas résumer l’apprentissage de
la lecture à ces deux mots.”
“Lors de la phase d’apprentissage, il y a la
méthode, l’enseignant et aussi l’élève !, précise la
directrice d’une école primaire de Rennes.
C’est donc la bonne interaction entre ces trois paramètres
qui est la clé de la réussite.”
Dans une lettre adressée par un groupe
de chercheurs, dont Jean-Émile Gombert,
au Monde de l’éducation en mars dernier(1), les
scientifiques réaffirment haut et fort que “la
question de l’efficacité comparée de différentes
pratiques pédagogiques est une
question qui doit être abordée de manière
scientifique” en reprécisant que les travaux
qui se sont attachés à comparer les
méthodes montrent que l’enseignement
systématique de la correspondance entre
les lettres et les sons est incontournable et
d’autant plus efficace qu’il intervient avant
l’apprentissage de la lecture. “Mais il est
également important de travailler sur la compréhension
des phrases et des textes et sur l’écriture.
Il ne faut donc par revenir au B.A.-BA.” Alors
soyez patient avec les jeunes lecteurs
ambulants et encouragez-les.
“S-to-pe” ! ■ N.B.
(1) “Un point de vue scientifique sur
l’enseignement de la lecture”.
De l’oral à l’écrit
L’enseignement qui fait débat
Nathalie Blanc
Jean-Émile Gombert : “Il existe
au départ une part d’implicite,
mais ensuite, la maîtrise
de la lecture demande des
connaissances explicites.”
Contact
Jean-Émile Gombert, tél. 02 99 14 10 23,
jean-emile.gombert@uhb.fr
Auteur des tests d’évaluation de lecture
Professeur de psychologie du développement cognitif depuis 1998 à l’Université
Rennes 2, où il dirige le Centre de recherches en psychologie, cognition et
communication, Jean-Émile Gombert travaille depuis plus de vingt années sur
l’acquisition de la lecture. Auteur de nombreux ouvrages sur le sujet, il a également
conçu les tests d’évaluation de lecture effectués au cours des journées d’appel et de
préparation à la Défense. Il est depuis cette année premier vice-président de
l’Université Rennes 2, en charge du conseil scientifique, et directeur de la Maison
des sciences de l’Homme en Bretagne (MSH). ■
Nathalie Blanc
Sciences Ouest 233 13/06/06 15:18 Page 11
Dossier
Étudier la conversation des étourneaux
peut paraître étrange. Quand
cela se passe en plus dans le cadre
d’une collaboration avec les sciences
humaines sur l’étude du langage, cela
devient vraiment énigmatique. Et
pourtant... : l’oiseau s’avère être plus
proche de l’Homme qu’on ne le croyait.
Qui n’a jamais été confronté au brouhaha
d’une colonie d’étourneaux ? Sous ces
airs de cacophonie se cache pourtant un
‘‘dialogue poli’’ : chaque oiseau chante à
intervalles réguliers laissant aux autres le
temps de lui répondre. “Nous avons mis en
évidence un phénomène qui s’apparente aux tours
de parole chez l’étourneau”, explique Martine
Hausberger, qui travaille depuis plus de
vingt ans sur ces oiseaux au laboratoire
d’éthologie-évolution-écologie de l’Université
de Rennes 1. “Si vous isolez un individu à la
naissance, il ne chante plus à intervalles réguliers
et son chant chevauche celui du voisin. Généralement
l’un des deux s’en va : on appelle ça le phénomène
de rupture.” Ces travaux ont été menés
récemment dans le cadre d’une collaboration
avec le laboratoire de psychologie du
développement de l’Université Rennes 2
(voir article page 10), car “on retrouve ce
phénomène de tour de parole chez l’Homme.”
Les oiseaux chanteurs comme les étourneaux
constituent en effet un modèle
d’étude classique car, comme l’Homme, ils
passent par une phase d’apprentissage
vocal, par une période privilégiée pour
apprendre et disposent d’une plasticité
développementale qui dépend du contexte
auditif et social. “Ce qui est moins le cas des
primates qui ont un système de communication
plus figé.”
L’étourneau : le pigeon idéal
Au contact d’autres jeunes, le petit étourneau
babille : “c’est le préchant”. Au printemps
suivant, au contact des adultes, il
apprend un chant plus structuré. Par contre,
si on isole deux juvéniles en chambre
sourde, avec comme seul son celui d’un
haut-parleur diffusant le chant des congénères,
ils apprennent un chant qui diffère
de celui de l’espèce. “Ils créent leur propre
langage, comme s’ils n’entendaient pas le hautparleur.”
Alors qu’un individu seul dans les
mêmes conditions écoute le haut-parleur et
apprend le bon chant. Mais ce chant est de
moindre qualité que celui d’un jeune au
contact avec des adultes. Cette dernière
expérience a été menée en relation avec une
équipe de l’Université Rennes 2 qui suit des
personnes sourdes auxquelles on a posé un
implant. Or, le fait de montrer que l’apprentissage
du chant et sa perception chez les
étourneaux dépendent autant du contexte
social qu’auditif peut apporter un nouvel
éclairage quant à l’encadrement souhaitable
de personnes sourdes implantées.
“L’intérêt de ce parallèle avec les animaux permet
de faire émerger ce qui est général à différentes
espèces de ce qui est propre à l’humain. On a longtemps
cru que le langage dans toutes ses caractéristiques
était le propre de l’Homme, mais avec ces
nouvelles informations, on voit que la frontière se
déplace. Le côté animal, c’est-à-dire les bases biologiques
et les processus physiologiques communs
sont plus importants qu’on ne le pensait’’, précise
Martine Hausberger.
Des bases biologiques communes
De quoi justifier la collaboration entre
éthologie et sciences humaines et sociales,
qui d’ailleurs s’officialise et prend de l’ampleur
: l’idée de la création d’un Groupement
d’intérêt scientifique (Gis) est née en février
2006. En cours d’adoption par les universités,
il sera opérationnel dès la prochaine
rentrée. Il regroupe différents laboratoires
de SHS de l’Université Rennes 2, le laboratoire
de Martine Hausberger (Université de
Rennes1), ainsi que les services d’imagerie
médicale et de pédopsychiatrie des CHU de
Rennes et Brest.
La comparaison entre oiseau et Homme
sous l’angle de l’imagerie va certainement
se développer et ce, malgré la distance
phylogénétique des espèces. Des études
récentes sur le cerveau d’oiseau viennent
en effet de montrer que celui-ci présente
une organisation incluant un “cortex”. Qui
a dit que les oiseaux n’avaient pas de
cervelle ? ■ L.G./N.B.
Quand l’éthologie éclaire les sciences humaines
L’Homme parle
comme les étourneaux
Contact
Martine Hausberger, tél. 02 99 28 69 28,
martine.hausberger@univ-rennes1.fr
Nathalie Blanc
DR
L’étourneau est un oiseau
chanteur qui sert de modèle
à l’étude du développement
du langage chez l’Homme.
