Les spéculateurs se font du blé

N° 292 - Publié le 18 novembre 2011
© ENAHEM - KAHANA - AFP
Comme d'autres produits agricoles, le blé fait de plus en plus l'objet de spéculations...

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Comprendre - Aujourd’hui il est possible à tout un chacun de spéculer sur les produits agricoles. Ils sont rentrés dans l’économie de marché, c'est-à-dire une économie où les investisseurs sont tellement nombreux que chacun, à échelle individuelle, n’a pas d’incidence sur l’évolution des prix. Les premiers spéculateurs sont les agriculteurs.

Ils “parient” sur leurs récoltes à venir. Comme ils ne peuvent pas prévoir à quel prix seront vendues leurs denrées lors des récoltes, ils peuvent les vendre en avance, à un prix fixé, grâce aux contrats à terme. Si les prix baissent, l’agriculteur gagne, s’ils augmentent, c’est l’acheteur.

De nouveaux investisseurs

Jusqu’en 2000, ces marchés agricoles regroupaient surtout les personnes du secteur. Les meuniers, par exemple. Mais après l’explosion de la bulle Internet, beaucoup d’investisseurs se sont retournés vers des valeurs plus traditionnelles, notamment les céréales. Le nombre de spéculateurs augmentant, il est devenu de plus en plus difficile de prévoir les réactions du marché, et les banques sont devenues plus méfiantes. En contrepartie, les agriculteurs peuvent trouver plus facilement des acheteurs à terme. À l’Inra, les économistes étudient les conséquences de l’arrivée en masse de ces nouveaux investisseurs et l’équilibre entre ces deux effets. « À terme, il est probable que l’effet de liquidité l’emporte sur le manque de visibilité, explique Alexandre Gohin, donc c’est plutôt positif. Mais à court terme, ce dernier peut influer sur les décisions réelles des agriculteurs : la quantité à semer, la quantité d’engrais ou encore sur les investissements matériels qui s’étalent sur plusieurs années, car les contrats à long terme - au-delà de  18 mois - n’existent pas. »

Faut-il réguler ?

Début novembre, lors de la réunion du G20 à Cannes, les politiques devaient discuter de ces marchés. « La France veut réguler la spéculation, en limitant la contribution de ceux qui ne sont pas du secteur.  Mais beaucoup de pays y sont réticents, et de façon générale, si les spéculateurs sont souvent pris pour cible en période de crise, le système revient toujours en place, car il est impossible d’empêcher les gens de “jouer ”. »

Céline Duguey

Alexandre Gohin Tél. 02 23 48 54 06
Alexandre.Gohin [at] rennes.inra.fr (Alexandre[dot]Gohin[at]rennes[dot]inra[dot]fr)

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