J’aime bien les challenges. C’est mon côté sportif !

Portrait

N° 265 - Publié le 7 novembre 2014
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L'épreuve par 7
Anne Renault

Directrice de l’Institut de physique de Rennes (IPR)

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Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

Professeur d’EPS(1) ! J’ai mené de front mes études scientifiques et du sport en compétition. Athlétisme et natation d’abord, puis des sports collectifs.
J’ai été entraîneur en volley-ball de haut niveau chez les jeunes puis les seniors pendant dix ans. J’étais déjà au CNRS à cette époque, et il a fallu choisir. De mes deux passions, j’ai choisi la recherche sans regret !

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

J’ai été absente presque un mois du laboratoire et, depuis mon retour, je retrouve un milieu de la recherche qui se pose beaucoup de questions... Même si l’on est dans un secteur où l’on n’a pas trop à se plaindre, avec stabilité de l’emploi et des moyens, il y a quand même des problèmes.
Les gens sont plus inquiets sur leur avenir professionnel.

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

Oui, souvent ! Et il a toujours été couplé à la chance.
Si j’en suis là aujourd’hui, c’est notamment grâce à des rencontres qui changent le cours de la vie.
J’étais installée à Grenoble depuis vingt ans et je rencontrais souvent Hervé Cailleau, le directeur du GMCM (NDLR : laboratoire rennais Groupe matière condensée et matériaux) de l’époque. C’est suite à une discussion avec lui que je suis venue à Rennes
et que j’ai appris un nouveau métier : celui de directrice de laboratoire !

Qu’avez-vous perdu ?

Avec mes responsabilités actuelles, j’ai perdu mon métier d’origine et ma passion : la recherche pure. Mais je ne le regrette pas, cela fait partie de l’évolution de ma carrière. Et puis j’aime bien les challenges. C’est mon côté sportif !

Que faudrait-il mieux ne pas trouver ?

L’introuvable ! C’est-à-dire aller à l’échelle à laquelle on comprendrait tout de l’être humain. Il faut garder une part d’inconnu. On est tous différents et je pense que chacun a sa place, sa richesse. C’est grâce à toutes ces différences que l’on avance.

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

Le fait de trouver un moyen qui protège la nature pour qu’elle s’autorégule, sans l’aide de l’homme. Je pense à l’ormeau, qui fait actuellement l’objet d’élevages pour être réintroduit, à l’huître, qui a déjà été réimplantée sur la côte nord… C’est bien, mais ce serait tellement mieux de pouvoir protéger directement, en anticipant.

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

La vie ! Si elle était rationnelle, on connaîtrait tout du début à la fin, ce qui perdrait de son intérêt. De même en recherche, on est formé dans une culture rationnelle, mais les découvertes naissent aussi à des moments où on ne l’est pas forcément. Je pense qu’il faut savoir user de la rationalité, mais aussi s’en détacher.

Interrogée entre deux déplacements, un matin alors que le campus de Beaulieu est encore calme, par Nathalie Blanc.

(1)EPS : Éducation physique et sportive.

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