Les espèces, c’est dépassé !

N° 267 - Publié le 19 août 2014
© Espace des sciences
Quand l’arbre devient sphère
La sphère de parenté propose une représentation inédite, en 3D, de l’histoire de l’évolution.
Les espèces actuelles y sont placées au même niveau, sur la surface, reliée à un ancêtre commun unique au centre. Interactive, elle grossit perpétuellement, à mesure que de nouvelles espèces apparaissent et des informations sur les différentes étapes sont accessibles. Une vision à l’opposé de l’arbre traditionnel, où l’Homme trône à la cime et les branches inférieures sont figées. www.espace-sciences.org/enfants/, rubrique La sphère de parenté.

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Article “extrait” de la vidéo de la conférence de Pierre-Henri Gouyon, lors d’un Mardi de l’Espace des sciences.

Elles s’éteignent, elles se créent. Les espèces sont au cœur de la théorie de l’évolution. Mais Darwin n’y accordait pas une telle importance, dans l’Origine des espèces. « Il a descendu le concept d’espèces de son piédestal », expliquait Pierre-Henri Gouyon, professeur au Muséum national d’histoire naturelle. Participant au colloque rennais (lire p.11), le biologiste a remis en cause la notion d’espèces, dont il avait rappelé l’histoire à l’Espace des sciences, le 17 février 2009.

La diversité est à l’intérieur des espèces

Cette notion est un concept flou. Au 16e siècle, des plantes ou des animaux qui “se ressemblent plus entre eux qu’ils ne ressemblent aux autres” étaient considérés de la même espèce. Aujourd’hui, c’est un ensemble d’individus, qui peuvent potentiellement se reproduire entre eux. Et dont la descendance n’est pas stérile. Sauf que... « Dans les zoos, des tigres et des léopards font parfois des petits. Et les éleveurs vous diront que tous les mulets(1) ne sont pas stériles. » La frontière entre les espèces est-elle encore valide ?

© DR

« Pour Darwin, il y a une seule diversité. C’est une idée que nous n’avons pas encore absorbée. » La diversité est à l’intérieur même des espèces. Elle se transmet par l’hérédité. Et c’est là que s’exerce la sélection naturelle. « Mais cela pose un problème moral, car nous n’avons aucune influence sur l’hérédité ! Quoique nous fassions au cours de notre vie, en bien ou en mal, nous transmettrons les mêmes caractères biologiques. » Notre seule influence est le nombre de descendants. Plus il y en a, plus de caractères différents seront sauvegardés : c’est la sélection naturelle des caractères !

Dans l’urgence écologique actuelle, cette nuance a son importance. Car ce qui découle des travaux de Darwin, c’est que la méthode de l’arche de Noé (mettre un couple de chaque espèce à l’abri) ne suffira pas, aujourd’hui, pour sauver la biodiversité !

Céline Duguey

(1) Le mulet naît du croisement entre un âne et une jument.

Visionnez la vidéo de la conférence de Pierre-Henri Gouyon en ligne à l’adresse : www.espace-sciences.org/conferences

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