Martine
Hausberger.
12 233/JUIN 2006
Sciences Ouest 233 13/06/06 15:18 Page 12
13 233/JUIN 2006
Quand on apprend une langue, il faut
s’imprégner de son accent. Pas facile
pour le breton, dont les locuteurs
maternels sont de moins en moins
nombreux. L’informatique peut jouer
un rôle inattendu. À Lorient, le doctorant
Christophe Ropers réalise un
corpus du breton parlé, pour aider à
son enseignement “avec l’accent”.
Quand ils apprennent l’anglais, ou le
breton, les Français n’y mettent pas
souvent l’accent. Et pourtant, ce n’est pas
anodin. “L’accent fait partie de l’apprentissage
d’une langue, même s’il ne s’agit pas de parler
breton comme un paysan, souligne Pascal
Nignol, enseignant de breton et médiateur
culturel au Musée de Bretagne. C’est un
plaisir de s’exprimer dans une autre langue,
lorsque l’interlocuteur a l’accent, c’est du bonheur !”
L’accent permet aussi d’être précis et
d’éviter les contresens. Cette dimension
orale de la langue bretonne est l’objet du
doctorat, à mi-chemin entre la linguistique
et l’informatique, de Christophe Ropers, à
l’Université de Bretagne sud, à Lorient.
Sa thèse en sciences du langage(1) va
déboucher sur un corpus du breton parlé.
“Mon but est d’analyser les différentes intonations
dans la langue bretonne parlée, explique le
doctorant. Pour apprendre aux élèves à prononcer
n’importe quel ensemble de mots en breton. Car
c’est difficile, même avec un dictionnaire et les règles
phonétiques.” Fruit ultime de ses recherches,
un logiciel intégrant un synthétiseur vocal
pourrait donner la bonne intonation de
n’importe quelle phrase, écrite en direct par
l’élève. Une petite révolution par rapport
aux CD-Rom classiques, où seules les
phrases prévues sont prononcées ! “Le but
est aussi de paramétrer l’intonation en fonction du
dialecte breton souhaité.”
Une heure pour transcrire
une minute
La matière première du corpus, ce sont
des enregistrements en breton, mais aussi
en anglais et en français. Le linguiste
Christophe Ropers est en effet agrégé
d’anglais et la comparaison entre les
langues l’intéresse. Les enregistrements
ont été faits, entre 1985 et 2000, au laboratoire
de recherche de breton et celtique de
Francis Favereau. Cinq mille mots bretons
ont été transcrits et traités par des logiciels.
C’est encore peu ! Mais la réalisation d’un
corpus oral est plus longue que celle d’un
corpus écrit. “Pour transcrire une minute d’oral,
il faut une heure de travail, pour bien l’enregistrer
et y apporter des annotations, note Christophe
Ropers. Il faut segmenter le discours selon les
unités d’intonation et les logiciels ne font pas tout !”
Logiciels libres
À partir d’un “son”, par exemple une
conversation de deux minutes entre bretonnants,
un fichier informatique est créé,
associé à ce son. Dans ce fichier, il y a des
annotations grammaticales et prosodiques,
notamment la mélodie de la langue. Pour
créer ces fichiers et organiser le corpus,
Christophe Ropers a choisi de travailler
avec des logiciels libres et selon la norme
XML. “C’est un standard qui rend le corpus
échangeable entre différents instituts de recherche.
Car souvent, le gros défaut des corpus parlés est
qu’il faut acheter un logiciel spécifique pour les lire.”
Le comble d’une étude sur une langue
aurait été, en effet, de ne pas être “lisible”
par d’autres chercheurs ! La thèse,
commencée en 2004, devrait être terminée
en 2007. Dans quelques années, elle pourrait
donner naissance à des outils pédagogiques,
développés avec le Centre de
documentation pédagogique de Saint-
Brieuc et l’éditeur Tes, qui publie les
méthodes utilisées dans les écoles bilingues
franco-bretonnes. Et alors, gast !
Préparez-vous à entendre votre ordinateur
jurer en vannetais ou en trégorrois ! ■ N.G.
(1) Sous le titre “Annotation prosodique des corpus échangeables”. Le directeur de thèse est
GeoffreyWilliams, du laboratoire Adicore (Analyse des discours : constructions et réalités).
Christophe Ropers établit un corpus du breton parlé
L’informatique pour apprendre...
l’accent breton
Contact
Christophe Ropers, tél. 02 97 87 29 20,
christophe.ropers@univ-ubs.fr
Jay Mac Roy
Imaginez l’accent
de ces trois
Bretons, en pleine
conversation
à Poullaouën
(Finistère),
au début du siècle
dernier, retranscrit
par ordinateur !
Raphaël Binet/Musée de Bretagne
Christophe
Ropers
Sciences Ouest 233 13/06/06 15:18 Page 13
Première communauté francophone
hors France, seule province officiellement
francophone au Canada, le
Québec fait de sa langue son fondement
identitaire. Cette identité linguistique
en quête de reconnaissance est
tantôt soucieuse de se conformer à
une francophonie internationale,
tantôt revendicatrice d’un statut
distinct. Quelles représentations les
jeunes évoluant dans ce contexte
particulier se font-ils du français ?
Apprendre à parler une langue, c’est se
familiariser avec les codes mais aussi
s’approprier les conventions qui lui sont
attribuées en tant qu’objet social. La
communauté interprète les faits de langues
(registres, prononciations, graphies...),
soumettant chaque locuteur à un “regard
sociolinguistique”. Cette interaction appréciative
est déterminante dans la progression
de l’apprenant-locuteur, car au-delà
des paramètres cognitifs, les performances
linguistiques dépendent également de
facteurs psychoaffectifs. Des enquêtes de
terrain alliant sondages écrits et oraux,
réalisations d’autoportraits et observations
de classe ont été menées auprès de différents
établissements scolaires depuis 2001
et ont permis d’explorer cette complexité.
Le français en héritage
Plusieurs jeunes francophones(1) natifs du
Québec conçoivent par exemple le français
comme un héritage dont ils doivent assurer
la préservation et la transmission et se
préoccupent de sa survie. Avec sa présence
transnationale et son poids sur le marché
du travail, l’anglais est perçu comme une
menace. Mais, exposés à l’hégémonie des
divertissements anglo-saxons, certains
jeunes y associent en fait une culture plus
“cool”. De plus, l’utilisation de l’anglais leur
paraît plus aisée alors que le français,
langue et matière scolaire, est souvent
étiqueté comme difficile et contraignant.
Un certain idéalisme de l’accessibilité des
langues et de l’indulgence face aux écarts
émerge alors : “Je rêve du jour où la grammaire
française sera simplifiée et où les gens n’auront plus
peur de faire des fautes en écrivant”, souligne par
exemple un jeune interrogé.
