La science de la musique

N° 254 - Publié le 10 décembre 2014
© Nicolas Guillas
La vibration de l’air dans une flûte traversière est l’un des sujets qui intéressent le musicologue.

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Plus qu’un art, la musique est un sujet d’étude pour les musicologues. Ces scientifiques lisent entre les portées.

La musique, on connaît. La musicologie, par contre, est moins répandue. Et pour cause, c’est une science à part entière. Elle requiert des connaissances et du travail. « La musicologie étudie la musique de façon neutre, sans appréciation qualitative, explique Bruno Bossis, maître de conférences à l’Université Rennes2. Elle observe les œuvres comme un astrophysicien observerait une pierre lunaire. » D’ailleurs, les musicologues ont des intérêts communs avec leurs collègues physiciens. L’acoustique, par exemple. Dimension spectrale, partiels harmoniques ou non, morphologie... ces paramètres techniques semblent bien loin des partitions musicales.

Les instruments aussi intéressent le musicologue, « la vibration de l’air dans une flûte traversière, par exemple. Mieux maîtrisés, ces aspects peuvent influencer la composition, mais aussi entrer en jeu lors des concerts, grâce aux dispositifs électroniques, ajoute le spécialiste en musiques électroacoustiques. On peut augmenter en direct les possibilités d’une flûte, lui faire jouer des notes hors de sa tessiture, ou bien changer sa sonorité pendant quelques mesures... »

Mais surtout, la musicologie étudie d’autres aspects, moins techniques, qui touchent plus à l’esthétique. Actuellement, Bruno Bossis analyse les relations entre les ruptures technologiques et esthétiques. « Par exemple, il y a eu une rupture nette avec l’apparition du numérique. Utilisée par les musiciens, cette technologie augmente le champ des possibles en création. Mais, pour autant, un nouveau courant esthétique est-il né de ces utilisations ? La réponse n’est pas évidente. »

Une certaine vision du monde

Et si Bruno Bossis pratique la musique en privé, la répartition des rôles est claire. « Un scientifique ne peut pas être un artiste sur son sujet d’étude, c’est contradictoire. La science est une observation des phénomènes qui impose une certaine rigueur. Réciproquement, l’art suppose une vision intime et poétique du monde. Pourtant, les deux points de vue s’enrichissent mutuellement. »

Des partitions à main levée

L’équipe de Bruno Bossis travaille également avec l’Irisa sur Callimusic, un logiciel qui permet d’écrire des partitions à main levée, sur un Tablet PC. Les notes sont retranscrites en direct sur l’ordinateur, puis jouées par la machine. « Ces échanges sont indispensables, précise Éric Anquetil, de l’équipe Imadoc(1), les musiciens nous ont appris comment ils forment les notes, leur façon d’écrire la musique. Il faut adapter son vocabulaire également. C’est très enrichissant. » Le logiciel est aujourd’hui entre les mains de l’entreprise Évodia.

Éric Anquetil
Tél. 02 99 84 72 38
eric.anquetil@irisa.fr
Céline DUGUEY

(1)Interprétation et reconnaissance d’images et de documents, équipe de recherche de l’Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires.

Bruno Bossis
Tél. 02 99 14 20 02
bruno.bossis [at] uhb.fr (bruno[dot]bossis[at]uhb[dot]fr)

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