Que restera-t-il du maërl ?

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N° 277 - Publié le 11 juillet 2014
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Des biologistes cherchent à comprendre comment l’extraction industrielle du maërl perturbe l’écosystème environnant.

En mars 2011, l’exploitation industrielle du maërl sera définitivement stoppée aux Glénan (29). Une bonne nouvelle pour ces algues calcaires rouges, qui s’accumulent sur quelques centimètres ou plusieurs mètres d’épaisseur au large des côtes bretonnes, et forment d’immenses bancs. Quel aura été l’impact de cette exploitation ? C’est ce que veulent savoir Olivier Gauthier et Jacques Graal, biologistes à l’IUEM(1), à partir de données recueillies en 2003 autour de l’archipel des Glénan. « Autour du point d’extraction, on observe sur trois kilomètres une zone influencée par ces perturbations, explique Olivier Gauthier, qui a présenté ces recherches lors du colloque Isobay, à Brest, du 3 au 6 mai dernier. La faune y est très hétérogène mais moins dense et moins riche. On retrouve des prédateurs, des espèces opportunistes, car les proies sont moins nombreuses, mais plus faciles. »

Changements d’échelle

Pour comprendre cette variation de la faune dans l’espace, le biologiste s’appuie sur une nouvelle méthode d’analyse de données spatiales. « Je peux mesurer ces variations sur quelques dizaines de mètres comme à grande échelle, sur plusieurs kilomètres. Et dégager l’effet de plusieurs paramètres, comme l’accumulation de sable sur les bancs provoquée par les bateaux, ou la distance au point d’extraction qui explique à elle seule 10% des variations. »

Depuis l’Antiquité, le maërl est utilisé comme source de calcaire, pour fertiliser les sols. Et depuis les années 50, il enrichit la nourriture du bétail et entre dans la composition de produits pharmaceutiques ou cosmétiques. Les bancs bretons, parmi les plus importants d’Europe, sont une source majeure. Pourtant ils sont un véritable nid à biodiversité ! Lorsqu’elles s’accumulent, les algues les plus enfouies échafaudent un dédale de microhabitats, dans lesquels les coquilles Saint-Jacques, les pétoncles ou encore les jeunes poissons peuvent se cacher de leurs prédateurs. Selon les études menées par le réseau scientifique Rebent(2), les bancs de maërl bretons abritent ainsi plus de 900 espèces d’invertébrés, et 150 espèces d’algues.

Retour à l’origine ?

Une telle étude de l’impact direct d’une activité industrielle n’est pas courante. 
Malheureusement, très peu de données ont été enregistrées avant la phase d’exploitation. Par contre, « il serait intéressant de continuer l’observation après l’arrêt de l’exploitation, pour voir si un retour à l’état d’origine est possible, ou si le milieu évolue différemment. » Olivier Gauthier et son collègue devraient publier leurs résultats d’ici à la fin de l’année. Ils seront sûrement attendus de pied ferme par ceux qui veulent protéger ces algues.

Olivier Gauthier
olivier.gauthier [at] univ-brest.fr (olivier[dot]gauthier[at]univ-brest[dot]fr)

(1) IUEM : Institut universitaire européen de la mer. (2) Réseau benthique.

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