14 233/JUIN 2006
Dossier
Dans l’apprentissage d’une langue
étrangère, la maîtrise de la grammaire,
du vocabulaire et de la syntaxe ne
suffiront pas à faire de vous un
bilingue émérite. Doctorante en
linguistique et lectrice d’allemand à la
faculté de lettres Victor-Segalen à
Brest, l’Autrichienne Verena Thaler
vous en dit deux mots.
Vous croyez maîtriser parfaitement une
langue étrangère, mais êtes-vous en
phase avec le Cadre européen commun de
référence pour les langues ? Le CECR a en
effet défini la compétence de communication
selon trois composantes hiérarchisées :
linguistique, sociolinguistique et pragmatique.
“Les deux dernières font rarement partie
des apprentissages de langues étrangères en
milieux scolaire et universitaire”, constate
Verena Thaler, doctorante autrichienne en
linguistique et lectrice à la faculté de lettres
Victor-Segalen à Brest.
Ainsi donc, si l’acquisition de règles lexicales,
grammaticales, syntaxiques et phonologiques
est indispensable pour maîtriser
une langue, celles-ci seront insuffisantes si
elles ne s’accompagnent pas de connaissances
pragmatiques et sociolinguistiques
adaptées. “La compétence pragmatique correspond
à la capacité d’utilisation fonctionnelle d’une
langue dans une situation de communication
concrète”, explique Verena Thaler.
Pour vérifier si cette compétence existait
chez des étudiants français apprenant l’alle-
Enseignement d’une langue
Une Autrichienne analyse la façon dont les F
Christophe Blanchard
Verena Thaler :
“Aujourd’hui,
les chercheurs
se penchent sur
la mise en place
de conditions
pédagogiques et
didactiques plus
favorables au
développement
d’une compétence
communicative.”
DR
Élatiana
Razafi est
chercheure
à l’Université
Rennes 2 et
doctorante
au Cies
grand Ouest
(lire p. 6 et 7).
À travers l’exemple du français au Québec
Le rôle des représentations dans l’apprentissa
Sciences Ouest 233 13/06/06 15:18 Page 14
Depuis 1997, la politique linguistique du
Québec oeuvre explicitement pour la
défense et la promotion du français qui
devient la première langue d’enseignement.
Une interrogation subsiste : quelle
variété de français parler ?
L’imaginaire des langues
Conscients d’une hiérarchisation
érigeant le “français de France” au-dessus
du “français québécois”, l’adhésion à une
communauté ressentie comme minorée
n’est pas toujours évidente pour les jeunes.
La norme de référence admise dans leur
entourage est ce “vrai français”, or la langue
qu’ils entendent au quotidien s’en éloigne
sensiblement. Plusieurs hésitent mais tous
sont à la recherche de modèles linguistiques
qui correspondent à leur identité
québécoise comme le revendique un autre
jeune : “Je sais que les Canadiens anglophones
nous méprisent et que les grands de l’Académie
française nous regardent parfois de haut. Mais toute
notre histoire de peuple soumis réside dans notre
parlure. C’est l’héritage de nos ancêtres défricheurs.
On ne parle pas mal, on est différents !”
Dans cette relation alambiquée avec la
langue, les jeunes tanguent entre sentiments
de fierté et d’insécurité identitaire.
L’observation de leurs discours et pratiques
offre une vision interne quant à la dynamique
présente et projetable du fait français
en Amérique du Nord : “Je sens que le
français québécois est en danger...”, dit encore un
élève. ■ Élatiana Razafi(2)
(1) La terminologie canadienne distingue : • Les Francophones, qui ont le français comme
première langue parlée pendant l’enfance à la maison • Les Anglophones, qui ont
l’anglais comme première langue parlée pendant l’enfance à la maison • Les Allophones,
qui ont comme langue maternelle une langue autre que le français ou l’anglais.
(2) Élatiana Razafi est l’auteur d’un ouvrage récemment sorti aux Presses universitaires de
Rennes : Français, Franglais, Québé-quoi ? Les jeunes Québécois et la langue française :
enquête sociolinguistique. L’Harmattan, Espaces Discursifs, 238 p, 2005.
15 233/JUIN 2006
s Français apprennent l’allemand
Cet article a été écrit par Élatiana Razafi
La diffusion de la culture scientifique et technique est entrée officiellement au programme
de la formation des futurs maîtres de conférences. Écrire un article dans Sciences Ouest fait
partie des projets possibles, proposés aux moniteurs en formation au Centre d’initiation à
l’enseignement supérieur (Cies) du grand Ouest. ■
Contact
Verena Thaler,
verena.thaler@univ-brest.fr
Contact
Élatiana Razafi, tél. 02 99 14 15 67,
elatiana.razafi@uhb.fr
mand, Verena Thaler a effectué 111 entretiens
auprès de 55 étudiants germanistes
confirmés en France et 56 lycéens de langue
maternelle allemande en Autriche.
Natif ou apprenant ?
Chacun d’eux a réalisé un récit oral et
répondu à une série de questions. Leurs
discours ont été enregistrés et retranscrits
afin d’analyser l’emploi des procédés d’atténuation
qui est une part importante de la
compétence pragmatique d’une langue :
“Dans leurs discours, les natifs recourent surtout
à des stratégies implicites d’atténuation, c’est-à-dire
à des moyens subtils comme les particules illocutoires(
1). Les apprenants, quant à eux, ne les
maîtrisent pas suffisamment, mais ils compensent
ce manque par des procédés explicites. Ils utilisent
ainsi des adverbes modaux(2) ou des verbes épistémiques
comme «je pense», «je crois», «je ne sais
pas», «je suppose». Il est intéressant de souligner
que leur répertoire est, dans ces domaines, beaucoup
plus étendu que celui des natifs ; la maîtrise
remarquable dont ils font preuve au niveau du
lexique et de la syntaxe agit en fait comme un
mécanisme de compensation.”
Changer la façon d’enseigner
L’une des explications avancée par la
linguiste autrichienne pour saisir cette
différence serait à chercher du côté de la
façon d’enseigner les langues dans les
établissements scolaires et universitaires :
“La didactique des langues étrangères a longtemps
été centrée sur l’enseignement des normes et les
réglages de l’écrit sans s’intéresser aux particularités
du langage parlé dont font partie la plupart des
moyens implicites d’atténuation comme les particules
illocutoires ou autres mots du discours.
Mais aujourd’hui, par réaction à cette focalisation
sur la norme écrite, les chercheurs se penchent sur
la mise en place de conditions pédagogiques et
didactiques plus favorables au développement d’une
compétence communicative(3).” ■ C.B.
(1) Les particules illocutoires sont des termes monosyllabiques qui appellent des
nuances subtiles dans le discours. (2) Comme “peut-être”, “probablement”, “environ”,
“vraisemblablement”... (3) Certains linguistes français, comme Claude Springer de
l’université Marc-Bloch de Strasbourg se sont ainsi penchés depuis quelques années sur
ces problématiques.
issage d’une langue
L’accession linguistique requiert
de la technicité mais aussi de
l’adaptabilité car elle équivaut
à une insertion sociale.
