Une histoire de cœur renno-nantaise

Actualité

N° 269 - Publié le 18 août 2014
© Institut du thorax
Pose d’une valve cardiaque artificielle pendant une opération à cœur ouvert.

La mort subite chez l’adulte mieux comprise grâce à cette collaboration.

Des résultats importants ont récemment été publiés sur un dysfonctionnement cardiaque : le syndrome de repolarisation précoce, déjà décrit par une équipe de Bordeaux comme origine possible de mort subite chez l’adulte. Grâce à une collaboration étroite, des chercheurs rennais et nantais ont identifié le syndrome chez une famille et l’anomalie a pu être localisée sur le chromosome 19. Un travail collaboratif exemplaire où il a fallu articuler cardiologie, génétique, traitement de données et même généalogie et qui vient compléter celui d’une équipe de Bordeaux, qui avait décrit ce syndrome comme origine possible de mort subite chez l’adulte.

Cet exemple illustre bien que « le rapprochement entre l’Institut du thorax de Nantes et le service de cardiologie et maladies vasculaires de Rennes n’est pas suscité par les politiques », précise en souriant le professeur rennais Philippe Mabo. En avril, les deux structures avaient même fait un courrier commun à leurs organismes de tutelles(1) et aux présidents des deux Régions pour qu’ils soutiennent officiellement leur volonté de se regrouper. Mais pourquoi vouloir un tel regroupement interrégional alors que les collaborations sont déjà bien établies, que de nombreuses publications se font en commun, que le cursus est interrégional, que les médecins vont déjà de l’une à l’autre des deux structures... « Parce que nous n’avons pas la masse critique pour être parfaitement visibles aux niveaux européen et international », explique le professeur Hervé Le Marec, directeur de l’Institut du thorax.

Une masse critique

Chaque entité est reconnue internationalement dans son domaine d’excellence. L’Institut du thorax regroupe près de 150 chercheurs. « Nous faisons de la recherche préclinique sur les gènes impliqués dans les dysfonctionnements cardio-vasculaires. » Le département de cardiologie rennais, dirigé par Philippe Mabo, s’est spécialisé dans le développement et l’évaluation de prothèses et de matériel lié aux arythmies, appuyé par le Laboratoire de traitement du signal (LTSI) de l’Université de Rennes1 et un partenaire industriel historique Ela Medical-Sorin. C’est aussi à Rennes qu’est basé le Centre d’investigation clinique (CIC-IT(2)) spécialisé dans les prothèses implantables en cardiologie. Le CIC gère des biocollections qui servent à de nombreux chercheurs en cardiologie des CHU du grand Ouest.

« Mais c’est insuffisant pour être vu de l’Europe, innover, répondre aux appels à projets internationaux. Beaucoup comportent de la génétique et du biomédical. C’est pourquoi une association entre Rennes et Nantes sera profitable aux deux structures. On ne gagnerait rien à s’associer avec un service qui fait la même chose que nous. La plus-value que nous nous apportons tient à nos compétences différentes et complémentaires », plaide Philippe Mabo. Pour le professeur Le Marec, il faudra bien qu’un jour les financements ne dépendent que de l’excellence des équipes et pas de leur localisation ni de leur tutelle. 

Christelle Garreau

(1) L’Inserm, le CNRS, les CHU et les universités.
(2) Il existe en France huit CIC-IT : Centre d’investigation clinique-Innovation technologique, chacun sur une thématique différente.

Philippe Mabo, Tél. 02 99 28 25 09
philippe.mabo [at] chu-rennes.fr (philippe[dot]mabo[at]chu-rennes[dot]fr)

Hervé Le Marec, Tél. 02 40 16 50 08
herve.lemarec [at] chu-nantes.fr (herve[dot]lemarec[at]chu-nantes[dot]fr)

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