Portraits

© MARYSE CHABALIER
Mélanie Davranche
Géochimiste
Elle vient d’être nommée membre junior à l’Institut universitaire de France pour une durée de cinq ans, ce qui lui permet de se consacrer davantage à la recherche.

« Je cherche si l’arsenic peut être transféré dans les eaux souterraines »

Mélanie Davranche est enseignant-chercheur en géosciences au sein de l’équipe Géochimie des eaux et des interfaces à l’Observatoire des sciences de l’Univers de Rennes.

Ma principale thématique de recherche est la contamination de l’eau de distribution par l’arsenic. C’est un problème majeur notamment au Bangladesh et au Pakistan. L’arsenic provient des roches, qui le libèrent lorsqu’elles s’altèrent. Il est naturellement repiégé par des oxydes de fer. Mais avec l’intensification du pompage et l’entrée de matière organique dans les nappes, des bactéries prolifèrent, entraînant la dissolution des oxydes, qui relâchent le polluant.

Pourtant, ce mécanisme n’explique pas tout. J’essaye de savoir si l’arsenic présent dans les sédiments déposés lors des crues peut être transféré dans les eaux souterraines, une hypothèse émise par une équipe américaine. Pour cela, il doit se lier à de grosses molécules de matière organique, peut-être par l’intermédiaire de particules de fer qui faciliteraient leur liaison. Pour vérifier cette hypothèse, je prélève des échantillons sur le terrain. Pas en Asie, mais dans des zones humides de Bretagne, où l’arsenic, la matière organique, le fer et les conditions physico-chimiques adéquates sont réunis !

Je fais aussi des mélanges au laboratoire et je regarde si les éléments se lient en faisant varier les paramètres. Les échantillons sont ensuite analysés dans les synchrotrons de Paris ou de Grenoble, où la nature des atomes voisins les uns des autres est révélée. J’utilise également l’imagerie à l’échelle nanométrique : les photos montrent l’emplacement de la matière organique, du fer et de l’arsenic. On s’aperçoit qu’ils se superposent ! Dernière technique utilisée, la modélisation géochimique de la matière organique, ce qui est novateur, car ces interactions sont complexes.

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Propos recueillis par
Maryse Chabalier

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