Comme l’exprime une jeune
Francophone de 11 ans à travers
son autoportrait (cf. personnage
sur la droite), l’acquisition
du français québécois garantit
la cohésion sociale au Québec.
Sciences Ouest 233 13/06/06 15:18 Page 15
16 233/JUIN 2006
Dossier
Réaliser un logiciel de traduction,
en donnant à l’ordinateur une
grammaire, c’est bien. Mais si
l’ordinateur établit tout seul la
grammaire du texte à analyser, puis
fait des phrases, c’est mieux. Les
informaticiens du Lina(1), à Nantes, y
travaillent, en imitant l’apprentissage
du langage chez l’enfant.
Avant de balbutier ses premiers mots,
l’enfant entend tout. En vrac ! Ou
plutôt, en blocs. Ses parents ne lui décortiquent
pas sa langue maternelle en lui
disant “voici un verbe : dormir” puis “voici
un groupe nominal : le lit”. L’enfant entend
des phrases toutes faites, du genre “Allez,
c’est l’heure d’aller dormir”. À partir d’elles,
il se construit un lexique puis fait ses
phrases, avec d’autres mots. Un phénomène
ultracomplexe ! Ce processus intéresse
les chercheurs du Laboratoire
d’informatique de Nantes Atlantique (Lina),
plus précisément l’équipe Taln(2), dirigée par
Béatrice Daille.
Traduction automatique
“Nous reproduisons les procédés cognitifs de
l’enfant, quand il apprend sa langue maternelle,
résume Béatrice Daille. En se basant sur les
travaux de linguistes et de psycholinguistes, nous
modélisons ces processus d’apprentissage pour
l’ordinateur.” À partir de ces modélisations, le
logiciel constitue des grammaires. “Elles sont
utilisées dans différentes applications, par exemple
pour des traductions automatiques, la recherche
d’informations sur le web ou dans des documents
textuels.” Mais comment l’ordinateur se
débrouille-t-il tout seul, sans connaître
avant le vocabulaire et la grammaire
du texte qu’il doit
analyser ?
L’un des doctorants de
l’équipe, Erwan Moreau, qui
soutient sa thèse(3) en
septembre prochain, s’est
penché sur la question. Il s’intéresse
à l’acquisition par l’ordinateur de
grammaires “lexicalisées”, c’est-à-dire où
les propriétés de la langue, syntaxique ou
sémantique, sont déjà codées dans son
lexique - ou dictionnaire. Par exemple,
“aime” est un verbe, qui demande à la fois
un sujet, lui-même groupe nominal, et un
objet, également groupe nominal. Quand
un enfant entend des phrases, il crée en
quelque sorte une grammaire lexicalisée.
Dans n’importe quelle langue
“Le modèle mathématique de Gold, qui décrit
ce qu’est l’apprentissage d’une langue, nous dit
qu’il est théoriquement possible de réaliser un
programme informatique qui génère cette grammaire
lexicalisée”, explique Erwan Moreau.
C’est-à-dire que l’ordinateur retrouve
les règles de la grammaire, pour
ensuite produire et analyser des
phrases.” Hélas, le temps de
calcul est théoriquement long,
notamment parce que l’ordinateur
a besoin d’un grand
nombre de phrases. Mais l’un
des avantages de cette méthode “automatique”
est de s’appliquer à n’importe quelle
langue - tout comme le comportement de
l’enfant, lors de l’apprentissage, ne dépend
pas de la langue maternelle. “Idéalement, cela
permet même d’établir des grammaires pour des
langues peu étudiées.”
Cette thèse en informatique théorique
comprend son volet expérimental, avec des
expérimentations faites sur un texte. “Les
résultats obtenus par Erwan sont très nouveaux,
souligne Béatrice Daille. Nous avons notamment
démontré que tel type de grammaire lexicalisée
peut bien être acquis par l’ordinateur.” Les
résultats de ces recherches pourraient se
retrouver, dans quelques années, dans les
logiciels d’apprentissage des langues. ■ N.G.
(1) Laboratoire d’informatique de Nantes Atlantique. (2) Traitement automatique du
langage naturel. (3) Sous la direction d’Alexandre Dikovsky et Christian Retoré, du Labri, à
Bordeaux.
Des traductions automatiques s’inventent au Lina
L’ordinateur apprendra une langue,
comme un enfant
Contacts
Béatrice Daille, tél. 02 51 12 58 54,
beatrice.daille@lina.univ-nantes.fr
Erwan Moreau, tél. 02 51 12 58 07,
erwan.moreau@univ-nantes.fr
Béatrice Daille
est spécialiste
du traitement
automatique du
langage naturel.
Nicolas Guillas
Erwan Moreau
Nicolas Guillas
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17 233/JUIN 2006
Les machines nous parlent. Et
aujourd’hui, elles sont surtout capables
de nous comprendre ! Mais avant
d’en arriver là, elles ont appris :
d’abord les mots, puis le sens, comme
nous. À Lannion, France Télécom R&D
apprend à parler auxmachines.
“Vous souhaitez des renseignements, tapez 1,
si vous souhaitez entrer en contact avec un
opérateur, tapez 2....” Ce système de dialogue
utilisant les touches du téléphone (DTMF)
en a découragé plus d’un ! Plus ergonomiques,
des services de reconnaissance
vocale par mots clés se sont alors développés.
France Télécom a par exemple mis
au point un annuaire téléphonique qui
permet de trouver les coordonnées d’une
personne ou d’un lieu en prononçant tout
simplement son nom, sans passer par un
opérateur : le 118 710. Un million de noms
sont ainsi reconnus. “Cela fonctionne très bien
quand la demande est précise, c’est-à-dire quand on
connaît déjà le nom de la personne ou du lieu”,
note Laurent Courtois, responsable de la
coordination technique des services vocaux
chez France Télécom R&D à Lannion. Mais
pas quand on “cherche un coiffeur à
Lannion.” Et bien si.
Quand la parole est continue
L’évolution des techniques permet désormais
d’envisager des échanges en langage
naturel, c’est-à-dire où la parole est
continue, avec une machine. Des recherches
sont menées depuis plus de quinze
ans sur ce sujet, mais peu de systèmes
étaient jusqu’à présent opérationnels. “Les
systèmes de dictée vocale sont restés cantonnés à
des usages très spécifiques - notamment pour les
médecins ou les juristes -, c’est-à-dire dans des cas
où le corpus linguistique est limité et orienté par le
métier. Leur taux de succès reste confidentiel, car il
faut savoir s’en servir, avoir une bonne élocution et
dicter correctement.”
Générer un système de reconnaissance
en langage naturel passe tout d’abord par la
collecte du corpus linguistique, c’est-à-dire
l’ensemble du vocabulaire et des tournures
de phrases qui seront utilisés dans le
contexte de l’utilisation. Le but est de se
rapprocher le plus possible de ce qui va être
demandé.
