Les pêcheurs sont sur le pont

N° 305 - Publié le 9 janvier 2013
© Jacques Le Meur
Les pêcheurs artisans refusent les concessions de pêche transférables.

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Les pêcheurs français défendent à la fois leur survie et les particularités de l’organisation nationale des pêches.

La position générale des professionnels est portée par le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM). « La régionalisation est l’élément central de la philosophie qui doit guider nos choix, explique Hubert Carré, son directeur général. L’approche doit être conduite par pêcherie, dans le cadre de plans de gestion à long terme. Il faudra renforcer les comités consultatifs régionaux dans leurs relations avec les États et avec l’Union. Si le rendement maximal durable est un bon objectif à terme, la question réside dans la manière et les délais pour y parvenir. Certains stocks sont déjà à ce niveau, le cabillaud en mer Celtique, le hareng de la mer du Nord, la sole de la Manche Ouest et l’églefin de l’ouest de l’Écosse. Pour d’autres, il faudra se donner un peu plus de temps. 2020 paraît une échéance raisonnable. » Concernant les rejets, qu’il faudrait ramener à terre, la profession défend l’option de la sélectivité. « La réduction significative des rejets doit être envisagée dans le cadre de plans de gestion à long terme. »

Réduire les rejets

Ce sujet est illustré par François Théret, conseiller halieutique à l’armement Scapêche. « Dans notre pêche de grands fonds, le taux de rejet est de 20 %. Il est constitué aux deux tiers de mulet noir, espèce qui n’est pas en danger et qui n’a aucun intérêt car sa chair contient 90 % d’eau. Mais il y a aussi des rejets indésirables, environ 5 %, que nous cherchons à réduire, éventuellement par une valorisation. 20 % de rejet, c’est déjà excellent. Descendre à 15 % serait encore meilleur d’un point de vue scientifique. »

La question du renouvellement est posée par Olivier Le Nézet, président du Comité régional des pêches de Bretagne. « Le nouveau Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche(1) doit pouvoir financer des bateaux neufs, par exemple en subventionnant les jeunes en première installation. Tout en restant dans les mêmes capacités, la construction neuve apportera plus de sécurité, plus de confort et des économies d’énergie. »

Refus de la privatisation

L’éventuelle instauration des concessions de pêche transférables suscite le débat. « Ce régime présente plusieurs risques, comme la monétarisation et le transfert entre pays et par type de flottille, souligne Hubert Carré. Les quotas pourraient aussi être récupérés par des ONG ou des associations de plaisanciers, comme c’est le cas dans d’autres pays. Le risque de concentration est également important malgré les précautions avancées par la Commission. » « Je ne suis pas opposé à ces concessions qui présenteraient l’avantage d’entrer dans les actifs des armements, réplique Hervé Jeantet, directeur de l’armement Dhellemmes à Concarneau. Il se trouve tout simplement que le moment n’est pas encore venu et que le problème n’est pas posé avec les bons interlocuteurs. Un regret, parmi ceux qui donnent un avis négatif, nombreux n’ont pas d’entreprise et n’en auront jamais. » Cette opinion est cependant minoritaire en France.

Regroupés en organisations de producteurs

Les Organisations de producteurs (OP) jouent un rôle économique auprès de leurs adhérents pêcheurs, en prenant des initiatives pour faciliter la mise en marché. Elles gèrent particulièrement les prix de retrait qui couvrent les (rares) invendus. Elles ont aussi en charge la gestion des quotas.

« Notre statut nous confère une fonction communautaire, expliquent Jacques Pichon et Yves Foëzon, qui dirigent l’OP Pêcheurs de Bretagne. À ce titre, nous participons au comité consultatif des pêches de l’Union via l’Association européenne des organisations de producteurs. L’instauration de la codécision a compliqué notre intervention. Avant, il fallait essayer de faire passer nos avis auprès de la Commission et convaincre notre propre administration. Il faut désormais agir en plus auprès de la commission “pêche” du Parlement. Il existe des élus de bonne volonté, mais ils n’ont pas le droit à deux mandats consécutifs dans une commission donnée. »

Jacques Le Meur

(1)FEAMP.

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