Ce que j’aime faire, c’est additionner des compétences pour créer de l’harmonie. Un peu comme un chef d’orchestre !

Portrait

N° 273 - Publié le 29 juillet 2014
© Nathalie Blanc
L'épreuve par 7
Jacques Lucas

Chimiste

Magazine

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Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

Probablement médecin. Ou alors chef d’entreprise. En fait, j’étais ouvert à tout métier où il est possible de conjuguer rigueur et relationnel. Ce que j’aime faire, c’est additionner des compétences pour créer de l’harmonie. Un peu comme un chef d’orchestre !

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

Le plaisir d’avoir créé quelque chose : de la matière que personne n’avait jamais trouvée. Les émotions que cela procure sont vraiment proches de celles éprouvées lors d’une naissance ! Pour cela, le milieu de la recherche est un terrain de jeu formidable.

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

Il est permanent en science. Mais encore faut-il savoir le provoquer. Il résulte d’une suite d’événements qu’il faut savoir observer et qui deviennent ensuite des objets d’éveil. Ceci est d’autant plus vrai en chimie : après 40 ans d’expérience, on ne sait jamais ce que l’on va trouver en ouvrant un tube scellé.

Qu’avez-vous perdu ?

Beaucoup de matchs de tennis ! Mais cela m’a apporté des leçons d’humilité extraordinaires.
C’est une discipline qui, par certains côtés, se rapproche du travail de chercheur : il ne faut jamais abandonner !

Que faudrait-il mieux ne pas trouver ?

Quelque chose qui nous laisserait au milieu du chemin. Dans mon domaine, ce serait un verre purement événementiel, c’est-à-dire qui n’aurait pas d’applications concrètes. On en trouve bien sûr, mais il ne faudrait surtout pas trouver que ça. Les découvertes doivent intéresser la communauté la plus large possible. La recherche ne supporte pas l’autosatisfaction, ni la médiocrité.

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

Une découverte en médecine, qui serait plus tournée vers l’humain que ce que j’ai pu faire dans mon laboratoire sur les matériaux. Je pense que contribuer à sauver des vies doit apporter encore plus de gratifications.

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

Pas la religion. Je suis athée et je n’ai aucun état d’âme de ce côté. Se retrouver face à l’irrationnel peut faire peur. Mais arrivera-t-on un jour à expliquer l’irrationalité ? Je ne pense pas. On perdrait notre âme.

Membre de l’Académie des sciences, jeune président de l’Espace des sciences et parrain de l’édition 2010 du Prix Bretagne jeune chercheur(1), il s’est prêté très naturellement au jeu des questions posées par Nathalie Blanc.

(1) Lire le dossier p. 8 à 18 de ce numéro.

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