20 capteurs sur la languette

N° 258 - Publié le 28 novembre 2014
© Chloé Delumeau
L’analyse en continu, au fil de l’eau, permettra de suivre l’évolution d’une substance dans une rivière en évitant qu’un technicien se déplace pour effectuer les prélèvements.

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Rien n’échappe à cette petite languette. Sa fiabilité de détection s’applique aussi bien à la santé qu’à l’environnement.

À première vue, rien de sensationnel : une languette de quelques centimètres dotée de circuits imprimés lisibles par un boîtier, lui-même connectable à un ordinateur. Pour voir l’innovation, il faut se rapprocher. Contrairement aux capteurs habituels, qui ne possèdent qu’une seule zone sensible pour détecter un élément, la languette développée par Sens-Innov comporte vingt zones de détection qui vont relever vingt informations différentes. « Impossible de se tromper !, explique Olivier Lavastre, chimiste à l’Université de Rennes1(1). L’élément recherché est cerné. En plus, chaque languette est à usage unique. Elle ne risque pas de s’altérer au fil du temps, comme c’est parfois le cas avec les détecteurs classiques. »

Doser l’insuline des diabétiques

Après un an d’étude de faisabilité en laboratoire, le dépôt d’un brevet et la fabrication de trois prototypes, les capteurs rennais sont prêts à partir à l’assaut du marché. Olivier Lavastre, à l’origine de l’aventure avec Didier Floner et Florence Geneste, précise : « Le diagnostic rapide et fiable intéresse tout le monde, que ce soit les professionnels pour des analyses de l’eau ou les particuliers avec le dosage de l’insuline chez les diabétiques. » Les capteurs peuvent s’attaquer à tout ce qui est actuellement détectable électrochimiquement : le plomb, le cuivre, le fer, le chrome et le nickel..., mais aussi à des molécules organiques, telles que les pesticides.

Des analyses écologiques

Les applications concernent l’environnement (analyses dans l’eau et l’air), l’industrie (qualité des aliments, analyse de rejets), les douanes, les fraudes et bien sûr le domaine de la santé. « Pour la santé, nous avons travaillé sur des capteurs plus petits, capables de traiter des échantillons de très faibles volumes. »
Les préoccupations de la jeune société ne s’arrêtent pas là : des coproduits de réaction naturels et respectueux de l’environnement sont systématiquement recherchés, comme le vinaigre pour détecter le plomb. Le recyclage de la languette à usage unique est aussi à l’étude. Enfin, les scientifiques planchent sur l’analyse en continu. Par exemple, pour suivre l’évolution d’une substance dans une rivière en évitant qu’un technicien soit sollicité pour effectuer les prélèvements. Lauréate de trois concours en 2008(2), Sens-Innov n’en finit pas d’innover. 

Nathalie BLANC

(1)Équipe catalyse et organométallique de l’UMR Sciences chimiques de Rennes (CNRS, Université de Rennes1, ENSCR, Insa).
(2)Oséo ; Créacc ; réseau entreprendre.

Olivier Lavastre
Tél. 02 23 23 56 30
olivier.lavastre [at] univ-rennes1.fr (olivier[dot]lavastre[at]univ-rennes1[dot]fr)

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