Des technologiesmatures
Cette collecte s’effectue grâce à des techniques
devenues classiques(1) d’enregistrements
en expérimentations et d’étiquetage
des mots. La deuxième étape, plus
complexe, est la phase d’interprétation. À
Lannion, France Télécom R&D en a fait sa
spécialité. “Nous avons mis au point un logiciel
qui va identifier les mots ou les groupes de mots,
gérer le dialogue, lever les ambiguïtés, reposer une
question... Il reste cependant à effectuer son paramétrage,
qui dépend de l’application visée.”
Et ça marche. Le portail de services
pour les transferts d’appels et le suivi de
consommation de France Télécom (service
3000) a déjà été développé en langage
naturel dans tout l’ouest de la France(2). Car
aujourd’hui, les technologies sont matures
et le marché aussi. “S’il existe encore des
personnes qui raccrochent quand elles tombent sur
un automate, les tests que nous avons réalisés
montrent que les recherches effectuées grâce à un
service en langage naturel sont meilleures - 35%
de mieux - qu’avec une commande vocale en mots
isolés”, poursuit Laurent Courtois. À vos
téléphones ! ■ N.B.
(1) La technique du “magicien d’Oz” est généralement utilisée pour la collecte des corpus.
(2) Par Laurence Lesur, chef de projet 3000 R&D à Lannion.
Les machines apprennent à nous comprendre
France Télécom R&D lance un serveur
vocal en langage naturel
Contact
Laurent Courtois, tél. 02 96 05 11 53,
l.courtois@francetelecom.com
Avec le développement du langage
naturel, il ne s’agit pas de remplacer
les opérateurs par des machines !
Celles-ci permettent juste de fluidifier
le trafic, de répondre aux questions
basiques et d’orienter les appels.
Le mois prochain : Art, verre et céramique
Pierre-François Grosjean/France Télécom
Sciences Ouest 233 13/06/06 15:18 Page 17
➜Comment ça marche ?
18 233/JUIN 2006
Vous lisez et comprenez ces lignes
avec l’impression que cela ne vous
demande aucun effort. Et pourtant, ce
phénomène est le résultat d’une série
de périodes complexes d’apprentissages,
qui s’est déroulée le plus
souvent dans la petite enfance,
puis durant les années d’écoles
maternelle et primaire, parallèlement
à la maturation du
cerveau.
L’écriture, et par extension la
lecture, sont intimement
liées à l’oral. Pas étonnant
donc que l’on ne puisse
commencer à lire et à écrire
qu’après avoir acquis le
langage ! En effet, avant d’apprendre
à lire, un enfant doit savoir
discriminer les sons (phonèmes) qui
composent les mots de la langue, il
doit acquérir la conscience de la structure
phonologique du langage parlé. Cette aptitude
existe à l’âge de 2-3 mois et est
complètement acquise à 5 ans. L’enfant doit
aussi maîtriser la correspondance existant
entre les mots et leur signification. Ces
capacités dépendent de la maturation des
structures cérébrales impliquées dans le
langage, situées tout particulièrement dans
le lobe temporal de l’hémisphère gauche, et
comprenant, entre autres, deux zones appelées
aire de Wernicke et aire de Broca (voir
figure). Pendant les premières années de la
vie, le développement de ces structures est
fortement corrélé à l’enrichissement du
vocabulaire qui passe de presque 100 mots
à l’âge de 20 mois, à environ 500 à 30 mois,
pour atteindre à l’âge adulte un lexique de
50 000 à 100 000 mots.
Les saccades du regard
La vue est un sens indispensable à la
lecture, à l’exception du braille. Des troubles
visuels peuvent donc perturber son
apprentissage et doivent être corrigés
précocement chez l’enfant. La lecture
s’effectue par des séries de saccades
oculaires, d’une durée moyenne de 35 millisecondes,
dirigeant l’axe du regard sur les
graphèmes, c’est-à-dire les lettres, espaces,
signes de ponctuation, ou icônes (dans
l’écriture hiéroglyphique) à déchiffrer. Dans
les écritures occidentales, les saccades
s’opèrent de gauche à droite, mais le
mouvement s’inverse aussi pour permettre
des retours en arrière ou des changements
de ligne. Les saccades sont suivies de fixations
du regard (durée moyenne 225 millisecondes)
afin d’analyser le champ visuel et
les graphèmes. Ceux-ci sont traités en
premier par la rétine, où les caractéristiques
de forme, de contraste, de couleur et
d’orientation dans l’espace sont disséquées.
Alors que la partie centrale de la
rétine est plus spécialisée dans le détail des
graphèmes, la partie périphérique explore
leur environnement (longueur des mots,
espaces, ponctuation) pour aider à la détermination
des divers éléments de la phrase.
Et l’hémisphère droit ?
Ces informations visuelles prétraitées
arrivent ensuite au niveau des aires
visuelles primaires et associatives de
l’hémisphère gauche du cerveau (voir
figure), où elles sont interprétées afin de
parvenir à l’identification précise des
graphèmes. Les informations parviennent
ensuite au gyrus angulaire gauche tout
proche, puis aux aires du langage (Wernicke
et Broca), où le lien entre les graphèmes,
les phonèmes et leur sens est réalisé.
Grâce à sa proximité avec les centres
moteurs de la bouche et de la langue, l’aire
de Broca permet ultérieurement la prononciation
des mots lus. L’hémisphère droit
participe aussi à la lecture en apportant par
exemple la compréhension du rythme de la
phrase, du contexte, des métaphores ou de
l’humour.
De la lecture à l’écriture
L’écriture découle de la lecture et nécessite
l’accès au sens des mots ainsi que
leur décomposition en phonèmes et
graphèmes. Elle fait donc intervenir les
mêmes structures cérébrales que la lecture.
À ceci près que les centres moteurs activés
ne sont pas les mêmes, et varient d’autant
plus si l’on écrit avec un stylo, sur un clavier,
ou avec ses pieds ! ■
Article rédigé par Aurélie Massaux,
Centre de vulgarisation de la connaissance,
Université Paris Sud, www.cvc.u-psud.fr
Apprentissage de la lecture et de l’écriture
Le rôle du cerveau
Aire auditive
primaire Aire de
Wernicke
Aire de Broca
Centres
moteurs
Gyrus
angulaire
Aire
visuelle
Les principales zones
cérébrales impliquées
dans le langage
oral et écrit.
