Une pincée de sel dans l’océan

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N° 281 - Publié le 27 juin 2014
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Des chercheurs brestois analysent la salinité des océans à partir d’un satellite. Avec une précision inégalée !

Un dixième de pincée de sel. C’est la variation de salinité de la mer que parviennent à mesurer les chercheurs du Centre aval de traitement des données Smos (CATDS), inauguré à Brest le 15 octobre dernier. « Nous analysons les données brutes envoyées depuis l’espace par le satellite Smos, explique Nicolas Reul, responsable de la station pour l’Ifremer, pour en déduire le degré de salinité à la surface de la mer, avec une précision de 0,4 gramme par litre, sur 120km2 ! »

L’objectif final : atteindre la précision suprême de 0,1g/l sur 100km2. La performance ravirait les océanographes. Car sur notre planète, la salinité des eaux varie très peu : justement 0,1g/l en moyenne. Pourtant, ces infimes variations suffisent à modifier les courants, et ont, par conséquent, un impact sur notre climat. « Sur nos cartes, par exemple, nous pouvons voir le panache du fleuve Amazone qui déverse son eau douce dans l’Atlantique sur des milliers de kilomètres, et se disperse vers les Caraïbes et l’Afrique. Son ampleur dépend de la quantité de neige dans la cordillère des Andes et des précipitations dans la forêt amazonienne. En fait, c’est tout le cycle de l’eau douce dans l’océan que nous allons pouvoir étudier ! » Lancé il y a tout juste un an, Smos est le seul satellite au monde à fournir ces informations. « Il nous donne la température de brillance des océans, c’est-à-dire la quantité de radiations électro-magnétiques, issues du Soleil et des étoiles, renvoyées par l’eau. Elle dépend directement du taux de sel ! » Avant son lancement, les océanographes travaillaient uniquement à partir des mesures ponctuelles effectuées par des sondes en mer ou par des navires commerciaux équipés. Plus de 27% des océans étaient laissés de côté, comme les frontières avec la zone antarctique, point pourtant sensible pour le climat planétaire.

Au cœur du CATDS, né de l’union du centre d’expertise sur la salinité des océans et du supercalculateur Caparmor de l’Ifremer, les scientifiques vont poursuivre le développement de leurs algorithmes de calcul. « Pour l’instant, l’Agence spatiale européenne fournit des données au 1g/l, déduites instantanément des informations envoyées par Smos. Pour obtenir plus de précision, nous calculons des moyennes et nous intégrons des mesures réelles pour calibrer nos instruments. Ces résultats devraient être mis à disposition de la communauté scientifique d’ici à la fin de l’année. » En janvier 2011, la Nasa devrait lancer un second satellite de mesure de la salinité. Ces données supplémentaires permettront, qui sait, de repérer le moindre petit grain en plus...

Nicolas Reul
Tél. 02 98 22 44 10
nicolas.reul [at] ifremer.fr (nicolas[dot]reul[at]ifremer[dot]fr)

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