Une voiture sans conducteur

N° 282 - Publié le 25 juin 2014
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Autonome, le robot est capable d’éviter les piétons et de retrouver sa route ensuite. Il se dirige grâce à un logiciel qui analyse les images et les signaux radar envoyés par une caméra et un capteur fixés à l'avant.

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Elle avance toute seule et évite les obstacles. La voiture autonome des chercheurs rennais ne demande qu’à accélérer.

Elle est petite, électrique... et roule sans conducteur ! La voiture robot, sur laquelle travaillent les chercheurs de l’équipe rennaise Lagadic de l’Irisa(1), est capable d’avancer seule et, c’est préférable, d’éviter les obstacles ! « Elle est équipée, à l’avant, d’un capteur laser qui lui permet de repérer son environnement en 3D, à 180°, explique Andrea Cherubini, qui travaille sur le projet, en fonction du temps mis par le signal envoyé à revenir, elle peut repérer si un objet se trouve à proximité sur sa route, pour le contourner, ou s’arrêter si besoin. »

Garder un œil sur la route

Pour repérer sa route justement, elle utilise une caméra noir et blanc, placée elle aussi, à l’avant du capot. « Nous entrons des images clés, prises depuis la route, dans le logiciel qui la pilote. Ce sont des images qu’elle doit retrouver sur son parcours. » Au fur et à mesure que la voiture avance, le logiciel analyse chaque image filmée : angles, changements de lumière, éléments hauts... Il repère entre 30 et 100 points caractéristiques. Puis les compare aux images clés. Si elles sont décalées, la voiture va tourner jusqu’à ce qu’elles correspondent exactement. Et pour ne pas perdre le fil lorsqu’elle change d’itinéraire, pour contourner un piéton ou une voiture mal garée, la caméra pivote sur elle-même de façon à toujours garder un œil sur la route de départ...

Aide à la mobilité

Ces recherches font partie d’un projet qui regroupe plusieurs organismes de recherche et entreprises français, Cityvip, coordonné par un laboratoire de Clermont-Ferrand. « L’objectif est d’intégrer plusieurs nouvelles technologies d’aide à la conduite, pour montrer qu’il est possible d’utiliser ce genre de véhicule pour l’aide à la mobilité. Pour déplacer des personnes handicapées, par exemple. »

Une voiture responsable ?

Si tout se passe comme prévu, le prototype rennais devrait aller faire un petit tour à Paris, où se déroulera la démonstration du projet l’année prochaine. « Nous y travaillons avec l’entreprise niçoise Benomad. À partir des photographies de rues de l’IGN et des informations sur les bâtiments, elle recrée les voies virtuellement et nous pouvons y circuler. Cela nous permet d’acquérir les images clés du parcours sans avoir à nous déplacer à Paris. »

Ne rêvons pas trop, cependant, ces véhicules autonomes ne seront pas demain dans nos garages. « Dans vingt, trente ans peut-être », précise Andrea Cherubini. Car aujourd’hui, le robot n’avance pas beaucoup plus vite qu’un homme à pied. « Le traitement des images est la partie la plus complexe. Pour l’instant, nous sommes à 10 images par seconde. » Et surtout, l’aspect technologique ne décide pas tout. Il faut également que cette révolution soit acceptée sur le plan juridique. Que devient notre responsabilité civile, si la voiture conduit toute seule ?

Céline duguey

(1) Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires.

Andrea Cherubini
Tél. 02 99 84 74 32
ndrea.cherubini [at] irisa.fr (ndrea[dot]cherubini[at]irisa[dot]fr) 

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