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Espace des sciences
19 233/JUIN 2006
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Bulletin d’abonnement et chèque à l’ordre de l’Espace des sciences, à
retourner à : Espace des sciences, Les Champs Libres, 10, cours des Alliés,
35000 Rennes.
BULLETIN D’ABONNEMENT
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 Code postal  Ville
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✂ SO 233
*prix de vente au numéro
L’Espace des sciences à Paris
Les gorilles
sont entrés
dans Paris
L ’ e x p o s i t i o n
Gorilles, réalisée
par l’Espace des
sciences, a été
inaugurée, le
22 mai dernier,
au Palais de la
d é c o u v e r t e
à Paris. On y retrouve l’exposition présentée
l’an dernier à Rennes, en plus grand, sur
400 m2. À voir jusqu’au 26 novembre. ■
Rens.➜ www.palais-decouverte.fr
Expositions itinérantes
Ciel miroir des cultures
Cette nouvelle exposition itinérante
retrace en quatorze
panneaux l’astronomie au
travers des cultures, ses
représentations, les projections
et les usages d’un ciel
scientifique peuplé de monstres,
de dieux, écran de projection de
nos croyances et de notre imaginaire. ■
Rens.➜ Patrick Le Bozec, tél. 02 23 40 66 46,
patrick.lebozec@espace-sciences.org
Prochaines conférences
Rennes, le 20 juin
Les problèmes de l’eau dans
le monde au XXIe siècle
Le cycle de l’eau tel que nous le connaissons
actuellement est
susceptible d’être considérablement
perturbé. Les
changements climatiques,
la croissance démographique et la détérioration
de la qualité en sont les grandes
raisons. Ghislain de Marsily fera le point sur
les connaissances actuelles en présentant
un rapport réalisé par l’Académie des
sciences sur les eaux continentales. ■
Rennes, le 27 juin
Les nanosciences
Une conférence d’Henri
Van Damme, professeur
à l’École supérieure de
physique et chimie industrielles. ■
Rens.➜ Aux Champs Libres, salle de conférences
Hubert Curien, à 20 h 30. Entrée libre.
Morlaix, le 20 juin
Énergie nucléaire et
développement durable
Une conférence donnée par Maurice Leroy,
professeur à l’École européenne de
Strasbourg, directeur scientifique en chimie
et chimie-biologie. ■
Rens.➜ À l’amphithéâtre IUT Gaco, à 20 h. Entrée
libre. Tél. 02 98 63 10 14.
Espace des sciences
ESPCI Ghislain de Marsily
BritishLibrary
“Un volcan à Saint-Brieuc !” Ces mots retiennent notre attention lorsque l’on gravit les
escaliers de la salle de la Terre, à l’Espace des sciences. Est-ce une blague ? La
réponse se trouve dans l’un des six épisodes de l’exposition sur l’histoire géologique du
Massif armoricain. Mais pour le moment, traversons rapidement les 600 millions d’années
pour nous installer confortablement sur les estrades de l’atelier d’animation. “Qu’est-ce
qu’un volcan ?” demande la médiatrice. Alors très vite, la séance prend l’allure d’un cours
d’arts plastiques. Armé de feutres et d’une ardoise, chaque groupe gribouille son volcan.
Contemplation des chefs-d’oeuvre : le volcan a son cliché ! Mais la nature est-elle si
homogène ? Pendant que le public est mis à contribution pour placer la coulée de lave et
le gros nuage de cendres sur la maquette du volcan, on apprend qu’on peut les regrouper
en deux grands types. Et que le plus dangereux des deux n’est pas celui qu’on croit ! On
découvre aussi la différence entre le magma et la lave pendant que de vraies roches
volcaniques passent de main en main.
Enfin, avec la projection de vidéos et de diapos spectaculaires, le travail des volcanologues,
qui risquent parfois leur vie pour aller mesurer le pouls du volcan, est abordé. Alors venez
vous aussi, sans risque, prendre la mesure et éveillez votre esprit à la vie de notre planète. ■
L.G.
Toutes les informations pratiques sont sur le site de l’Espace des sciences ➜ www.espace-sciences.org
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20 233/JUIN 2006
aaggeennddaa
(1) Bretagne valorisation est un service de valorisation de la recherche bretonne - voir brève p. 4-5. (2) Ramsar : Traité mondial sur la conservation
des zones humides signé à Ramsar (Iran) en 1971. (3) Alcide d’Orbigny (1802-1857) était un voyageur naturaliste.
■Colloques
16 juin/Mystères du golfe
■ Vannes - Un cycle
de conférences est
organisé à l’occasion
des 10 ans de la réserve naturelle
des marais de Séné. Celle-ci propose un
suivi des oiseaux du golfe du Morbihan,
desméthodes et quelques résultats. Elle
est donnée par Roger Mahéo, comité
scientifique Ramsar(2), et Guillaume
Gélinaud, directeur scientifique de la
réserve naturelle des marais de Séné.
À 20 h 30, à l’Université Bretagne sud,
amphithéâtre Yves Coppens.
Rens.➜Réserve naturelle des marais
de Séné, tél. 02 97 66 92 76.
22 juin/L’eau potable
■ Nantes - Chaque mois, les
objets techniques de notre
quotidien livrent leurs secrets.
Organisé au Cnam à Paris,
en collaboration avec le magazine
La Recherche et le quotidien Le Parisien,
le cycle de conférences-débats “Qu’en
savez-vous vraiment ?” est diffusé en
direct au Cnam à Nantes, par visioconférence,
avec possibilité de poser des
questions aux intervenants sous forme
de “chat”. Au Cnam à 18 h 30.
Rens.➜Cnam Pays de la Loire,
tél. 02 40 16 10 70,
www.cnam-paysdelaloire.fr
29 juin/Les filières animales
bretonnes
■ Rennes - Cette Matinale
de Rennes Atalante sur les
filières animales bretonnes
face aux enjeux de la durabilité aura
lieu au restaurant Le Sésame (Rennes
Atalante Champeaux), de 8 h 15 à
10 h 15.
Rens.➜Rennes Atalante,
tél. 02 99 12 73 73,
www.rennes-atalante.fr
Adria
■ Les 21 et 22 juin, Paris/Comment supplémenter en
vitamines, minéraux et acides gras ■ 29 juin, Rennes/
Tranchage et portionnage en IAA
Rens.➜Séverine Pierre, tél. 02 98 10 18 49, www.adria.tm.fr
Archimex
■ Du 3 au 7 juillet, Vannes/Méthodologies pour
l’analyse des extraits végétaux
Rens.➜Service formation, tél. 02 97 47 97 35,
formation@archimex.com, www.archimex.com
Supélec
■ Du 19 au 23 juin, Rennes/Systèmes temps réel pour
applications industrielles ■ Les 27 et 28 juin, Rennes/
Cryptographie pour l’ingénieur
Rens.➜Catherine Pilet, tél. 02 99 84 45 40,
catherine.pilet@rennes.supelec.fr
■Formations
21 juin/Petit déj’recherche
■ Cesson-Sévigné - Ce “Petit dej’
recherche”, organisé par France
Télécom R&D, est intitulé “l’entreNet”.
Il sera animé par Daniel Kaplan, le
délégué général de la Fondation pour
l’Internet nouvelle génération. À 9 h,
dans les locaux de France Télécom R&D.
Sur inscription uniquement
petitsdejrecherche@rd.francetelecom.com
Du 22 au 24 juin/Femmes
éducatrices au
siècle des Lumières
■ Rennes - Organisé par
l’Université Rennes 2, ce
colloque sur les “Femmes
éducatrices au siècle des
Lumières : discours et pratiques” abordera
le rôle de la mère dans l’éducation,
noble ou bourgeoise, en France ou dans
d’autres pays d’Europe.
