La science ne se fait pas qu’avec les idées des scientifiques

Portrait

N° 257 - Publié le 28 novembre 2014
© Michèle Le Goff
L'épreuve par 7
Sylvain Michel

OCÉANOGRAPHE à l’Ifremer

Magazine

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Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

Il m’est arrivé de me poser la question car je n’ai pas encore de poste de chercheur. Si je n’en décroche pas, je pourrais travailler comme ingénieur dans un laboratoire de recherche ou un bureau d’études. Si je n’avais pas mis les pieds dans le domaine scientifique, je me serais bien vu moniteur de plongée, au contact du milieu marin.

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

J’ai réalisé que ce n’est pas évident de communiquer sur ses recherches, y compris pour les chercheurs les plus expérimentés. D’un point de vue personnel, je pense avoir trouvé un équilibre entre mon travail et ma vie de famille. J’arrive à concilier les deux. J’ai la chance de pouvoir passer du temps avec mes enfants et d’exercer un métier qui me passionne.

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

Oui, il y a toujours des coïncidences dans une carrière. C’est au hasard que je dois ma première expérience professionnelle, ici, à l’Ifremer. Un poste s’est libéré alors que je terminais mon DEA. C’est là que j’ai pris goût à la recherche scientifique et cela m’a donné envie de faire une thèse.

Qu’avez-vous perdu ?

Aujourd’hui, je n’ai rien perdu d’important, même pas mon temps ! Sinon j’ai perdu un peu de ma naïveté, au cours de ma courte carrière.
J’ai compris qu’il ne suffit pas d’avoir des idées et de travailler pour les développer, il faut qu’elles arrivent au bon moment, notamment pour trouver des financements. La science ne se fait pas qu’avec les idées des scientifiques, elle est soumise aux volontés politiques et à des impératifs financiers.

Que faudrait-il mieux ne pas trouver ?

Ce qui serait catastrophique, ce serait de trouver une autre source d’énergie fossile, susceptible de perturber encore plus l’équilibre de la nature et de changer davantage l’environnement climatique. Il y a des prospections en cours sur les hydrates de méthane, par exemple. Mais les exploiter sans suivre les recommandations des géophysiciens pourrait représenter un risque pour les écosystèmes profonds et une nouvelle source de gaz à effet de serre.

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

La découverte d’une source d’énergie durable dans l’océan,qui ne soit pas polluante, qui respecte l’environnement et soit accessible pour toutes les populations, pas seulement pour les pays les plus industrialisés. Je pense aux énergies marines dont le développement est balbutiant (vagues, marées, courants marins, éoliennes en mer…). La mise au point de technologies suffisamment bon marché permettrait de les exploiter et de renoncer aux hydrocarbures pour de bon.

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

Je n’ai pas trop de doutes sur la rationalité des scientifiques, mais plus sur celle des dirigeants politiques, notamment s’ils décidaient d’abandonner la recherche fondamentale pour se consacrer exclusivement à la recherche appliquée, avec un souci de rentabilité immédiate, sans se préoccuper des conséquences à plus long terme.

Le postdoctorant interviewé face à la mer sur le site de Plouzané, où il travaille, par Michèle Le Goff.

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