L’océan Austral tourbillonne

N° 263 - Publié le 17 novembre 2014
© Bonus-GoodHope
La couverture nuageuse a été mesurée toutes les cinq minutes, par une caméra protégée par un dôme, pour mieux comprendre les échanges de chaleur entre l’océan et l’atmosphère.

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L’océan Austral est un océan à part. La campagne océanographique menée en 2008 révèle toute sa complexité.

La circulation océanique mondiale dépend de l’océan Austral : il connecte tous les océans entre eux. Et on y trouve les courants les plus puissants du monde ! Entraînés par les vents d’ouest des 40es rugissants et 50es hurlants, les courants circumpolaires ne rencontrent aucune terre pour les ralentir. Jusqu’ici peu étudié, du fait de son éloignement et de ses conditions climatiques(1), cet océan qui encercle l’Antarctique est devenu le centre d’intérêt de la campagne Bonus-GoodHope, lancée en 2008 à l’occasion de l’Année polaire internationale. Soixante-cinq scientifiques de plusieurs nations ont embarqué, de février à mars, à bord du Marion Dufresne.

De la surface jusqu’au fond

Pour la première fois, l’océan a été observé de la surface jusqu’au fond en mesurant un grand nombre – le plus grand jusqu’à aujourd’hui ! – de variables physiques, géochimiques et biogéochimiques, et cela depuis la pointe de l’Afrique jusqu’au continent Antarctique. Sabrina Speich, chercheuse au Laboratoire de physique des océans(2) à l’Université de Bretagne occidentale et chef de la mission, explique le choix de la zone de recherches : « Ce parcours permet de traverser la zone d’échanges entre les océans Atlantique et Austral, mais aussi les arrivées d’eaux chaudes de l’océan Indien vers l’Atlantique. »

En plus de ces travaux sur les courants océaniques, la campagne Bonus-GoodHope a permis de rapporter des données sur l’atmosphère et les cycles géochimiques et biogéochimiques, comme celui du carbone. Pour aborder la complexité de cet océan.
« Contrairement à l’Atlantique Nord, où la circulation se fait sous forme e grands courants comme le Gulf Stream, l’océan Austral est très dynamique et turbulent, plein de petits tourbillons, souligne Sabrina Speich. Il est donc difficile de l’aborder de façon globale, avec les outils de modélisation classiques. Leur faible résolution ne suffit pas pour décrire les échanges de chaleur ou de carbone avec l’atmosphère qui se font au niveau de ces tourbillons. »
Le navire océanographique Marion Dufresne affronte les vagues de l’océan Austral entre les 40es rugissants et les 50es hurlants. 
© Institut polaire Paul-Émile-Victor

Des mesures régulières

Bonus-GoodHope ne sera pas la dernière campagne. Une équipe russe compte se rendre dans la même zone d’étude pour effectuer des mesures en 2009. Les chercheurs s’organisent actuellement au niveau mondial(3) pour programmer des campagnes régulières et mettre en place des outils de mesure qui resteraient sur place en permanence. Ils espèrent ainsi disposer non plus de photos de l’océan à un instant donné, mais de séries temporelles permettant de connaître les variations saisonnières et interannuelles de l’océan Austral, comme dans l’Atlantique Nord.

Alice VETTORETTI

(1)Depuis 2004, quelques missions océanographiques avaient permis de commencer à étudier cette zone dans le cadre du programme international GoodHope Clivar (Climate Variability and Predictability).
(2)Unité mixte de recherche CNRS/Ifremer/IRD/UBO.
(3)Au sein du Soos : Southern Ocean Observing System.

Sabrina Speich
Tél. 02 98 01 65 11
sabrina.speich [at] univ-brest.fr (sabrina[dot]speich[at]univ-brest[dot]fr)

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