Rens.➜Nelly Bregault,
tél. 02 99 14 15 04,
nelly.bregault@uhb.fr
29 et 30 juin/1res Journées
Nanosciences en Bretagne
■ Rennes - Organisées pour la première
fois en Bretagne, les “Journées Nanosciences”
vont permettre de faire un
état de l’art sur les nanomatériaux, les
nanostructures et les développements
instrumentaux en nanosciences. Elles
s’appuieront sur l’ensemble des laboratoires
bretons présents sur ces axes.
À l’Université de Rennes 1, campus de
Beaulieu, bâtiment 42.
Rens.➜GMCM, tél. 02 23 23 56 81,
www.gmcm.univ-rennes1.fr/
nanosciences
Du 29 juin au 1er juillet/
Innover pour demain
■ Saint-Malo -
Représentant la
majorité des
acteurs nationaux
de la valor
isation de
la recherche
publique, le
réseau Coopération
des services universitaires des
relations industrielles et économiques
(Curie) organise un congrès intitulé
“Innover pour demain”, en partenariat
avec Bretagne valorisation(1).
Sur inscription uniquement
www.curie.asso.fr
Du 6 au 8 septembre/Espace
social : méthodes et outils,
objets et éthique(s)
■ Rennes - Ce colloque est proposé par
le laboratoire Espace social (Eso) de
l’Université Rennes 2. Au coeur du
débat, l’espace comme “produit social
et facteur de production des sociétés”.
Sur l’agrocampus.
Sur inscription uniquement
➜ eso.cnrs.fr, rubrique actualité.
Du 17 au 21 septembre/
Extrêmophiles 2006
■ Brest - Organisé
par l’Ifremer, le
congrès Extrêmophiles, sur les microorganismes
vivant dans les milieux
extrêmes de la planète, fête ses 10 ans.
Au palais des congrès du Quartz.
Sur inscription uniquement
www.extremophiles2006.org
DR
■Conférences
La Bolivie à l’honneur
■ Nantes - Un cycle de conférences est organisé par le Muséum
d’histoire naturelle de Nantes dans le cadre du 15e anniversaire
des échanges entre Nantes et Cochabamba (Bolivie).
26 juin/Vous avez dit Alcide(3) ? Ou les pérégrinations d’un
naturaliste en Bolivie. Par Françoise Legrée-Zaidline, professeur
d’histoire naturelle.
27 juin/Aspects généraux de la biodiversité en Bolivie, étude
de la lagune Alalay. Par Saùl Arias, naturaliste, université de
Cochabamba (sous réserve).
28 juin/La néblina, forêt pluvieuse. Par Claude Figureau, directeur du
jardin botanique (Nantes).
30 juin/Propagation des maladies parasitaires en Amérique
Latine. Par Jean-Christophe Ernould, docteur en parasitologie (Paris).
4 juillet/La feuille de coca mythe et réalité. Animée par Christian
Merle, professeur à la faculté de pharmacie à l’université de Nantes.
5 juillet/Les Kallawayas, médecins du corps, guérisseurs de
l’âme. Animée par deux représentants de la communauté Kallawaya de
Bolivie.
Amphithéâtre du muséum, sauf celles des 4 et 5 juillet qui ont lieu à l’Espace
cosmopolis. À 20 h 30, entrée libre.
Rens.➜Muséum d’histoire naturelle de Nantes, tél. 02 40 99 26 20,
www.museum.nantes.fr
Muséum d’histoire naturelle de Nantes
■Appel à projets
Création d’entreprise
■ Initié en 2000 pour donner l’envie aux jeunes diplômés de se
lancer dans la création d’entreprise, le concours des Cré’Act de
Bretagne confirme d’année en année son succès et son impact
positif sur les jeunes générations. La date limite d’inscription de la 7e édition est fixée
au 30 juin 2006.
Rens.➜www.cre-act.com
DR
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21 233/JUIN 2006
■Expositions
(4) IRD : Institut de recherche pour le développement.
(5) Lire l’article en page 8.
Jusqu’au 21 août/Mars,
exploration d’une planète
■ Nantes - Réalisée par la Ville de
Nantes - Muséum et Planétarium, le
laboratoire de planétologie et géodynamique
de l’université de Nantes et la
société d’astronomie de Nantes, cette
exposition vous emmène à la découverte
de la planète Mars.
Rens.➜Muséum d’histoire naturelle
de Nantes, tél. 02 40 99 26 20,
www.museum.nantes.fr
Jusqu’au 27 août/
À la poursuite des monstres
marins
■ Cherbourg - Dans cette exposition
spectacle, le grand voyageur Indiana
Kraken mène l’enquête dans le ventre
d’une baudroie géante... Il entraîne les
visiteurs dans l’aventure, au coeur des
océans, à la poursuite des dragons
fantastiques, sirènes et autres
poulpes. Le spectacle a été conçu avec
le Musée vivant du roman d’aventures et
Pierre Lagrange, sociologue spécialiste
desmythologies scientifiques.
Rens.➜La Cité de la Mer,
tél. 02 33 20 26 26,
www.citedelamer.com
Jusqu’au au 3 septembre/
Sommeil
■ Laval - Le
sommeil représente
un tiers
de notre vie !
Cette exposition
interactive
s’intéresse à
ce sujet de
santé publique
à travers des
thèmes variés
tels les différents modes de couchage,
la gestion du sommeil... Des animations,
pour répondre aux diverses questions
sur ce phénomène, se déroulent
dans une atmosphère douillette. Un
miniparcours ludique destiné aux toutpetits
(3-6 ans) leur inculque les notions
simples du sommeil.
Rens.➜Musée des sciences,
tél. 02 43 49 47 81,
http://membres.lycos.fr/ccstidelaval
Jusqu’en octobre/
L’arbre, la haie, les hommes
■ Rennes - Des chênes émondés (ou
“ragosses”) aux haies, en passant par
les différentes essences traditionnelles
du bassin de
Rennes, leurs
qualités et
leurs usages,
cette exposition
retrace
l’histoire du
bocage hautbreton.
Objets
et pratiques anciennes associées y sont
également présentés.
Rens.➜Écomusée du Pays de Rennes,
tél. 02 99 51 38 15,
www.ecomusee-rennes-metropole.fr
Jusqu’en mars 2007/
Fabuleux monstresmarins
■ Brest - Laissez-vous charmer par le
chant des sirènes à travers une exposition
mélangeant le mythe et la science,
répartie en trois thèmes sur trois sites
différents “le bestiaire
fabuleux” sous le
chapiteau, “les
baleines gigantesques”
dans
le forum, “les
sirènes” dans le
pavillon tempéré
au niveau 1. Différentes
thématiques seront également développées
à travers des conférences, ou
encore le festival du film de l’aventure
océanographique.
Rens.➜Océanopolis,
tél. 02 98 34 40 40,
www.oceanopolis.com
Jusqu’à fin 2007/
“Grand-père raconte-moi
la pêche...”
■ Le Guilvinec
(29) - La nouvelle
exposition proposée
par l’espace
découverte de la
pêche en mer,
Haliotika, retrace
l’évolution du
métier de pêcheur
ou 50 ans d’aventure
humaine. Les
évolutions techniques et commerciales
mais également les perspectives
d’avenir sont abordées au travers des
films, objets...
Rens.➜Philippe Gredat,
tél. 02 98 58 28 38,
www.leguilvinec.com
25 juin/Fête du Soleil
■ Rennes - Pour la 5e édition de la fête du Soleil, la Société
astronomique de Rennes vous propose des expositions, des
diaporamas, des observations du Soleil, un jeu-concours et la
fabrication de cadrans solaires. De 14 à 18 h au parc de Beauregard. Entrée libre.
Rens.➜www.astro-rennes.com
2 juillet/Jouets buissonniers du bocage
■ Rennes - Réalisation de jouets avec des matériaux naturels : bois, feuille,
graine... et atelier de réalisation de manches d’outils. Animations musicales :
lesmatériaux verts chantent grâce à Jean-Yves Bardoul. Pour tout public.
3 septembre/Tout savoir sur l’abeille, la ruche et le miel
■ Rennes - Pour répondre à toutes les questions que vous vous posez sur les
abeilles et le miel, desmatériels apicoles, des ruches d’observation, des films
ont été réalisés avec des apiculteurs professionnels.
Rens.➜Écomusée du Pays de Rennes, tél. 02 99 51 38 15,
www.ecomusee-rennes-metropole.fr
■Sorties
■Internet
Jusqu’au 6 juillet/Campagne océanographique
■ Brest - Menée par l’IRD(4) à bord de l’Atalante dans le golfe de Guinée, la nouvelle
campagne océanographique Égée 3 traque la mousson, un déterminant des
conditions climatiques en Afrique de l’Ouest(5). À suivre en direct.
www.brest.ird.fr
DR
DR
DR
DR
DR
Florence Delage - Rémi/Zazimut
Sciences Ouest 233 13/06/06 15:18 Page 21

22 233/JUIN 2006
P.9/17 Speaking, reading, writing, all actions
which come naturally to us and which we
can do without thinking once we have
learned them. And yet it is a momentous
moment in a child’s development when he
starts to communicate with those close to
him, first with a gesture or an expressive
sound, later with words and phrases he
forms himself. Another extraordinary time
comes when he is given the keys to reading
and writing.
This feature explains how the acquisition of
oral and written language, being studied at
Rennes 2 University and at the UBO, does
not rely simply on the recognition of
letters, words or phrases, but is a far richer
experience, which each person builds by
interacting with his environment. It is for
this reason that these mechanisms are
being studied not only by developmental
psychologists and linguists, but also by
biologists specialising in ethology. For
language is not the sole province of Man
and it is by studying the behaviour of
animals in communication situations (the
singing of starlings at Rennes 1 University),
that scientists are discovering certain
similarities with the development of
human language. The collaboration
between human and biological sciences
and medicine is also being given concrete
expression in Brittany with the creation of a
Groupement d’intérêt scientifique (Association
for developing scientific interests) (see
page 12).
Understanding the mechanics of language
acquisition will also enable we humans,
not a little proud of our ability to talk, to
learn how to talk to machines! A computer
developed by a PhD student at the UBS in
Lorient can speak a phrase which a pupil
types in with any Breton accent. Another
server recently brought into service at
France Télécom can understand a request
expressed based on the full sentence, not
just a single key word. A whole programme,
then... but the art of metaphor... that’s still
just for humans! ■
These abstracts in English are sent to foreign universities that have links with Brittany and to the Scientific Advisers in
French Embassies, in an effort to widen the availability of scientific and technical information and promote the research
carried out in Brittany. If you would like to receive these abstracts on a regular basis, with a copy of the corresponding issue
of Sciences Ouest, please contact Nathalie Blanc, Editor, fax +33 2 23 40 66 41, E-mail: nathalie.blanc@espace-sciences.org
Brittany Regional Council
is providing financial backing
for this service.
Research and innovation in Brittany
Abstracts for the international issue
June 2006 ■ N°233
CLOSE-UP - LABORATORY P.8
Understanding the African
monsoon
Monsoons are not confined to Asia.
To achieve a better understanding of
this complex physical phenomenon in
West Africa, the Institut de recherche pour
le développement (IRD) (Institute for
Development Research) in Brittany has just
launched its third oceanographic campaign
(Egée 3) in the Gulf of Guinea, aiming to
collect a maximum number of parameters
to build models of “ocean-atmosphere-
Earth” exchanges, and improve
predictions. The societal impact on the
local populations is very severe, especially
in the Sahel where the monsoon is the sole
rainy period in the year and all water
resources, as well as plants, depend on
it. And yet scientists still do not really
understand the general phenomenon.
The campaign has its own website, so the
public can follow the day-today progress
of the project and get the opportunity to
send questions to the thirty scientists on
board. ■
Feature
Language, reading,writing:
how do we acquire them?
CLOSE-UP - NEWS P.6/7
Young people talking, quite simply, about science
For three days in Rennes, over 150 teaching assistants, second-year PhD students studying
at the Centre d’initiation à l’enseignement supérieur (CIES) (Centre for training higher education
lecturers), came from the four corners of Western France to discuss their research with a
wider audience. By creating a poster, they learned how to make their knowledge more
accessible in an entertaining manner: choosing the words and images and taking a step
back from their work. Catherine Helm, studying climatology at Crétacé adds: “you have to
put yourself in the public’s shoes, (.... and organise your ideas carefully”. Pierre Dugué is working
on the auditory system at Inserm. “At conferences, scientific posters are packed with formulas and
results. The aim here is to raise public awareness of the type of questions we are looking at”.
The teaching assistants split into twelve groups and selected the best poster from each
group. The twelve winners then took part in a final selection process: they had five minutes
to give a slide presentation on their research to the whole gathering. A panel of
professionals from the worlds of education, research and scientific culture chose one
winner; the panel of teaching assistants chose two.
Professional panel prize. Coralie Berteloite - PhD student in astrochemistry in a Rennes 1
University laboratory, Coralie Berteloitte is working on how molecules are formed in the
interstellar environment.
Teaching assistant panel prize. Anne-Leïla Meistertzheim - Her thesis is on ecophysiology
and population genetics at the University of Western Brittany in Brest and she is working
on the Pacific oyster, currently colonising the western Atlantic coast and the Channel.
Roselyne Quéméner - PhD student at the Sorbonne and teaching at Rennes 2 University,
she is working on the emergence of a new film genre “epistolary cinema” or “letter films”,
for which she has built her own research environment, even down to the vocabulary. ■
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